A mi-parcours, la campagne pour l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 bat son plein, apportant dans le sillage des cortèges des candidats un peu plus d’ambiance dans les contrées les plus reculée du pays. S’il est encore tôt de faire un bilan, on peut tout de même relever le faible enthousiasme autour des déplacements électoraux du président sortant IBK. Loin de dicter le tempo à travers les méga-meetings qu’autorise la débauche de moyens, le candidat Ibrahim Boubacar Keita est plutôt à la peine pour remplir des stades d’envergure moyenne (12 à 15000 places) comme à Kayes et à Mopti. De quoi regonfler le moral de ses principaux challengers qui font nettement mieux en matière de mobilisation.
L’accueil et le meeting en demi-teinte de IBK à Kayes révèle un côté hideux de ses partisans qui va au-delà de la petite mauvaise foi qui est le sel de la politique.
Paradoxalement, c’est Boua lui-même qui fait acte d’humilité, en donnant les raisons de la faible mobilisation, pour conclure qu’il se contente bien volontiers du public présent qu’il n’a pas manqué de remercier.
A contrario, les plus zélés de ses partisans, sans doute nostalgique du meeting de 2013 aux mêmes lieux, étaient tout plein de rage devant le spectacle d’un stade Makoro Sissoko aux 2/3 vide. Ce désaveu pour leur candidat de Président sortant leur est tout simplement insupportable. Alors ils remplissent le vide du stade de mensonges et de trucage de toutes sortes.
C’est le photographe attitré de la Présidence un certain Madou’s qui, sans peur du ridicule, assène sur Malijet que l’aéroport et le stade de Kayes ont refusé du monde au meeting de Boua. Comme ce monsieur comprend son métier comme l’art de faire mentir les images il se livre à un montage serré sur la tribune couverte où était massée les deux milliers de participants venus écouter IBK.
Dans un registre tenant plus du courage de gueule que du mensonge, un animateur stipendié qui ne mérite pas d’être nommé dans ce journal, réussit un numéro de pitreries de haut vol en décrétant que 45.000 personnes sont sorties à la rencontre de Boua, soit près de la moitié de l’électorat de Kayes ville. Le même qui nous bassinait il n’y a guère de religion musulmane au nom de tous les saints du Mali, oubliant que le premier devoir que doit à Dieu, à soi-même et aux autres c’est la vérité.
A la suite de Madou’s et de l’animateur de pacotille, toutes les petites mains favorables au régime se sont mis à tricoter sur les comptes Facebook sponsorisé des versions plus loufoques les unes que les autres avec un objectif commun de transformer l’échec de Kayes en un retentissant succès.
Fiasco à Mopti
Si cette communauté de Trissotin prenait le temps d’écouter leur champion expliquer que la mobilisation n’était pas folichonne, elle éviterait de tomber dans des falsifications bien plus gênantes pour leur propre camp.
Cette campagne de désinformation a été précédée par la diffusion des images du meeting filmées sans doute à partir des smartphones et qui montrent IBK splendidement isolé au milieu de nulle part dans in stade qui sonnait creux faute de public. Au point que le cortège présidentiel qui s’était gaillardement engagé un tour de terrain a dû faire demi-tour pour stopper un mouvement panoramique de caméra du plus désastreux effet.
Cette agitation fébrile pour remplir le vide du stade de mensonges malhabiles accréditerait plutôt la version de ceux qui affirment que le calme apparent de Boua cachait une colère rentrée de devoir se retrouver dans une position risible pour un président sortant dans un stade de 12 000 places. Comme un pied de nez, le candidat Aliou Diallo de ADP-Maliba avait rempli, vingt-quatre heures plus tôt le même stade, paradant d’un bout à l’autre du terrain et décochant au passage dans son adresse une flèche à IBK qu’il aurait dépanné en véhicules pour sa campagne de 2013.
A l’évidence, la campagne de Boua manque sacrément de pot ! A peine ses partisans avaient-ils commencé à monter en épingle le meeting du 8 juillet au stade du 26 Mars que ses dessous peu ragoutant ôtaient à l’événement tout son éclat.
Et à peine la rédaction de ce texte terminée, nous apprenons le fiasco du passage de IBK à Mopti dans un stade Barema Bocoum clairsemé dans in parfait remake de Kayes !
Il faut compter sur sa fine équipe pour nous sortir encore des explications abracadabrantesque, sinon à aller prendre les images de Soumaïla Cissé à Sikasso qui a annulé son meeting pour cause d’orage tout en ayant l’élégance de venir sur place saluer ceux et celles qui étaient au stade au moment de la pluie. Dans le cas de Boua, aucune intempérie à signaler à Kayes ou à Mopti. C’est la météo politique qui est déréglé dans la campagne du Président sortant.