WASHINGTON - Washington offre depuis lundi jusqu’à 23 millions de dollars de récompense pour toute information conduisant notamment à la capture du jihadiste Mokhtar Belmokhtar ou à celle du chef de la secte islamiste nigériane Boko Haram, une première contre des "terroristes" d’Afrique de l’Ouest.
D’autres responsables du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sont également visés par ce programme du département d’Etat, baptisé "récompenses pour la justice", qui offre depuis 1984 des sommes d’argent à tout informateur permettant l’arrestation ou l’élimination d’individus qui menacent les intérêts des Etats-Unis.
La plus grosse récompense, sept millions de dollars, est réservée au n°1 présumé de Boko Haram, Abubakar Shekau, qui combat actuellement l’armée du Nigeria dans le nord-est du pays.
Une manne de cinq millions de dollars est également offerte à quiconque apportera des renseignements décisifs concernant l’Algérien Belmokhtar, un ancien chef d’Aqmi qui monté son propre groupe fin 2012. Donné pour mort par le Tchad en avril, il a menacé il y a dix jours de lancer de nouvelles attaques au Niger après les attentats suicide de la fin mai. Son groupe avait mené une énorme prise d’otages en janvier dans un complexe gazier en Algérie.
Cinq millions de dollars sont également promis pour la tête de Yahya Abou Al-Hammam, un dirigeant algérien d’Aqmi accusé d’être impliqué dans le meurtre d’un otage français en 2010.
Malik Abou Abdelkarim, commandant d’Aqmi, et Oumar Ould Hamahathe porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un groupe islamiste chassé du Mali en janvier, sont également la cible de Washington, avec trois millions chacun de récompenses.
"Aqmi est de plus en actif dans le Nord et l’Ouest de l’Afrique. Ils font partie des tout premiers groupes qui kidnappent contre rançons dans la nébuleuse terroriste mondiale", a dit à l’AFP un responsable du département d’Etat.
"Ils représentent pour nous une grande source d’inquiétudes. Tout ce que nous pouvons faire pour réduire les capacités d’Aqmi, pour obtenir des informations sur ces individus et les traduire en justice, c’est notre objectif", a expliqué ce diplomate américain, sous couvert de l’anonymat.
Les Etats-Unis s’alarment depuis des mois de la puissance des groupes islamistes armés dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, notamment d’Aqmi et de Boko Haram. Washington a applaudi et appuyé l’opération militaire française au Mali.
La campagne du département d’Etat lancée lundi se fera notamment via des affiches placardées au Mali, au Nigeria et dans les pays voisins, plaçant sur le même poster des photos de dirigeants d’Aqmi et de Boko Haram.
"Ils entretiennent des relations depuis un moment", notamment avec des entraînements et des caches d’armes communes, selon le responsable du ministère".