Depuis 2012, les Régions centres du Mali (Mopti et Ségou) sont l’objet d’une recrudescence de l’insécurité caractérisée par l’usage des engins explosifs improvisés (EEI) qui ont déjà fait et qui continuent de faire de nombreuses victimes militaires et civiles. Malgré les mécanismes de protection sociale (AMO, RAMED) la prise en charge des victimes de ces engins explosifs reste une préoccupation. C’est dans ce contexte de psychose que l’ONG Association pour l’appui aux populations rurales du Mali (AAPPOR-Mali) a initié un projet intitulé « Projet de prévention et de prise en charge rapide des victimes d’engins explosifs dans les Régions de Mopti et Ségou».
Cet important projet qui bénéficie de l’appui financier du service de lutte anti-mines des Nations unies (UNIMAS) vise à prévenir et à assister les victimes d’engins explosifs improvisés, les restes d’explosifs de guerre et les personnes en situation d’handicap dans la zone d’intervention du projet notamment dans les huit cercles de la Région de Mopti et dans les cercles de Niono et Macina à Ségou.
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet, les responsables de l’ONG AAPPOR Mali ont organisé le 27 juin dernier dans les locaux du village artisanal de Mopti une journée de plaidoyer pour la prise en charge gratuite des victimes d’engins explosifs. C’était à l’attention des décideurs de la Région, les médecins chefs des districts sanitaires, les chefs de service du développement social et de l’économie solidaire et des ONG partenaires. Les travaux de l’atelier étaient présidés par le 3è adjoint au maire de Mopti, Idrissa Bella Cissé dit Idi. C’était en présence du président du conseil d’administration de l’ONG, Fakassi Fofana, le représentant de l’UNIMAS, Ousmane Sangaré et plusieurs autres personnalités, dont Mamadou Samassékou représentant le président du conseil régional. Cette journée visait à rappeler à la conscience collective la nécessité de la prise en charge gratuite des victimes d’engins explosifs. Pour ce faire plusieurs communications, dont la présentation du projet, l’assistance apportée aux victimes, les statistiques des incidents liés aux explosifs et l’identification des insuffisances dans la gestion des cas ont été faites pour susciter l’intérêt des autorités administratives, des élus et autres acteurs impliqués de la Région.
Dans son intervention, le président du conseil d’administration de l’ONG AAPPOR Mali, Fakassi Fofana a souhaité la bienvenue aux participants avant d’expliquer le caractère urgent de la prise en compte des questions d’engins explosifs dans les deux Régions citées.
Selon M. Fofana la vie des populations est menacée chaque fois qu’elles franchissent le pas de leur porte. Nul n’est à l’abri des restes d’engins explosifs de guerre, d’explosifs improvisés ou des mines.
En remerciant le partenaire l’UNIMAS pour sa contribution, il a plaidé l’adhésion de tous pour un renforcement de l’aide aux victimes par des financements sûrs et durables tant pour la prise en charge gratuite médicale, psychologique que les AGR.
A la suite des différentes présentations et des questions réponses un des moments émouvants a été le témoignage de Sory Komou, un rescapé des mines en 5è région. Commerçant de son état, âgé de 46 ans, il a raconté qu’en partant au marché de Korientzé leur véhicule a sauté sur une mine le 28 février 2018 entre Woumèrè et Kontza dans la commune rurale de Konna, cercle de Mopti. L’accident a fait des morts et d’importants dégâts matériels. Parmi les blessés figure Sory Komou touché au dos par les fragments de la déflagration. Après le temps d’hospitalisation, il a bénéficié du projet des vivres et non vivres et une somme de 150.000 Fcfa pour la reprise des activités génératrices de revenus (AGR).
Dramane
COULIBALY
AMAP-Mopti