Le samedi dernier, la communauté peulh a battu le pavé pour réclamer la sécurité et la protection de l’Etat contre des présumées exactions dont elle est victime. Mais, le hic qui fait tilt est qu’au même moment, un véhicule de patrouille des forces armées et de sécurité sautait sur un engin explosif. Le bilan est lourd : les 4 hommes à bord ont été tués, le véhicule qui les transportait a également été désintégré et des armes détruites. Sur le sujet, personne n’a attendu le moindre geste de compassion du doyen Aly Nouhoum Diallo. Tandis qu’à la veille de ce double événement, l’ancien président de l’Assemblée nationale, en vrai chef de bande, a fait économie de son devoir de neutralité pour appeler à l’union des peulhs contre ceux qu’ils considèrent comme des agresseurs de son « peuple ». L’appel a été lancé depuis une station privée de la place sans gêne en direction des frères peulhs du continent, notamment du Cameroun, du Nigéria, du Niger, etc. Sous d’autres cieux, il devrait s’expliquer devant le procureur de la République pour appel à la violence, en d’autres mots à la rébellion. Car, ces pays cités sont infestés par une organisation djihadiste : Boko Haram, dont des éléments ont même séjourné dans le septentrion aux côtés d’autres mouvements djihadistes, comme le MUJAO à dominance peulh et Ansar dine du sanguinaire Iyad Ag Ghali, que le patriarche connaît très bien pour avoir pratiqué pendant toute la décennie où Alpha Oumar Konaré était aux affaires. Est-il besoin de rappeler qu’Iyad a passé les dix ans du président Konaré dans un grand harem à l’Hippodrome à la charge du contribuable malien ?
Egalement au même moment, la bande de criminels agissant pour le compte de l’organisation terroriste de soutien à l’islam et aux musulmans, affiliée à AQMI, attaquait le camp du G5 Sahel à Sévaré faisant 2 militaires et 1 civil tués, heurtant la conscience humaine. Malgré les condamnations qui fusaient de toute part, l’ancien parlementaire en chef est reste de marbre. Pas une seule déclaration de condamnation. N’est-ce pas là une attitude négative, pas du tout constructive venant de lui ? En tout cas, l’histoire retiendra son comportement. Tout comme celui du président français Emmanuel Macron. Selon nos confrères de RFI, celui-ci a certes condamné l’attaque, mais ils ont ajouté qu’il a appelé son homologue camerounais, Paul Biya.
La question est de savoir pour quelle fin ? Et pour quelle motivation ? Cette série d’interrogations a toute son importance. Car, cette information a été rendue publique quelles heures après l’intervention du patriarche de la communauté peulh à l’endroit des frères camerounais. Or, il est établi que des non Maliens, que certains qualifient de mercenaires opèrent dans cette partie du territoire. A croire certains ressortissants du Centre qui ont croisé leurs chemins, ces gens ont des traits physiques distincts des nôtres. Ils affirment également que ces individus parfois barbus et parfois habillés en « Donso » (chasseurs), ne parlent aucune langue du terroir que sont le Peulh, le Bambara, le « Dogoso » (Dogonon) ou Bozo, etc. Donc, ces individus inconnus du milieu, nous viennent d’où ? Qui sont-ils ? Est-ce Emmanuel Macron en sait quelque chose ? Est-ce également pour cette raison qu’il a appelé son homologue camerounais ? Est-ce également à ces étrangers que le professeur fait appel ? En tout cas, il y a de quoi s’interroger. Car, la réponse sur le terrain ne s’est pas fait attendre. Au lendemain même de la déclaration radiodiffusée, les attaques ont repris de plus bel. Le samedi, c’était aux engins explosifs de reprendre du service alors qu’ils avaient disparu du conflit. Le retour de cet arsenal de guerre ne suscite-il pas des interrogations ? Comme si cela ne suffit pas, les voitures piégées aussi ont signé leur retour. Après l’attaque du camp du G5 Sahel à la voiture piégée le samedi à Sévaré, c’était le tour contre une colonne des militaires de la force Barkhane à Gao. Qui opéraient aux côtés de leurs frères d’armes maliens. L’attaque a fait beaucoup de blessés parmi les français et 4 civils ont été tués et des blessés graves parmi la population civile qui se trouvait sur les lieux. Cette série d’attaques sonne comme une forme de rappel pour signaler leur présence au lendemain de la publication de la liste provisoire des candidats à la course présidentielle du 29 juillet. Une manière de confirmer ce que nous avons toujours soupçonné comme la volonté cachée de certains leaders politiques qui trameraient dans l’ombre avec cette horde de barbares d’une autre époque, la stratégie de sabotage du prochain scrutin présidentiel.
