Une rencontre des dirigeants du G5 Sahel s’est tenue, hier, à Nouakchott en marge des travaux du 31è sommet de l’Union africaine. Les chefs d’Etat du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, de la Mauritanie, Mohamed Abdel Aziz, du Burkina Faso, Rock Marc Christian Kaboré, du Niger, Mahamadou Issoufou et du Tchad, Idriss Deby Itno étaient réunis autour du président français, Emmanuel Macron pour débattre de l’actualité brûlante sécuritaire de cet espace très vaste.
Avant de prendre part à la réunion, le président Emmanuel Macron a brieffé la presse sur certains points inscrits à l’ordre du jour. Il a indiqué que l’objet de la rencontre était la priorité opérationnelle qui réunit les chefs d’Etat à la suite des deux attentats survenus au Mali en fin de semaine dernière. Le chef de l’Etat français a, tout d’abord, présenté ses condoléances au président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, au peuple malien et aux parents des victimes de ces attaques «barbares et odieuses».
Le président Macron a aussi assuré que la France et l’Europe sont et continueront d’être présentes aux côtés des pays membres du G5 Sahel et qu’elles ne menageront aucun effort pour apporter leurs financements afin de permettre une plus grande opérationnalisation de cette force. Il a, ce titre, rappelé que depuis le lancement de la Force conjointe du G5 Sahel à Bamako en juillet 2017, la France et ses collègues européens ont apporté leurs contributions financières. «La France, quant à elle, a apporté de façon bilatérale sa contribution sur le plan financier et en termes d’armements et nos collègues européens ont commencé à le faire et les premiers résultats sont perceptibles depuis le mois de mai dernier», a-t-il affirmé. «Et cela doit se poursuivre dans le temps. Car, les actions terroristes comme les dernières survenues la semaine dernière au Mali viennent nous le rappeler », a-t-il ajouté.
«Ce sont à chaque fois des citoyens africains qui sont touchés par les terroristes. Je réaffirme l’engagement ferme et entier de la France et de nos forces militaires à travers la Force Barkhane. Nous gagnerons cette bataille ensemble grâce à la coordination militaire qui sera renforcée», a souligné le président Macron, précisant que la bataille contre le terrorisme sera gagnée par le travail diplomatique qui vient en soutien aux opérations militaires sur le terrain. Ce travail diplomatique doit aboutir à des investissements socio-économiques et dans l’éducation comme l’avait souligné précédemment le président nigérien, Issoufou Mahamadou. Le président Issoufou avait également fait remarquer qu’il faut empêcher que la pauvreté ne devienne le terreau sur lequel se nourrissent les actions terroristes.
Abondant dans le même sens que le président nigérien, le chef de l’Etat français a indiqué qu’il fallait assécher les conditions de développement du terrorisme et des actes terroristes. «Notre souhait est d’éradiquer le terrorisme dans toute la région du Sahel, c’est tout le sens de cette rencontre de Nouakchott afin de venir en soutien aux armées des pays membres du G5 Sahel, de les former, de s’assurer d’une coordination efficiente pour contrer la menace terroriste», a souligné le président Macron.
L’hôte de la rencontre, le président mauritanien, Mohamed Abdel Aziz, a poursuivi en rappelant que ce qui s’est passé à Sévaré a touché l’essence de notre force conjointe, de notre existence. «C’est l’état-major de notre force conjointe qui vient d’être attaqué. Nous en discuterons pour prendre des mesures nécessaires et adéquates pour faire face à de pareilles situations», a relevé le président mauritanien.
Le président nigérien a rappelé que la réunion a été convoquée pour discuter de deux sujets cruciaux. Le premier porte sur l’opérationnalisation de la Force conjointe G5 Sahel et le second est relatif au programme d’investissements prioritaires que les chefs d’Etat des pays membres ont décidé de mettre en œuvre dans l’espace sahélien. Issoufou Mahamadou a également rappelé qu’il y a toujours un lien étroit entre les questions de sécurité et de développement économique. «Sur le plan sécuritaire, il s’agit de vaincre le terrorisme comme une solution à court terme. Mais, la solution à long terme est le développement socio-économique de nos différents pays. Nous allons examiner la lutte contre le terrorisme sous ces deux angles», a expliqué le président nigérien.
Cette rencontre du G5 Sahel à Nouakchott pourra davantage raffermir les liens de coopérations militaires pour les rendre plus étroits et étanches afin d’annihiler tous les efforts des terroristes.
Envoyés spéciaux
Moriba COULIBALY
Oumar DIOP
À LA RENCONTRE DE NOS COMPATRIOTES
Nos compatriotes vivant en Mauritanie ont réservé un accueil populaire et chaleureux au président Ibrahim Boubacar Keita dont ils ont scandé à gorge déployée les initiales “IBK”, particulièrement au niveau d’un rond point de Nouakchott, la capitale mauritanienne. Après ce bref intermède d’accueil populaire, les Maliens se sont transportés rapidement vers la salle de spectacles de l’Institut supérieur de la jeunesse et des sports qui a refusé du monde. En effet, ils sont sortis nombreux les Maliens pour écouter et surtout réaffirmer leur soutien indéfectible au chef de l’Etat et à ses actions en faveur du développement de notre pays. Là, la communauté malienne représente environ 73.000 personnes, dont 53.000 réfugiés ayant rejoint ce pays suite à la crise sécuritaire qu’a connue notre pays en 2012. L’ambassadeur Youba Ba a indiqué que l’élection présidentielle se préparait activement. Les 19.559 cartes d’électeur biométriques reçues sont en cours de distribution. Le président du conseil local des Maliens de Mauritanie, Issiaka Traoré, a pour sa part, énuméré les difficultés auxquelles sont confrontés nos compatriotes, la plus récurrente étant relative à la carte de séjour.
En réponse, le chef de l’Etat a rappelé que «le président mauritanien Mohamed Abdel Aziz est venu nous apporter son soutien à plusieurs reprises quand le Mali traversait des difficultés. Pour le président Keita, cet ami du Mali est au courant de tous les problèmes évoqués. «Personne n’est autant soucieux de vous comme moi. Je ne suis pas un politicien, ni celui un avide de pouvoir», a martelé le chef de l’Etat. Il a exhorté nos compatriotes à la patience et à laisser le temps au dialogue de résoudre à l’amiable les difficultés. Faisant référence à l’élection présidentielle, le président de la république a promis de s’investir pour que les élections se tiennent à date échue. «Il faut tout faire pour que l’élection présidentielle se tienne, s’il plaît au bon Dieu, le 29 juillet 2018. J’y veillerai, Inchallah !», a-t-il martelé. «Le Mali s’est préparé pour cette élection et le gouvernement est engagé pour assurer un vote transparent, fiable et apaisé. Il a exhorté tous les électeurs à retirer leurs cartes et à sortir massivement pour voter».
M. COULIBALY et
O. DIOP