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Salaires des enseignants du nord : dûs a gao, tombouctou et kidal, perçus a bamako
Publié le vendredi 8 juin 2012   |  L'Essor




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Cette opération salutaire a duré deux jours et permis aux enseignants qui ne sont pas payés par virement bancaire, de toucher leurs salaires

Hadidiatou Goïta est une enseignante recrutée depuis quelques années par les autorités communales de Saréyamou dans le cercle de Diré. Comme la quasi totalité de ses collègues en service au Nord, la jeune femme a dû abandonner sa classe au grand désarroi de ses élèves qu’elle dit affectionner. Avec le sourire qu’elle semble n’avoir jamais perdu malgré une situation de plus en plus difficile, la maitresse d’école a expliqué son exode par l’insécurité dans le Septentrion.

« J’ai quitté mon poste depuis plus d’un mois parce que tout le monde a préféré se mettre à l’abri. Je suis venue chercher mon salaire et cet argent va beaucoup m’aider ici à Bamako », confie-t-elle avant de percevoir son salaire à l’ECICA hier dans une salle aménagée à cet effet. Notre interlocutrice ne manque pas de saluer l’opération de paiement des salaires des agents déplacés de l’Etat. Mais cette opération ne concerne que les agents dont les salaires ne sont pas virés sur des comptes bancaires. « Avec le temps, tous les fonctionnaires seront payés par virements bancaires », a assuré un comptable qui estime que le paiement direct est un système dépassé. Au total, trois centres de paiement avaient été retenus : le lycée Askia pour l’académie de Gao, le lycée Ba Aminata Diallo réservé à l’académie de Kidal et l’ECICA où étaient installés les payeurs de l’académie de Tombouctou. Dans les différents sites, les enseignants fonctionnaires de l’Etat, les enseignants recrutés par les collectivités territoriales ainsi que le personnel d’appui de l’administration scolaire (chauffeurs, secrétaires, plantons, etc.) tous pouvaient recevoir leurs salaires. Il revenait à chaque directeur régional du budget d’organiser son centre de paiement. Au lycée Askia, c’est la grande salle de la surveillance qui a été affectée aux comptables pour les deux jours de l’opération. Devant cette salle, trois gendarmes assuraient la sécurité. A l’intérieur, une dizaine de comptables s’étaient installés autour d’une longue table sur laquelle étaient déposées des piles de dossiers. Hier jeudi, ce n’était pas la grande affluence. Pourtant, c’était la dernière chance pour les retardataires parce que dès lundi, les équipes de paiement se rendront à Mopti pour régler les salariés qui y sont réfugiés. Avoir empoché leur dû, la plupart des enseignants affichait un large sourire qui en disait long sur leur joie. Il faut dire que les maîtres et les maîtresses d’école méritent cet effort de la part de l’Etat pour le travail qu’ils effectuent. Le directeur du budget de la région de Gao, Kassarey Mounkoro, avait pris place à côté des gendarmes devant la salle pour s’assurer que tout se passe bien. « Le matin, les gens venaient au compte-goutte mais nous avons pu servir la quasi totalité des salariés », assurait-il au passage de notre équipe de reportage. D’ailleurs, les payeurs de Bourem, Ansongo, Ménaka et Gao ville s’étaient accordés une petite pause café. Après la prise de Gao par les bandes armées, Kassarey Mounkoro et sa famille ont réussi à quitter la ville d’une manière peu ordinaire. Son long voyage de 4 jours mérite d’être raconté. De Gao, il s’est rendu à Ansongo pour rejoindre le Burkina Faso en passant par le Niger. Une fois à Ouagadougou, la famille Mounkoro a pris la direction de Bobo Dioulasso, puis Koury, en territoire malien. De là, ils sont rentrés à Bamako, transis de fatigue. Le périple lui a couté 40.000 Fcfa par personne. Selon lui, beaucoup de fonctionnaires ont dû passer par cet itinéraire éprouvant pour éviter les tracasseries sur la route de Gao, infestée de bandits. A l’ECICA, le paiement se poursuivait hier, mais timidement. Les retardataires venaient au compte-goutte. « Quand on a commencé, il y avait de l’affluence. Aujourd’hui, c’est la fin de l’opération. L’affluence a baissé parce que peu de salariés restent à payer », explique un comptable occupé à mettre de l’ordre dans ses chiffres. Pendant ce temps, son voisin de gauche recevait Adrahamane Cissé, le secrétaire général du Syndicat national de l’éducation de base, venu lui aussi percevoir le fruit de son labeur. Le syndicaliste a son avis sur l’opération. « C’est une opération salutaire pour les enseignants qui se sont dispersés à travers les régions du Sud de notre pays », a-t-il jugé ajoutant que les pouvoirs publics doivent cependant mieux faire pour soulager ses militants. Retrouvant ses réflexes de syndicaliste, il n’a pas manqué de dénoncer les retenues de salaires consécutives à la « grève illimitée » qui s’est étendue de novembre 2011 à février 2012. Adrahamane Cissé juge que la grève ayant été générale et nationale, il était injuste que les enseignants de Tombouctou soient les seuls frappés par des mesures de retenues de salaires. « Cette injustice doit être corrigée », a revendiqué le secrétaire général du Syndicat national de l’éducation de base qui situe le montant des retenues entre 30.000 à 50.000 Fcfa par enseignant. La complainte du syndicaliste a été interrompue par une clameur venant de l’autre bout de la grande salle. Un directeur d’école défendait une personne qui s’est présentée avec une procuration signée d’un enseignant n’ayant pas pu rallier le centre de paiement. Le comptable rejetait catégoriquement le document, exigeant la présence physique de l’enseignant. Le directeur d’école, lui, insistait en arguant qu’une procuration doit être acceptée si elle est dûment signée. Il a invité le comptable à se montrer moins procédurier en ce moment particulièrement difficile pour les enseignants déplacés. Mais l’argentier est resté inflexible. Les comptables de Kidal ont connu moins de difficultés que les autres à cause du nombre limité de fonctionnaires à payer. Ils étaient tous rentrés à la maison hier matin avant 10 heures après avoir achevé le paiement. Le directeur régional du budget, Lamine Koïta, note que ses payeurs n’ont servi que deux enseignants pendant toute la journée d’hier. Cela s’explique par le fait que la quasi totalité des salariés passe par les banques. Cette opération de paiement, saluée par tous, sera rééditée les mois à venir. Mais d’ici là, il serait plus judicieux d’inciter les enseignants à ouvrir des comptes bancaires.

« BILLETAGE », MODE D’EMPLOI

Vous êtes enseignant et vous voulez toucher votre salaire au « billetage » ? La procédure est simple. Quand vous arrivez chez le comptable de votre académie, il faut préciser le Centre d’animation pédagogique duquel vous relevez. Il faut aussi décliner votre identité avec, à l’appui, la présentation d’une pièce d’identité en cours de validité. Avec ce papier, le régisseur vérifie la conformité des documents. Si tout concorde, vous devez fournir votre numéro matricule. C’est après cette formalité que le comptable vous fait signer la fiche de paie avant de vous remettre votre enveloppe. L’opération ne dure en moyenne que 5 minutes.

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