Les forces armées françaises ont porté "des coups rudes" aux groupes djihadistes au Mali depuis le début de l'année, particulièrement contre "L'Etat islamique dans le Grand Sahara", et mis hors de combat plusieurs chefs de très haut rang, a-t-on déclaré mercredi au ministère des Armées.
La ministre des Armées, Florence Parly, avait déclaré mardi à l'Assemblée que "plus de 120 terroristes" avaient été mis hors de combat (tués ou faits prisonniers).
Un "bilan très positif", souligne-t-on dans son entourage, alors que les récentes attaques djihadistes contre un détachement de Barkhane à Gao (nord du Mali) dimanche dernier et le PC opérationnel de la force conjointe du G5 Sahel, à Sévaré, le 30 juin, ont ravivé les spéculations sur la fragilité du dispositif militaire dans la bande sahélo-saharienne et ses incidences sur l'opération Barkhane.
Quatre soldats français ont été blessés dans l'attaque de Gao.
La force du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie) a été lancée en juillet 2017 avec le soutien actif de la France, qui compte sur cette coalition militaire de quelque 5.000 hommes pour épauler Barkhane dans la lutte contre les groupes djihadistes.
La force a théoriquement vocation à relayer - à long terme - les 4.500 soldats français déployés dans la région, mais elle connaît des problèmes de coordination et de financement.
"Cette opération de long terme nous permet d'infliger des coups rudes aux terroristes, eux ne restent pas inactifs, ils infligent aussi des coups", concède-t-on au ministère.
Mais "quand on regarde des événements comme celui de ce week-end, il faut 'dézoomer' de façon à voir cet engagement opérationnel sur le moyen et sur le long termes", fait-on valoir.
"ON REÇOIT DES COUPS, ON EN PORTE BEAUCOUP PLUS"
Le chef d'état-major des armées françaises, le général François Lecointre, récuse un risque d'"enlisement", mais reconnaît qu'il ne sera pas "possible de régler le problème au Mali en moins de 10 à 15 ans".
"Depuis le début de l'année, globalement, on a infligé des coups significatifs à au moins une entité, 'l'Etat islamique au Grand Sahara', on les a profondément déstructurés et on a neutralisé un certain nombre de chefs de très haut rang d'Al Qaïda", souligne-t-on. Une source gouvernementale évoque des "croix rouges" sur les "organigrammes" des groupes djihadistes.
L'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), qui a prêté allégeance à l'organisation Etat islamique, est né d'une scission d'Al-Mourabitoune en 2015 et se concentre sur la région de Gao. Il est actif aussi au Niger et au Burkina Faso.
"C'est un jeu permanent entre les terroristes et nous. On reçoit des coups, on en porte beaucoup plus", dit-on au ministère.
Quant à l'efficacité et à la pérennité de la force du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie), on met en avant côté français une relative "victoire" face au scepticisme ambiant : "On a réussi quelque chose qui était assez improbable, mettre sur pied une force conjointe de cinq pays.
"Ce n'est pas une force de haute intensité à ce stade, ça ne le sera jamais à court ou moyen termes parce que ce sont des armées des pays les plus pauvres du monde", mais cette force va "progressivement continuer à s'aguerrir".
En visite lundi à Nouakchott, Emmanuel Macron a déclaré que la force du G5 et les effectifs de Barkhane seraient "redéployés" au regard des récents événements.
"En fait c'est un processus normal dans toute opération, on passe son temps à s'adapter à la situation sur le terrain, à l'ennemi, parce que sinon, c'est l'échec assuré", explique-t-on à Paris.