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Secteur socio sanitaire : Lisez les cris de cœur de Dr Guida Landouré
Publié le mercredi 18 juillet 2018  |  confident
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Long mais intéressant à lire, surtout mes collègues du secteur socio sanitaire.

Depuis un certain temps, ayant constaté la froideur de certains collègues envers moi, j’avais décidé de ralentir mes post “auto-flagellants”. Certains m’avaient même fait des remarques. Mais, une histoire vécue récemment m’a tellement fait mal que j’ai rêvé d’un des chefs que je voulais saisir. Si je garde ces choses pour moi seul, je me rendrais malade.



Hier soir, je pars voir le père d’un collègue que je suivais dans un autre service. Arrivé dans le service, j’ai trouvé qu’on lui faisait des soins. J’ai attendu tranquillement à côté. J’ai vu la dame faire un mauvais geste avec la tubulure qu’elle voulait adapter. J’ai dit à son collègue à côté d’aller lui dire de ne plus mettre cette tubulure. Il lui a dit mais elle a continué avec sa manipulation et a fait un second geste mal propre. Là je suis allé moi-même lui dire “Madame, ne mettez plus cette tubulure”. Elle me répond “Attendez de voir si je la mets pour parler. Pourquoi vous me harcelez” avec un ton agressif, racontant ce qui s’est passé avant. Je réponds “Madame, ce n’est pas moi qui vous ai parlé pour les fois précédentes, donc vous ne devez pas mal me parler“.



Elle se fâche et jette tout le flacon avec sa tubulure dans la poubelle. Elle me dit “toi tu me vois à l’instant mais tu ne sais pas si je suis stressée”. Je lui réponds qu’elle ne doit pas dire aux gens qu’elle ne connait pas “toi” et avec un ton grave et que le stress fait partie de sa formation et jusque-là je lui dis “vous”. Elle me dit que je n’ai pas à lui faire des remarques. Je réponds qu’en tant que son maître j’ai le droit et le devoir de lui faire des remarques si elle fait des fautes. Elle continue et continue…

J’ai dû refermer la porte pour aller au chevet du patient. Pour une des rares fois, je portais ma blouse sur laquelle elle pouvait lire MD. Peut-être que ma coiffure faisait de moi le clown. Ce doit être une interne. Ce n’est pas la première fois dans ce service. Une autre avait bloqué les deux voies d’accès de ce service à un médecin qui voulait qu’elle vienne donner un avis.

Avant ça, le 25 mai, je suis allé avec un collègue donner un avis dans un autre service. Arrivés, on n’a pas vu la DES de garde. On l’a appelée nous référant sur la liste de garde. Elle me demande de m’adresser à l’infirmière. Je lui dis qu’on vient donner un avis. Elle me répond qu’elle pensait que je venais voir un patient et qu’elle arrive. Même si c’était pour voir un parent, la courtoisie qu’on nous avait apprise est d’accompagner un collègue médecin au chevet du malade et de lui dire un peu sur le cas.

Mais on a attendu 30 minutes au bout desquelles on a décidé d’aller voir la patiente. Jusqu’à la fin elle n’est pas venue. On a mis notre conduite à tenir, espérant qu’elle viendra lire. Le lendemain, je l’ai appelé pour me rassurer qu’elle avait lu mais elle n’a pas décroché et n’a pas rappelé. Malheureusement, le lundi, on a constaté que rien n’était fait. J’ai fait la remarque au collègue qui nous avait demandés l’avis qui m’a répondu qu’elle leur pose des problèmes et qu’ils s’en sont plaints en vain.

Quelques jours plus tard, un collègue laborantin m’a appelé parce qu’il voit mes post. Il s’est plaint de cette même dame qui a exigé que ses parents fassent leurs analyses dans un autre labo bien qu’ils lui ont dit avoir un parent laborantin qui pourrait le faire gratuitement. Elle leur dit qu’elle ne regardera pas les analyses s’ils ne font pas au lieu indiqué. On aurait compris si elle voulait la qualité. Mais tenez-vous bien, cette même dame était passée chez le même laborantin quelques mois auparavant réclamer ses ristournes et le laborantin lui avait dit qu’il ne donnait pas de ristournes. Pas plus que Jeudi dernier, un délégué médical me parlait de la discourtoisie de cette même dame.

Plus grave, alors que je causais avec une de nos “infirmières” de garde (parce qu’elle ne l’est pas mais fait fonction), on parlait de groupes sanguins. Elle ne savait qu’il y avait différents groupes et pourtant elle faisait des transfusions. Le petit cours que lui ai fait ne pourrait rien servir. Il y a environ un an, on recrute certaines d’entre elles pour faire officiellement nos gardes (elles sont bénévoles, un autre problème), sans faire une sélection ou nous demander leur capacité ou nos préférences parmi elles.

Ce jeudi tout près, les urgences nous ont envoyé un patient pour une consultation neuro. Le patient était venu dans leur service le même matin pour paraplégie, aucun trouble de conscience ou un autre symptôme qui nécessiterait des soins d’urgence. Ils lui font faire un scanner lombaire dans une clinique (un jour ouvrable), un bilan biologique pas compatible avec son état et de grosses ordonnances autour de 30 000 le même matin avant de nous l’envoyer. Plus de 100 000 F de dépenses.

Juste à l’interrogatoire, notre DES a situé le problème au niveau dorsal, donc il doit faire un autre scanner. C’est ce même service qui refuse souvent de même faire descendre certains patients ou jeter un coup d’œil pour faute de place. Le médecin qui fait ça est connu de tous. J’ai l’habitude d’aller me plaindre à la direction, on me répond qu’il est comme ça et qu’ils ont tout fait, oui tout fait. Je ne parle pas avec ce médecin.

Les gens vont dire qu’on ne doit pas dire ces choses sur Facebook, oui. Mais et si c’est Facebook qui nous écoute. Chacun de ces cas a été rapporté au supérieur immédiat (à part celui d’hier) mais rien ne change par ce qu’il n’y a pas de sanctions ni de changement de comportement.

A qui la faute, nous tous : formateurs, recruteurs, administrateurs et politiciens.

En 2002, j’ai soufflé le diagnostic du sujet de neuro à un étudiant dans la salle d’examen. Trois ans plus tard, il a arnaqué mes parents après même qu’ils se soient présentés de ma part. Il a raison, c’est moi qui lui ai appris à voler.

L’“infirmière” qui ne connait pas les groupes sanguins a fait un accident de soins avec ma propre mère, j’ai rapporté au staff mais elle continue à faire des soins.

Disons-nous juste une chose, ceux qu’on forme aujourd’hui sont ceux qui nous soigneront demain.

Chers confrères, je ne suis pas irréprochable ni parfait mais si on veut avoir un statut particulier il faut être particulier. Il y a des choses qui n’incombent pas forcément au “chef suprême” des soins hospitaliers.

Dr. Guida Landouré, neurologue au CHU du Point-G

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