En prélude au lancement officiel de la campagne nationale « Jigisigi » santé maternelle et néonatale, à partir du 15 juillet 2018 et durant 90 jours, le Projet Keneya Jemu Kan (KJK) de l’USAID, en partenariat avec le ministère de la Santé et de l’hygiène publique, a organisé, le samedi dernier, dans la salle de conférence du département, une conférence de presse dont l’objet était d’orienter les journalistes sur les objectifs et les particularités de cette campagne.
Contrairement aux autres campagnes de santé maternelle et néonatale, axées exclusivement sur la planification familiale, « Jigisigi » s’intéresse à l’ensemble du parquet de la santé de la reproduction : les consultations prénatales (CPN), pendant le travail et l’accouchement, la consultation postnatale (CPON), la planification familiale dans le post-partum. De même, elle se distingue des autres campagnes par ses outils de communication et la clarté des messages des conseillers communautaires (bien formés et expérimentés sur le changement social et de comportement), qui prennent en compte les divers aspects spécifiques pour atteindre chaque cible.
En effet, la présente campagne, qui s’étendra sur 90 jours, mettra l’accent sur la réduction de la mortalité maternelle en améliorant non seulement la demande de planification familiale et les services de santé maternelle à travers le changement social et comportemental, mais aussi la fourniture de services de santé ainsi que de produits sanitaires. Ainsi, la campagne ciblera particulièrement la famille et elle a pour objectif de permettre aux femmes de prendre des décisions de santé pour elles-mêmes, leurs enfants, ainsi que l’ensemble des membres de la famille.
Placée sous l’égide du conseiller technique du ministère de la Santé, le Dr Mohamed BERTHE, la conférence était animée par le Dr Mohamed SANGARE, chef d’équipe du volet changement social et de comportement du KJK ; en présence de Dr BORE Saran DIAKITE, chef de Division Santé de la reproduction ; de Alimatou MAIGA dite Niamoye, chargée de programme de Jigisigi ; ainsi que d’autres responsables du projet Kénèya Jemu Kan (KJK).
Selon le Dr SANGARE, Keneya Jemu Kan (KJK) est un projet de communication pour la santé et de promotion de produits de marketing social.
Il a pour objectif de promouvoir des comportements sains et utiliser les services de santé à grand impact afin de réduire la mortalité maternelle et néonatale. En effet, KJK est un des 2 projets bilatéraux de 5 ans financés par l’USAID. KJK intervient dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti et Gao.
Il ressort des statistiques présentées que 41 % des femmes en âge de procréer ont fait 4 CPN au cours de leur dernière grossesse ; seule une femme sur 4 (25 %) a fait sa 1re visite avant le 4e mois de grossesse ; 25 % des femmes ayant eu une naissance vivante au cours des 3 années ayant précédé l’enquête n’avaient pas reçu de soins prénatals.
De même, ont souligné les conférenciers, bien qu’au cours des 10 dernières années, le Mali a connu une amélioration notable en matière de santé maternelle et néonatale, toutefois, ils notent que beaucoup reste à faire. Pour preuve, récemment, des articles de presse ont donné des statistiques très inquiétantes au sujet de la mortalité des femmes dues aux complications pendant la grossesse.
« En moyenne au Mali, 8 femmes meurent suite à des complications de la grossesse ou de l’accouchement. Beaucoup de ces femmes laissent derrière elles des orphelins dont la santé mentale et physique est affectée par la perte de leurs mères », déplore-t-on.
Selon la dernière enquête démographique et de santé, rapporte le Dr Mohamed BERTHE, un dixième des enfants maliens meurt avant d’atteindre l’âge de 5 ans. Pire, plus d’un tiers des décès parmi les enfants de moins de 5 ans intervient dans les 28 premiers jours de sa vie.
Pour le conseiller technique, l’amélioration de la santé du nouveau-né demeure un élément important de la réduction de la mortalité infantile. C’est pourquoi est-il persuadé, la présente campagne nationale « Jigisigi » peut bien aider à sauver des vies par des interventions simples telles que les soins prénatals, l’accouchement en milieu hospitalier et la planification familiale.
L’information, a-t-il déclaré, est primordiale à tous les niveaux. La campagne s’appuiera sur la communication communautaire, à travers la télé, les radios et les médias sociaux pour fournir les informations clés qui changeront les comportements au sujet de la santé maternelle et néonatale pour sauver des vies.
En conclusion, les conférenciers ont invité la presse (écrite, orale et audiovisuelle) à donner la bonne information afin que les belles-mères surtout acceptent la fréquentation des centres de santé par leurs belles-filles au moment de la grossesse.