Le président de la Commission élec¬torale nationale indépendante(CENI), Amadou BAH, a animé hier lundi une conférence de presse à la Maison de la presse du Mali. L’objectif de cette rencontre avec les médias était de faire le point des préparatifs du scrutin présidentiel du 29 juillet 2018.
Cette rencontre, qui intervient au len¬demain d’une vive polémique entre l’opposition et la DGE autour du fi¬chier électorale, a été l’occasion pour le premier responsable de la structure en charge du suivi et de la supervi¬sion du processus électoral (CENI) de se prononcer sur le sujet. Il s’agissait pour lui de donner toutes les informa¬tions utiles relatives au processus.
Justement, concernant la polémique sur le fichier, le président de la CENI a souligné, d’entrée de jeu, que la CENI n’a pas encore été officiellement saisie par une quelconque partie concernant des irrégularités sur le fichier électo¬ral. Toutefois, a-t-il précisé, ce docu¬ment relève de la responsabilité de la DGE et il revient à ses responsables de répondre à toutes les questions re¬latives à ce fichier. «Il appartient à la DGE d’apporter les éclaircissements nécessaires», a-t-il dit. Dans tous les cas, la CENI a participé, dans le cadre de ses missions de suivi et de super¬vision, à l’audit du fichier qui a eu lieu du 15 au 25 avril 2018. D’ailleurs, a-t-il précisé, la présidence du comité des experts était assurée par sa structure. Cet audit, a-t-il rappelé, a été fait à la demande du gouvernement du Mali qui a à cet effet adressé une corres¬pondance à l’Organisation internatio¬nale de la francophonie(OIF), pour la mise à disposition d’experts inter¬nationaux indépendants. De même, a-t-il fait savoir, le comité était com¬posé de 4 experts internationaux, deux experts de la majorité, deux de l’opposition, un expert de la société civile, un expert désigné par les partis non affiliés et 3 experts de la CENI. Après avoir siégé pendant dix jours, le comité, a dit M. BAH, est arrivé à la conclusion que ce fichier était fiable pour servir de base à l’organisation des élections de 2018, sous réserve d’être amélioré sur certains aspects. «Il y a une mission, composée du représentant de la DGE, du ministère de l’administration territoriale et de la CENI qui est parti avec ce fichier élec¬toral audité à l’imprimerie nationale de France pour la confection des cartes d’électeur», a-t-il témoigné. Et le tout, a-t-il précisé, a été fait en présence d’un huissier qui a constaté que ce fichier comportait 8 000 462 électeurs pour 23 041 bureaux de vote. «C’est ce fichier qui a été déposé à l’impri¬merie pour confectionner les cartes d’électeursous la foi d’un huissier qui a fait un rapport et ce rapport est dis¬ponible», a-t-il certifié. Selon Amadou BAH, s’il y a des irrégularités qui ont été constatées par certains acteurs, il appartient à la DGE d’apporter les explications nécessaires.
S’agissant des questions de doublon, il a indiqué que les experts ont consta¬té que tous les électeurs inscrits sur ce fichier étaient logé dans un bureau de vote. «Il y’a pas de bureau de vote sans électeurs et il y a l’unicité de l’électeur ; c’est-à-dire, aucun électeur n’est inscrit deux fois sur ce fichier», a-t-il rassuré.
Selon lui, le Mali a créé les conditions pour des élections apaisées et il est de la responsabilité de chaque acteur de faire en sorte que cet objectif soit atteint. A cet niveau, il a souligné les innovations de la loi électorale qui pré¬conise, entre autres le remplacement de la carte NINA par les cartes d’élec¬teur biométriques afin de donner des précisions sur le centre et le bureau de vote ; la présence d’un accesseur de la majorité et de l’opposition dans le bureau de vote, etc.
Faisant le point sur l’état des prépara¬tifs de l’élection présidentielle, la pré¬sident de la CENI a salué une atmos¬phère seine et apaisée pour aller aux élections.«La campagne électorale se déroule de manière civilisée. Nous sommes dans la dernière semaine, on ne sait pas ce qui va se passer, mais pour le moment, pas de débor¬dement», a-t-il fait constater. Avant d’ajouter qu’à la veille de la campagne électorale, la CENI a appelé tous les acteurs au respect de la loi électorale.
Il a rappelé que la CENI a été instal¬lée le 24 mars 2017 par le ministre de l’administration territoriale. A ce jour, des démembrements ont été mis en place à l’intérieur du pays ainsi que les 45 juridictions de l’extérieur du pays. La CENI et ses structures comptent aujour4.788 membres permanente en plus du personnel d’appui et des agents de sécurité.La CENI a super¬visé la révision annuelle des listes électorales ainsi que la révision ex¬ceptionnelle. Elle a procédé en 2018, à la supervision de la confection des cartes d’électeurs ainsi que l’audit du fichier électoral.La supervision de la campagne électorale ainsi que l’enre¬gistrement des messages de cam¬pagne des candidats est en cours.
A la veille de cette élection, la CENI, selon ses responsables, est confron¬tée à des difficultés liées au manque de ressources financières. «Nous avons eu plusieurs séances de dis¬cussion avec les services techniques du Ministère des Finances. Suite au constat d’échec de ces différentes rencontres, la CENI a sollicité l’arbi¬trage du Premier Ministre le 4 juin 2018 sans succès», a déploré Ama¬dou BAH, président de la CENI.