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Front politique : Les grandes manœuvres de la discorde
Publié le vendredi 8 juin 2012   |  Le Combat




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Le Mali de l’après-22 mars revu à travers le prisme des partis politiques et où l’on se rend compte que la médiation CEDEAO n’a pas fait que des heureux….

La politique est-elle devenue une marchandise au même titre que l’information ? Le dimanche 3 juin, au débat télévisé sur le plateau d’Africable revenant comme un premier bilan express de notre histoire politique immédiate, les téléspectateurs devaient garder l’œil alerte et les oreilles dressées pour avoir cette aisance à saisir tous les enjeux dont on discutait. Combien seront-ils parmi nous à réviser ainsi ou à aiguiser certaines de leurs observations sur la scène nationale ? Comme invités ce jour-là, il y avait le syndicaliste Hamadoun A. Guindo dévissant pour le COPAM, l’honorable K. Tapo parlant et agissant au compte du FDR et le Pr. Dembélé, représentant de l’ADPS. Lors de cette émission à thèmes, on a cru revoir les coulisses de la rencontre d’Ouagadougou, ce passage de la classe politique malienne qui fut un moment propre dans l’histoire de notre IIIè République. Des vérités furent lâchées parce qu’ici, deux camps se sont affronté, entre pro et anti putschistes et auxquels le Président Blaise Compaoré devra prêter une oreille attentive de 10h à 19 h pour venir à ramasser en 2 minutes la magistrale leçon de choses : rien ne saurait justifier un coup d’Etat. Mais était-ce vraiment un coup d’Etat ? C’est ici que le débat a failli tourner à la riposte à l’honneur. Des invités qui vont vite se retrouver dans la position de machine à justifier. On entrait dans le domaine du reflexe. Vérités et contre-vérités des uns et des autres vont s’entrechoquer sur un rythme rapide, frôlant souvent l’incartade, avec un Hamadoun Amion Guindo se disant plus spontanément patriote que frontiste dans l’affaire. Mr. Kassoum Tapo, pour qui tout ce débat du jour devait avoir une certaine tenue, et pour le Pr. Dembélé faisant partie de ces intellectuels écœurés par les mensonges officiels des uns et des autres. Et pour autant, tous les trois personnages sur le plateau nous aurons fait comprendre que leur amour pour le Mali dépassait tout. Seulement voilà, il y avait eu un certain nombre d’événements passés qui ne furent pas faciles à comprendre.

Quel est le sens réel de tout ce remue-ménage ?

Le personnage de Dioncounda Traoré va se retrouver au cœur d’une controverse dont on n’a pas fini d’épuiser les contours. La question de la dévolution du fauteuil du Président de la transition remplissait les cœurs. Ce jour du 26 mai où le Président Dioncounda Traoré fut chapitré et bousculé assez durement par certains individus à Koulouba. Ecoutons Me Tapo pour qui cet événement est inédit, inqualifiable et sans précédent, même dans notre histoire sous-régionale. C’est là que l’esprit inquiet du parlementaire touche la plaie du doigt. C’est une tentative d’assassinat qui, en droit pénal est punie par la même peine, tout comme le crime d’ailleurs. La COPAM a été la première à condamner cette agression, répliquera Guindo, et il faudra laisser le temps aux enquêteurs de faire leur boulot là où Me Tapo reviendra par le menu détail d’une agression avec des accents qui lui sont propres. Le tout n’est-il pas parti à la suite de la rencontre d’Ouagadougou ? Certains ne voulaient pas de Dioncounda Traoré et l’on fait comprendre. Pour Guindo, la mission qui lui était assignée pour l’intérim n’ayant pas été, il ne pouvait pas glisser autrement dans les habits du Président de la transition. Quand le médiateur est arrivé à Bamako, la première chose qu’il va demander, c’était de trouver une autre personne pour diriger la transition et ensuite, les forces vives devaient s’entendre au sein d’une convention pour mettre en place un organe législatif. L’index sur Dioncounda Traoré posait problème et quand bien même se sont dits certains, pourquoi recourir à une convention nationale quand nous avons une Assemblée nationale devant laquelle toutes les questions pouvaient être débattues et qui pouvait servir d’accompagnateur des actes posés à venir (comme la loi d’amnistie) ? Et ne pouvions-nous pas dire que toutes les conventions et traités doivent être ratifiés sous peine de nullité pour des Etats de droit ? Beaucoup d’autres problèmes furent soulevés ayant trait aux compétences respectives des deux têtes de l’Exécutif de la transition. C’est ainsi que l’on retiendra au détour ce qu’on dit à propos d’un Premier ministre de pleins pouvoirs qui ne garde ses attributs que dans le contexte actuel et pour venir en contrepoint de l’Article 36 des pouvoirs du Président par intérim. Nous aurons droit à une somptueuse conversation des invités du plateau sur la vulnérabilité et la solitude de l’Exécutif actuel. N’est-ce pas Guindo qui nous rappelait que Dioncounda Traoré devait apposer sa signature (sans aucune autre forme de discussion) au bas du décret de nomination de Cheick Modibo Diarra ? On apprend aussi que ce sont les deux têtes de l’Exécutif qui ont poussé à s’impliquer dans l’arrêt de vacance de la Présidence. Dioncounda Traoré avait-il mission d’organiser des élections ? Allons donc, où cela était-il écrit ? Le statut d’ancien Chef d’Etat au Capitaine Sanogo ? Cela pouvait-il prêter à commentaires quand c’est la CEDEAO qui s’engageait ainsi devant l’histoire ? On a vu aussi, le temps de cet autre débat, les réticences du journaliste intervieweur Barry devant le jeu ouvert de ses invités sur le plateau. La rigueur factuelle de la police des débats lui ayant échappé, il aura vite appris que parler à la télé, c’est une façon de parler sans être interrompu. On peut certes titiller les interviewés, mais quant à les agacer…Il y a cependant une question à laquelle il n’a pas été répondu parce qu’on ne leur a pas demandé : comment redonner aux Maliens le goût de l’avenir ?

S.Koné

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