En 2013, Bouillé Haïdara et Mahmoud Dicko, deux leaders religieux, ont appelé leurs partisans à soutenir la candidature d’Ibrahim Boubacar Kéita, pour l’élection du président de la République du Mali. A l’époque, face aux critiques selon lesquelles, la religion n’a pas à occuper le champ politique, les deux leaders ont avancé des préceptes islamiques qui autorisent le Musulman à s’intéresser à la vie politique de la nation à qui il appartient. Inutile d’ouvrir le débat là-dessus.
Nous sommes à la veille des élections présidentielles de 2018 soit cinq ans après celles de 2013. Les mêmes leaders, Mahmoud Dicko et Bouillé de Nioro déclarent : « Tout sauf IBK ». Autrement dit, ils appellent de nouveau, leurs partisans à voter contre le candidat qu’ils ont, eux-mêmes, aidé en 2013, à devenir président de la République. Volte-face ou trahison ? Vous me direz que le religieux ne trahit jamais. Mais bon ! La foi religieuse et la foi politique, sont deux choses. Mais, est-ce que je me trompe en disant, que dans la religion, on apprend à tolérer et à pardonner ? Autrement dit, si ton ami a agi mal contre vous, ou s’est mal comporté, vous deviez le pardonner. Au mieux, vous deviez le conseiller sur le droit chemin à prendre et non lui tourner le dos. Sans quoi, nous irons tous en enfer parce que Dieu et ses prophètes se seraient détournés de nous à cause de nos multiples péchés. Bouillé et Dicko, en bons religieux qu’ils sont ou prétendent être, se sont détournés de leur président IBK au motif qu’il aurait « déçu » et « trahi leur confiance ». Mais quelle leçon de morale pour les fidèles croyants ? Où est la règle de tolérance et du pardon ? Ah ! Politique, quand tu nous tiens !
Sabati 2012, leur mouvement associatif à caractère politique qu’ils ont créé à la veille des élections présidentielles de 2013 et pour ces élections présidentielles, est aujourd’hui divisé par la faute de ces deux leaders religieux. Certains voudraient rester dans la logique du soutien politique demandé en 2013 en faveur d’IBK tout en lui pardonnant pour ce qu’il aurait dû faire et qu’il n’a pas (pu) faire ; d’autres, certainement influencés par les deux leaders (Dicko et Haïdara), pensent qu’il faut changer de cavalier et soutenir un autre candidat. La rancœur est encore vive, dirons-nous. Et la vengeance n’est pas loin. On peut changer de camp et de conviction, selon les circonstances. Cela est permis en politique. L’est-il en religion ? Là, est toute la question.
Nous demandons chaque jour dans nos prières, que Dieu nous pardonne pour les péchés commis. Mais, serions-nous incapables de pardonner nos prochains pour leurs manquements ? Politique et religion, seraient-elles, finalement, incompatibles ?