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L’Essor N° 17446 du 3/6/2013

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Afrique - Japon : Une longue histoire
Publié le mardi 4 juin 2013  |  L’Essor


© AFP par TORU YAMANAKA
TICAD: conférence de presse conjointe du Premier ministre japonais et de la présidente de la Commission de l`Union africaine.
le Premier ministre japonais Shinzo Abe et la Presidente de la Commission de l`Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma ont anime une conférence de presse conjointe à l`issue de la Conférence internationale de Tokyo Conférence sur le développement de l`Afrique (TICAD) à Yokohama.


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Malgré l’éloignement géographique, les premiers contacts entre Africains et Japonais remontent à très loin dans le temps. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Japon, comme d’autres nations d’Asie, entretient avec l’Afrique des relations anciennes. Au moment où Africains et Japonais sont réunis à Yokohama pour la 5è conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, il n’est pas futile de revisiter brièvement les premiers contacts de l’Empire du soleil levant avec notre continent.

Selon Aicardi de Saint Paul Marc, universitaire et chercheur français, citant des sources historiques disponibles, il semblerait que les premiers contacts entre Asiatiques et Africains remontent au Xè siècle avant JC, lorsque débuta le commerce sino-égyptien. Mais ce sont les expéditions maritimes arabes et européennes qui vont servir d’accélérateur à ces échanges intercontinentaux.

À l’occasion de ces déplacements d’hommes et de marchandises, explique le chercheur français membre de l’Académie de sciences d’Outre-Mer, les marchands, surtout arabes et portugais, acheminèrent un nombre significatif d’esclaves noirs en Asie entre le IVè et le XIVè siècles. Les navigateurs portugais établirent même un centre de distribution d’esclaves à Canton vers l’an 300. À la faveur de ces expéditions maritimes, l’islam commença à se répandre en Asie sous la dynastie Suy. Un millénaire plus tard, dans la première moitié du XVIIè siècle, nombreux furent les esclaves présents au Japon qui s’établirent à Nagasaki.

Mis à part ces premiers contacts indirects et relativement limités, la véritable première rencontre entre Japonais et Africains se fit plus récemment, à la fin de la période Ashikaga (1335-1573). Toujours selon la même source, à cette époque-là, la soif d’épices, de soie, de sucre, d’esclaves et d’âmes à convertir avait conduit les Portugais en Extrême-Orient. C’est dans cette région qu’ils côtoyèrent les aventuriers nippons qui y sévissaient et c’est vers 1510 que les Japonais et les esclaves noirs se rencontrèrent pour la première fois à Goa (Inde). Pendant la période Azuchi-Momonyama (1573-1673), les Japonais s’accoutumèrent à voir les Portugais accompagnés de gardes du corps et de serviteurs noirs. Ces derniers suscitaient d’ailleurs à la fois curiosité et admiration de la part des Asiatiques. Toutefois, vers la fin du XVIè siècle, les Japonais manifestèrent leur hostilité envers l’esclavage et, dans les premières décennies de l’ère Edo ou Tokugawa (1603-1867), l’archipel se ferma progressivement aux influences étrangères. Néanmoins, des liens continuèrent à se tisser avec les esclaves noirs présents dans le pays.

Il fallut attendre la fin du XVIè siècle pour que les Japonais foulent le sol africain pour la première fois. Ce fut à l’occasion du voyage en Europe entrepris en 1586 par de jeunes nobles de Kyushu, invités à Rome par des jésuites italiens. Dans un premier temps, ils firent une escale au Mozambique pendant six mois, puis s’attardèrent au Cap avant de remonter vers leur destination finale. Mais c’est surtout cette colonie qui tissa véritablement des liens durables entre le Japon et le continent noir. Jan Van Riebeek, qui est considéré comme l’un des fondateurs de l’Afrique du Sud sous colonisée, était initialement basé à Nagasaki pour le compte de la Compagnie des Indes néerlandaises durant les années 1647-1648, avant de s’établir au Cap de Bonne Espérance en 1652.

En 1860, une mission japonaise de retour des États-Unis fit escale en Angola et sur l’île de Saint-Vincent. En décembre de la même année, trois officiels japonais et leur suite, envoyés en émissaires en Angleterre, effectuèrent une halte de plusieurs jours à Suez (Egypte). Ce serait d’ailleurs à l’occasion de ce voyage que les Japonais découvrirent le chemin de fer. À la faveur de l’ère Meiji, en 1868, le Japon s’ouvrit non seulement à l’Europe et à l’Amérique, mais également à l’Afrique. Celle-ci allait ainsi passer du statut d’escale obligée à celui de destination à part entière et, malgré l’ouverture du canal de Suez en 1869, nombreux furent les Japonais qui visitèrent des ports comme Mombassa au Kenya, le Cap et Luanda. C’est à partir de ces points d’appui que, quelques décennies plus tard, les Japonais commencèrent à prospecter le continent, déjà à la recherche de matières premières et de marchés d’exportation.
Force est de constater que, pendant la période précoloniale, les relations entre le Japon et l’Afrique, bien qu’anciennes, furent plutôt faibles et décousues. Le Japon, qui ne prit pas part au dépeçage de l’Afrique, s’y infiltra quand même de façon discrète à la faveur de l’irruption et de l’installation des Européens tant pendant la période coloniale que dans les années qui suivirent.
Entre le congrès de Berlin de 1885 et la division du monde en deux blocs après le second conflit mondial, le Japon réussit à y maintenir un certain nombre de liens. S’il eut un rôle politique assez effacé pendant toutes ces années, il fut assez actif dans le domaine économique.

C’est ainsi qu’il profita des traités relatifs au bassin du Congo. Mais c’est surtout avec l’Afrique du Sud que les relations bilatérales furent le plus fructueuses. Dès 1908, les Japonais faisaient escale au Cap, alors qu’ils étaient en route vers l’Amérique du Sud. D’ailleurs, avant que la colonie du Cap ne devienne l’Union sud-africaine, un consul honoraire, Julius Jeppe, y représentait le Japon. Dès 1930, les Japonais purent jouir d’un statut particulier, puisqu’ils furent désormais considérés comme des « Blancs d’honneur ». Ce statut dérogatoire à l’Union Immigration Act de 1913 leur permit également d’échapper aux discriminations imposées aux « Non-Blancs », bien avant que le National Party ne légifère sur l’apartheid en 1948.
La période de l’après-guerre qui s’étendit jusqu’à la fin des années 1950 vit la marge de manœuvre diplomatique du Japon être limitée, puisque l’archipel passa d’une quasi administration directe par les États-Unis à une « liberté surveillée » jusqu’au début des années 1960. Ce n’est qu’à partir de la vague des indépendances des années 1960 que le Japon commença timidement à intervenir sur le continent pour monter progressivement en puissance.

S. T.

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