En attendant de faire la lumière sur toutes ces questions, il convient de rappeler qu’un lourd contentieux oppose le doyen Aly Nouhoum Diallo et ses amis du clan CMDT, notamment Soumaïla Cissé, le couple Sy (Ousmane et son épouse Kadiatou Sow) et alliés, au président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Le différend remonte à la crise de 2000, qui a entraîné le départ d’IBK et ses proches de la ruche de l’ADEMA-PASJ. Notons qu’à l’époque, le clan était qualifié de l’aile droite du PASJ,
IBK n’a certainement pas oublié cette époque douloureuse de sa carrière politique. Il a pris comme un coup de canif dans le dos la « trahison » de certains, qu’ils considéraient comme des vrais amis dans la guerre de leadership qu’il disputait avec le clan CMDT. Selon des sources proches de la ruche à cette époque, IBK aurait commis une erreur de jugement sur l’attitude de ses « amis ». Car, de son point de vue, dans cette querelle, ceux-ci auraient dû prendre sa partie. Mais c’était mal connaître le jeu politique malien. Car, même le président de la République d’alors, Alpha Oumar Konaré, n’a pas été sensible à sa douleur au point qu’il a été obligé de tirer toutes les conséquences. Ce qui devrait arriver, arriva. Obligé de convoquer un nouveau congrès contre son gré, le congrès de l’humiliation, il n’a pas eu d’autres alternatives que jeter l’éponge, au terme d’un discours mémorable. Il voyait déjà la couleur du foulard de la honte autour de son cou. La stratégie mise en place visait à le mettre en minorité pour mieux le destituer de la présidence du parti. Aussi, a-t-il pris les devants en rendant tout simplement le tablier avec fracas. Dans cette nouvelle aventure politique, qui commença après sa démission du parti, seuls quelques inconditionnels l’ont suivi. C’est dans ce contexte tendu que le RPM est né en 2001 après une petite excursion sur le terrain de la société civile avec Alternative 2002, alors animée par certains ténors de la vie politique, notamment Bakary Koniba Traoré et le professeur Issa N’Diaye, qui démissionnera plus tard du nouveau mouvement politique.
13 ans plus tard, le même IBK devient président de la République. Malheureusement Aly Nouhoum Diallo et certains anciens camarades de l’ADEMA-PASJ, sont omis de la liste des camarades, alliés et amis politiques avec qui il compte gérer le pays. Tout simplement, ils n’ont pas de places dans l’attelage institutionnel qu’IBK avait échafaudé. Or, ces anciens qui ont pris goût au délice du pouvoir, gommeraient très mal leur mise à l’écart. Surtout, qu’après dix ans de vie VIP au frais du contribuable malien, ces anciens ont perdu le réflexe de se prendre en charge et satisfaire tous leurs vices. C’est pour cette raison que certains d’entre eux seraient prêts à toutes les aventures pour renverser la situation. Comme dirait l’autre, la fin justifie les moyens. Aly Nouhoum Diallo est-il à mettre dans ce camp ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais, son acharnement contre le régime donne à réfléchir. Sinon, comment comprendre que deux communautés d’un même terroir, qui ont toujours vécu ensemble pendant des siècles, se battent. En sa qualité d’ancien parlementaire, non moins président de l’Institution pendant 10 ans, il est incapable de trouver des mots justes pour concilier les belligérants ? Or, dans des conditions normales, c’est ce rôle qu’on attend de lui. Mais hélas, il joue au pyromane au lieu d’être l’intelligent sapeur-pompier. Ainsi va le Mali…