L’alliance Ensemble Pour le Mali qui a comme candidat, le président sortant Ibrahim Boubacar Keita a présenté le samedi 21 juillet dernier, son programme 2018-2023. C’était à l’hôtel Sheraton de Bamako. Il s‘agit d’un programme comprenant 5 axes principaux pour un coût total de 10.574 milliards FCFA qui seront financés par le budget national, les collectivités territoriales, le secteur privé, les organisations de la société civile, les marchés financiers et les partenaires au développement.
La cérémonie de présentation du programme « Notre Grand Mali Avance…» a eu lieu en présence du candidat lui-même, du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga et des membres de l’Alliance Ensemble Pour le Mali.
Le premier axe du projet est consacré à la Gouvernance, les réformes politiques et institutionnelles. Cet axe est consacré aux ambitions du candidat IBK sur la paix, la sécurité, la défense, la réconciliation nationale et la cohésion sociale.
Pour la sécurité, le président IBK promet d’accorder une priorité à la pérennisation de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM), la Loi de Programmation sur la Sécurité Intérieure (LPSI) et à la mise en œuvre effective de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. A cela s’ajoutent le renforcement de la prévention et la lutte contre le terrorisme avec une attention particulière réservée à la mise en œuvre des stratégies et tactiques du contre-terrorisme. Des facteurs qui contribuent à favoriser la paix, la sécurité et l’intégrité territoriale.
Pour l’atteinte de ces objectifs, le candidat IBK promet d’accélérer le cantonnement, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, de même que le processus d’intégration.
Un programme ambitieux
A cet effet, il promet de mobiliser 15 milliards FCFA pour boucler le programme DDR et 20 milliards FCFA pour accompagner le processus d’intégration, les deux processus portant sur une estimation d’environ 15.000 ex-combattants, prenant en compte les questions d’inclusivité des jeunes de Gao et du Centre.
Ibrahim Boubacar Keita propose aussi de mettre en œuvre la Stratégie de Réforme du secteur de la sécurité (RSS), permettant entre autres, l’implication des communautés et des autres acteurs de la nouvelle dimension de la sécurité humaine, dans la prise en charge de leur propre sécurité, de rendre opérationnelles les unités de patrouilles mixtes du MOC à Kidal et à Tombouctou. Mais aussi de parachever la mise en œuvre de la LOPM et de la LPSI en 2019 dans le but d’assurer au pays, des forces à pleine capacité opérationnelle, avec l’appui des partenaires de la MINUSMA, de l’UETM, de l’EUCAP et de la force conjointe G5 Sahel. 1 800 milliards FCFA seront nécessaires pour cela sans compter le coût de la Force conjointe du G5 Sahel et des autres intervenants. En plus, IBK promet de redéployer de façon progressive, l’armée reconstituée sur toute l’étendue du territoire national. Il s’agit d’une armée nationale respectueuse des valeurs de la République et des Droits Humains, bien formée, bien équipée pour assurer sa mission régalienne.
Toujours concernant la sécurité, IBK promet de créer d’autres unités spéciales de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière selon les besoins, avec l’appui des forces partenaires et la communauté internationale, de renforcer en qualité été en quantité, les forces de Défense et de Sécurité, d’optimiser les moyens opérationnels à travers l’acquisition de moyens complémentaires et la recherche de moyens opérationnels adaptés à la nouvelle configuration des menaces. Mais aussi, la mise en place d’un conseil de crise auprès du président de la République, l’optimisation des moyens et le renforcement des capacités opérationnelles des services de renseignement avec l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que l’augmentation du budget actuel pour améliorer la qualité du renseignement. Il s’agit également d’optimiser la sécurité territoriale de façon rationnelle à travers la poursuite du plan intégré de sécurisation des régions du Centre du Mali, la création d’unités de forces spéciales au niveau des capitales régionales et d’assurer un maillage cohérent du territoire. En plus d’améliorer les capacités opérationnelles de l’armée à travers la poursuite de l’acquisition du vecteur aérien, de l’armement, du matériel roulant tactique adapté et du matériel de protection et la poursuite de l’acquisition de nouveaux matériels majeurs de déploiement rapide et de protection des troupes et l’amélioration du cadre de vie et de travail du personnel, la mise en exécution du Décret d’application du statut général des militaires et des textes subséquents….Le coût d’une telle ambition est de 800 milliards FCFA.
En ce qui concerne la paix et la cohésion sociale, le candidat d’Ensemble Pour le Mali promet le renforcement d’un cadre institutionnel favorable à la cohésion sociale avec la prise en charge des jeunes déradicalisés et la promotion de l’intégration et l’insertion des couches sociales vulnérables sur l’ensemble du territoire national.
