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Intervention militaire au Sahel: Le niet d’Alger
Publié le dimanche 8 juillet 2018  |  Tamoudre
Algérie
© Autre presse par DR
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Ni les pressions politiques, ni les menaces sécuritaires, encore moins l’action des lobbys ne feront plier la position de l’Algérie. Il n’est pas question pour son armée d’intervenir en dehors de ses frontières.

C’est à l’occasion de la journée hautement symbolique du 5 Juillet, le 56e anniversaire de l’indépendance du pays, que le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel a réitéré le refus catégorique de l’armée d’intervenir au Sahel réaffirmant ainsi les principes directeurs et inébranlables de la diplomatie et de la doctrine de défense algériennes.

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel


Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel
Interrogé, dans une émission à la Radio nationale, sur les dossiers brûlants de la Libye et du Sahel, le ministre des Affaires étrangères a insisté que l’Algérie fait du principe de non-ingérence dans les affaires des pays et de la non-intervention militaire hors de ses frontières une doctrine rappelant que c’est un principe inscrit dans la politique de défense algérienne depuis la Charte de 1976.
«Les gens peuvent nous demander d’intervenir, mais tout le monde sait que l’Algérie n’intervient pas en dehors de ses frontières, mais cela ne veut pas dire que l’Algérie ne mène pas des actions de coopération avec certains acteurs», a ajouté le chef de la diplomatie soulignant cependant que l’Algérie est disposée à partager son expérience en matière de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme et que «l’Algérie apporte une contribution inestimable.

Elle le fait à travers la formation d’unités spéciales antiterroristes au Mali et au Niger, la logistique et la formation d’une manière générale». Ce rappel ferme de l’Algérie intervient dans un contexte sécuritaire régional très tendu. La force G5 Sahel peine à s’affirmer sur le terrain. Parrainée essentiellement par la France, la force G5 Sahel a été lancée en 2014 regroupant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Il y a une semaine, une attaque a ciblé le quartier général de la force régionale G5 Sahel dans le centre du Mali. L’attentat-suicide, revendiqué par un groupe djihadiste, a fait trois morts dont deux militaires et un civil.

«Nous devons sortir des discours et des déclarations d’intention pour passer à l’opérationnalisation complète de la force du G5 Sahel en lui procurant une source de financement pérenne», a lancé, comme un cri de désespoir le président tchadien Idriss Déby, à ses homologues africains et surtout au président français, Emmanuel Macron, dont le pays est le fer de lance du G5 Sahel.
Le budget de fonctionnement de cette action a été estimé à 423 millions d’euros avec comme gros contributeurs l’UE avec 50 millions d’euros, l’Arabie saoudite avec 80 millions de dollars, le Qatar avec 30 millions de dollars, les Etats-Unis avec 60 millions de dollars et la France avec 8 millions d’euros. Mais l’opération bat de l’aile non pas pour la recherche du budget, mais en raison de sa gestion efficace et sa pérennité. Car le combat contre le terrorisme coûtera à la force conjointe près de 100 millions de dollars chaque année. La question est de savoir où trouver cet argent et personne ne peut prédire le temps que cela prendra d’où l’importance de la pérennisation de son financement.

Dès le départ, l’Algérie a été catégorique en refusant de participer à cette initiative qu’elle a trouvée franchement interventionniste. Mais est-il concevable de prétendre mener une guerre antiterroriste dans la région du Sahel sans associer l’Algérie qui est un acteur principal dans ladite région? Elle a le double avantage d’avoir l’armée la plus forte dans la région et qui jouit d’une très grande expérience dans la lutte contre le terrorisme. Messahel a expliqué que la lutte antiterroriste et la déradicalisation figurent, actuellement, parmi les thèmes de tous les agendas des foras internationaux, où «nous sommes très présents», notamment dans la stratégie des Nations unies de lutte contre le terrorisme et le Forum global de lutte contre ce phénomène. Le ministre des Affaires étrangères ne fait que confirmer le rapport de trois parlementaires français, établi en mai dernier sur la situation au Sahel où sont engagées les forces françaises. «Rien ne se réglera au Sahel sans l’Algérie. On ne peut pas concevoir d’instaurer la paix dans cette immense région sans ce pays dont l’armée compte trois millions d’hommes…», ont-ils noté dans leur rapport. En visite en Algérie, en avril dernier, le commandant de l’Africom, le général américain Thomas Waldhauser, a affirmé que «nos nations travaillent ensemble en qualité de partenaires égaux pour construire un avenir meilleur, pas seulement en Algérie, mais partout en Afrique du Nord» et d’insister: «Grâce à un partenariat solide, nos pays sont mieux capables de combattre les causes profondes du terrorisme et de promouvoir la paix et la stabilité.» Plus pragmatiques, les Américains appréhendent la question sécuritaire dans le cadre d’une approche intégrée qui prenne en compte à la fois les aspects régionaux, les dynamiques militaires et aussi la nouvelle dimension acquise par les terroristes. Il s’agit donc de trouver la méthode adéquate pour faire participer tous les acteurs à cette guerre. C’est ce que proposent les Américains à travers les propos du général Thomas Waldhauser.

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