L’ancien Premier ministre vient d’honorer une partie de son engagement vis-à-vis du président Keïta. A savoir son retrait de la course présidentielle du 29 juillet. Les deux (02) hommes, qui se sont rencontrés il y a plus de trois mois, ont décidé que Mara signera de nouveau son retour à la primature pour une durée de trois ans. A condition que IBK sorte vainqueur du scrutin.
Le retrait de la candidature du président du parti Yèlèma (le changement) de l’élection présidentielle, considérée à tort ou à raison comme la plus ouverte, depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, a surpris plus d’un.
A commencer par les responsables et militants de son propre parti. L’homme que beaucoup de ses concitoyens et observateurs de la scène politique malienne considéraient comme un garde-fou contre la mauvaise gouvernance à jeter l’éponge pour se mettre derrière un autre ancien Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Et aussi à un moment où il commençait à gagner le cœur des Maliens par certaines prises de position et surtout ses propositions de sorties de crise.
A l’annonce de cette nouvelle qui a pris tout le monde de court, les commentaires allaient bon train. Si certains ont dit que Moussa Mara a politiquement signé son arrêt de mort, d’autres sont allés jusqu’à dire que l’ancien Premier ministre s’est rendu compte que son poids politique est plus léger que le poids d’une plume d’oiseau sur l’échiquier politique national. Ceux-ci ne s’arrêtent pas là. Ils considèrent le président du pari Yèlèma comme un manipulateur hors pair qui ne roule que pour lui-même.
Ils avancent comme arguments son passage à la tête du gouvernement (avril 2014- 2015), équipe dans laquelle il a rarement fait la promotion des cadres de son parti à plus forte raison dans les directions nationales ou programmes et projet gouvernementaux.
Contrairement aux autres Premiers ministres qui parviennent à nommer avec l’accord du chef de l’Etat un cadre de leur parti dans le gouvernement ou un de ses hommes de confiance à un poste ministériel.
A entendre l’intéressé lui-même, il a pris cette décision après avoir échoué dans sa tentative de former un regroupement avec Dr Soumana Sako, le député Oumar Mariko, qui incarnent aux yeux du Mali profond le changement tant attendu, mais laminé par la corruption, la gabegie, le népotisme, le détournement de deniers publics, l’affairisme, la surfacturation, la spoliation des paysans de leurs terres.
Moussa Mara explique que ce changement pourrait se réaliser au lendemain du scrutin du 29 juillet avec Cheick Modido Diarra, le président du parti Rassemblement pour le développement du Mali (RpDM), un autre candidat du changement réclamé à cor et à cri par les populations maliennes.
Mais du côté des coulisses du pouvoir, c’est un autre son de cloche. Selon des sources bien introduites, il y a de cela quelques mois le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a rencontré son ancien Premier ministre.
Au cours de cette entrevue, Moussa Mara aurait accepté les offres présidentielles. Il aurait demandé à son ancien chef de gouvernement de se retirer de la course présidentielle en échange d’une nomination au poste de Premier ministre d’une durée de trois (03) bonnes années et une mise à disposition des moyens de l’Etat pour préparer sa campagne de 2023.
Même si IBK n’a pas prononcé le mot dauphin, cette promesse vaut son pesant d’or. Elle fait de Moussa Mara l’homme à qui il compte passer le témoin lors de la présidentielle de 2023. Cette aubaine a été saisie par le président du parti Yèlèma comme la bonne nouvelle du siècle. Et il n’a pas hésité à la saisir comme il aime à le faire chaque fois qu’on lui miroite des propositions alléchantes pour sa propre promotion.
Surprise pour surprise, Moussa Mara a pris cette décision au-dessus de la tête de la direction de son parti. Selon certains membres de la direction du parti, aucune consultation n’a été convoquée pour discuter de ce sujet très sensible.
S’il a gagné cette première manche du deal à savoir son retrait de la présidentielle, la deuxième bataille sera de basculer son camp dans le regroupement ‘’Ensemble pour le Mali’’ au second tour au cas où Cheick Modibo Diarra ne sera pas à ce stade de la compétition.