Par ailleurs, il promet de poursuivre le processus de réformes institutionnelles, l’amélioration de la gouvernance avec l’instauration de primes liées à la performance pour récompenser les fonctionnaires méritants, la réforme la justice, etc…
Parlant de l’économie, IBK promet la promotion de la finance islamique comme mode de financement alternatif à travers l’amélioration significative des recettes à l’horizon 2023, le renforcement et la modernisation de la gestion des finances publiques, le respect des critères de convergence en 2021, l’élaboration des outils nécessaires à l’évaluation des politiques publiques et la poursuite des évaluations des politiques en répertoriant les possibilités d’économie dans les sous-secteurs des administrations publiques et des collectivités territoriales, la formation des managers publics à la culture de Gestion Axée sur les Résultats et la budgétisation sensible au Genre, l’élaboration et la mise en œuvre du projet d’autonomisation financière des femmes, l’élaboration et la mise en œuvre du projet d’autonomisation financière des jeunes, l’élaboration et la mise en œuvre du projet de développement de la microfinance islamique au Mali…. Le coût du projet est estimé à 15.000.000.000 FCFA.
Pour ce qui est de l’agriculture, l’élevage, la pèche, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les visions du candidat IBK sont les suivantes : la maîtrise et la gestion rationnelle de l’eau à usage agricole à travers l’aménagement de 70.000 hectares en maîtrise d’eau et l’installation de 20.000 agriculteurs sur des superficies de 3 et 5 hectares, la diversification de la production agricole, le développement des filières porteuses dont le fonio, le sésame et la gomme arabique sur toute l’étendue du territoire, l’anacarde dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou, la poursuite de la mécanisation de l’agriculture, la mise à disposition d’équipements adaptés aux exploitations agricoles, la sécurisation foncière sur la base d’immatriculation des exploitations agricoles et l’intensification des campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation foncière sur l’importance de l’immatriculation des exploitations agricoles….
Pour l’Elevage et la Pêche, il est prévu la mise en œuvre d’un programme national de mise en place d’infrastructures de stockage et de commercialisation, la poursuite de la mise en œuvre du programme de construction de trente-cinq (35) marchés à bétail, vingt-quatre (24) aires d’abattage, onze (11) étals de boucherie et vingt-cinq (25) unités de transformation de viande séchée, la restauration de trois cent mille (300.000) ha de parcours pastoraux et de pâturage, l’aménagement de vingt (20) pêcheries en vue de restaurer celles dégradées ou détruites, l’aménagement de trois cent quatre-vingt-trois (383) mares, la mise en œuvre d’un programme national d’empoissonnement des plans d’eau par l’installation de mille cinq cents (1500) jeunes dans la pisciculture en cages flottantes et de deux cents (200) femmes et jeunes filles dans la pisciculture en bacs hors sol pour un coût total de 46,5 milliards FCFA.
Pour la promotion de l’industrie, les Investissements et du Secteur Privé, le Commerce, l’Artisanat, le Tourisme, IBK prévoit l’amélioration de l’environnement des PME et du climat des affaires, la valorisation des matières premières à travers un cadre incitatif et des avantages spécifiques accordés aux unités de transformation des produits primaires notamment, le coton, l’or et l’appui aux promoteurs de projets d’unités de production de riz, de sucre, de lait, de farine et d’huile, la facilitation de l’accès des PME à la commande publique, la mise en place d’un fonds d’investissement des PME, l’accréditation des laboratoires nationaux, la promotion de la certification des produits « Made in Mali », la valorisation des produits locaux et de la chaine de valeurs et la promotion des exportations…
Concernant les équipements, les infrastructures, le transport, l’énergie, les mines, l’habitat et le foncier, IBK promet l’entretien et la réhabilitation des équipements et infrastructures existants ainsi que la poursuite du désenclavement intérieur et extérieur du pays par la construction de nouvelles infrastructures de qualité et le changement des caractéristiques techniques. Ainsi, il prévoit la réalisation, l’achèvement ou la réhabilitation de plusieurs infrastructures routières notamment l’autoroute Bamako-Ségou, l’autoroute Bamako-Sikasso, Gomacoura-Tombouctou, la route RN6 (tronçon Ségou-Gao), le 4ème pont à Bamako, la voie de contournement de Kati (Bamako-Nonssombougou), la route Kolokani-Dièma-Kayes, la route Kita-Bafoulabé, la route Tombouctou-Gao-Kidal, la liaison RN6-RN7 (tronçon Dioila-Koumantou), la route Macina-Diafarabé-Ténenkou avec un pont sur le fleuve Niger au niveau de Kéra, la route Douentza-Bambaramaoudé-Tombouctou, la route Douentza-Koro, les axes routiers Kidal-Gao- Tombouctou-transsaharienne, Gao- Bourem-Taoussa, Bourem-Kidal, Kidal-Timiaouine (Frontière Algérienne), Anefis-Tessalit-Bordj-BajiMoctar, Kidal-Ménaka, Ansongo-Ménaka- Andéramboukane- Frontière du Niger, Douentza-Gao. Il s’agit aussi de la route Gossi-Gourma Rharouss, de la piste Boré-Korientzé-Aka, de la piste Mounia-Diafarabé- DiaTenenkou-Youwarou, Indelimane-Frontière Niger, Ansongo-Tessit-Frontière Burkina Faso, Léré-Fassala- Frontière Mauritanienne. IBK entend également améliorer l’approvisionnement en services énergétiques modernes et durables pour les populations urbaines et rurales, le doublement de la capacité de la centrale hydroélectrique de Sotuba II et la construction d’une centrale thermique au fuel lourd à Kayes, le raccordement au réseau interconnecté de la ville de Kangaba et de Ouéléssébougou et la construction de la liaison double terme Sikasso-Bougouni-Sanankoroba-Bamako et l’électrification des centres urbains, l’accroissement de la part des énergies vertes à moindre coût dans le mixte énergétique, la construction de centrales solaires à Kita, Kati, Koutiala et Ségou et de centrales hybrides photovoltaïques-thermiques diesel à Tombouctou avec raccordement des villes de Diré, Goundam et Niafunké et à Kidal, la révision et l’harmonisation des différentes législations en matière domaniale et foncière et l’élaboration des textes d’application, la diffusion des textes législatifs et réglementaires en matière domaniale et foncière, l’application rigoureuse des textes en matière de gestion domaniale à tous les niveaux de l’administration, la mise en place et l’opérationnalisation des commissions domaniales et foncières à différents échelons de l’administration territoriale, la construction et la mise à disposition des populations très modestes de 20.000 logements sociaux et de 10.000 logements économiques.
