L’émission "Le débat africain" d’Alain Foka de RFI du dimanche 2 juin 2013 était consacrée à la très controversée 3e licence. Une occasion pour les différents protagonistes d’éclairer la lanterne des Maliens. Mais ni l’Etat, ni l’attributaire de la 3e licence Apollinaire Compaoré n’ont daigné saisir cette opportunité pour donner leur version des faits quand bien même leurs adversaires étaient sur le plateau.
"Licence de téléphonie mobile, pourquoi tant de polémiques ?" était le thème générique de l’émission "Le débat africain" de RFI, dimanche dernier. Alain Foka a retenu ce sujet d’actualité au Mali pour débattre des attributions de licence de téléphonie mobile dans le continent à travers ses couacs comme le cas vécu au Mali depuis environ trois mois.
Les invités étaient Boubacar Almoustapha, président du Conseil national de régulation des télécommunications au Niger, Hassane Hotait, PDG de la société de téléphonie mobile "Evol Télécom" (un des adjudicataires malheureux de la 3e licence au Mali), Dr. Adama Traoré du Réseau des consommateurs maliens de télécommunication (Récomatem) et Me Mamadou Konaté, avocat de Koira Télécom de Cessé Komé, écarté au profit de Planor Afrique d’Apollinaire Compaoré.
Selon M. Foka, le gouvernement malien et Apollinaire Compaoré ont décliné son invitation à participer à l’émission sous prétexte qu’ils ne souhaitent pas en parler.
L’occasion leur était pourtant offerte sur un plateau d’argent et dans un débat contradictoire et sans complaisance d’une émission de grande audience de discuter d’un sujet que les Maliens ont hâte de comprendre. Si le silence est d’or, garder trop le silence peut être signe de culpabilité surtout quand on a l’opportunité de s’expliquer en face d’une concurrence. L’Etat et le PDG de Planor Afrique ont-ils décidé de commun accord de ne pas trop parler de peur de divulguer leur secret ? Mystère et boule de gomme.
La duplicité établie ?
L’absence du représentant du gouvernement et de François Compaoré n’a eu aucune incidence sur le débat sauf qu’il aurait pu être véritablement contradictoire. Dans les échanges, il est apparu que l’attribution de la 3e licence s’est déroulée dans des conditions opaques.
Hassane Hotait "d’Evol Télécom" a dit avoir participé à l’appel d’offre avec le groupe Koréan Télécom (KT). Selon lui, la première offre a été annulée dans des conditions injustifiées et les postulants ont été surpris de le voir réattribué à Planor Afrique qui était du même groupement que Koira Télécom de Cessé Komé.
Il a fait savoir que le gouvernement malien n’a pas tenu au respect scrupuleux du cahier des charges qui mentionne que les participants à l’appel d’offre ne doivent pas avoir d’antécédents judiciaires et doivent surtout avoir la capacité financière. "Or tel n’est pas le cas de François Compaoré qui a eu des démêlés judiciaires avec un de ses partenaires de Téléphonie mobile au Burkina Faso et il a du mal à s’acquitter de la totalité du prix de cession", a-t-il dit.
M. Hotait a ajouté que des scandales de ce genre sont l’apanage de certains gouvernements en Afrique. Il a pris le cas du Cameroun où il a participé à un appel d’offre de vente de licence emporté par un participant qui avait proposé la moitié de ce qu’il avait proposé. "Mais la licence n’a pas été signée à ce jour parce qu’il y a un garde fou dans l’attribution de marchés au Cameroun qui permet au président de la République de ne pas signer un marché entouré d’opacité", a-t-il indiqué.
Aboubacar Almoustapha président du Conseil de régulation des télécommunications au Niger a insisté sur le respect strict du cahier de charges dans son pays dans la vente de licence. Il a rappelé que des licences ont été retirées à des sociétés qui n’avaient pas pu honorer des engagements dans l’application du cahier de charge.
Dr. Adama Traoré de Récomatem et Me Mamadou Konaté, avocat de Koira de Cessé Komé, se sont indignés du non paiement des 22 milliards de F CFA représentant la deuxième tranche des 55 milliards de F CFA du prix d’adjudication de la licence et qui devait être apurée depuis le 12 mai 2013.
Si M. Traoré a plaint l’impatience des consommateurs pour l’avènement de la 3e licence au Mali et le risque pour l’Etat de rentrer dans ses droits, Me Konaté a fait savoir que la licence a été irrégulièrement attribuée à Planor Afrique qui était dans le même groupement que son client qui avait 40 % des capitaux contre 60 % pour son désormais ex-partenaire. A ses dires, il devait y avoir un nouvel appel d’offre comme le stipulent les textes en la matière. "Le gré à gré est suspect, le gré à gré est frauduleux, le gré à gré comporte des collusions", a-t-il affirmé.
Pour Me Konaté, l’Etat n’a encore reçu un sou, même pas les 33 milliards de F CFA qui sont au stade de jeu d’écriture dans un compte séquestre. Pourtant, a-t-il ajouté, personne ne bouge le doigt alors que l’offre doit être annulée.