Au Mali, la campagne pour l’élection présidentielle a officiellement commencé. Les Maliens voteront le 29 juillet prochain, pour désigner parmi les 24 candidats en lice leur futur président. L’enjeu est de taille pour le pays qui se remet difficilement du conflit de 2012, surtout dans le nord du pays. A Tombouctou, malgré les efforts du gouvernement pour mobiliser autour de l’élection, une partie de la population risque de ne pas voter.
Depuis le 20 juin, à Tombouctou comme dans le reste du pays, les cartes d’électeurs sont distribuées. « Tout se passe bien. Depuis que je suis arrivé, je suis passé dans la salle de distribution des cartes, et j’ai vu que tout se déroule normalement. Il y a une affluence quand même. Maintenant il faut sensibiliser encore, il faut demander aux gens de sortir pour aller prendre leurs cartes, parce qu’en réalité c’est la carte qui fait la force de la transparence même du vote », estime Assoumane Touré, président de Commission électorale régionale.
Mahamane Aligi Touré est un jeune diplômé au chômage. Il caresse le rêve d’être journaliste un jour. Sa carte d’électeur, il l’a retirée, mais n’a pas l’intention de l’utiliser.
« Il faut voir notre ville comment elle est, dit-il. Nous, nous ne pouvons même pas accéder à Bamako, il n’y a pas de route. Nous, on ne se sent pas Malien du tout. Personnellement, moi j’ai retiré la carte comme tout bon citoyen, mais cette fois-ci je ne voterai pour personne parce que tous ces candidats-là, ils vont venir nous dire de voter, ils vont venir avec l’argent des tee-shirts, et on va voter pour eux et ils vont partir et c’est fini. »
Un ressentiment qui inquiète la société civile, même si elle en comprend les causes. « C’est très important à Tombouctou parce qu’on a l’impression que l’autorité est absente, que l’on n’a pas les autorités attractives ici, que la région est laissée à elle-même. Donc il est bon de voter pour que la région puisse être ressuscitée. En ne votant pas, ils risquent de ramener les médiocres, donc rester à la maison, ne pas aller voter, ce n’est pas la solution », souligne Harandé Touré, représentant de l’Association malienne de défense des droits de l’homme.