En ce qui concerne la santé, l’éducation, la formation professionnelle, le développement social, les actions humanitaires, le candidat IBK ambitionne de poursuivre la réforme du système de santé avec la restructuration de la Direction Nationale de la Santé en l’érigeant en Direction Générale de la Santé et la création d’une Direction des Hôpitaux avec le projet de transformation du CNAM en Direction Générale des hôpitaux chargés du suivi et de l’accréditation des structures hospitalières et de l’Agence Nationale de Maintenance chargée de la maintenance des équipements médicaux, chirurgicaux et biomédicaux, de la logistique roulante et de la chaîne de froid. Il prévoit aussi d’améliorer l’accès aux services de santé de la femme enceinte, de doter tous les CSCOM de plus de quinze mille (15.000) habitants à quarante mille (40.000) habitants, d’un Tricycle-ambulance médicalisé, d’une salle d’opération, d’une unité de radiographie et d’un laboratoire, le recrutement en masse du personnel qualifié diplômé en santé, d’appuyer le retour et l’implantation des populations déplacées et/ou rapatriées et l’aménagement des sites de retour des populations réfugiées et/ou déplacées. Il promet de mettre en place un régime d’assurance maladie Universelle (RAMU), d’appuyer la création de mutuelles de santé en partenariat avec les collectivités territoriales, d’étendre la couverture sociale aux Maliens résidant à l’extérieur, de lutter contre la mendicité dans les centres urbains avec la construction de centres d’hébergement et de formation professionnelle pour ex enfants-mendiants et ex mendiants-handicapés, l’initiation d’activités génératrices de revenus pour les mères ou tuteurs des enfants mendiants et pour les mendiants handicapés, le financement de 3000 jeunes entrepreneurs d’un coût de 18.000 000.000 FCFA et de 1000 femmes entrepreneurs d’un coût de 6000.000.0000 FCFA.
Pour le quatrième axe de son programme consacré à l’environnement, le changement climatique et le développement durable, les ambitions du candidat Ibrahim Boubacar Keita sont entre autres, d’assurer la satisfaction, en quantité et qualité, des besoins d’alimentation en eau potable des populations à travers le développement de l’hydraulique urbaine et rurale, de renforcer ou doter les centres urbains de systèmes complets d’Adduction d’Eau Potable avec des branchements domiciliaires, les centres semi-urbains de systèmes d’Adduction en Eau Potable ou d’Adduction d’Eau Sommaires et les villages et sites de points d’eau potable avec possibilité d’installer des bornes fontaines, de réhabiliter les anciennes zones de production d’or pour les rendre aptes à la production agricole. Il prévoit l’assainissement et la dépollution des zones dégradées par l’orpaillage et de lutter contre le dragage abusif et désordonné des cours d’eau à des fins d’orpaillage, etc.
Le dernier axe est consacré à la diplomatie, à la coopération et au partenariat.
Les promesses faites à ce niveau par IBK sont la défense des intérêts du Mali et la protection des Maliens à l’étranger, la mobilisation des ressources financières en faveur du développement du pays en renforçant la visibilité et l’image du Mali à l’extérieur, l’adoption de la Politique Nationale de Coopération et de Développement (PNCD), l’actualisation de la carte diplomatique et consulaire de la République du Mali, la promotion de l’intégration africaine, l’orientation des fonds de la diaspora en faveur du développement économique du pays, la capitalisation des bonnes pratiques en matière de gestion de la migration.
Lors de la présentation de son programme, le candidat IBK a rappelé que lorsqu’il venait au pouvoir en 2013, le pays était presque à terre. Il a souligné quelques-uns de ses acquis phares durant ses 5 ans de gestion. Il s’agit de la signature de l’accord d’Alger qui préserve la laïcité, l’intégrité et le caractère républicain du pays qui étaient menacés, la conférence d’entente nationale, le retour de certaines localités dans le giron de l’Etat, la montée en puissance de l’armée avec des moyens adéquats dont des avions pour assurer la défense du territoire. Il a d’ailleurs annoncé l’arrivée d’autres avions militaires dans les jours à venir.