La Plateforme des syndicats de la santé du Mali (PLASSMA), qui regroupe la Fédération des syndicats de la santé et de l’action sociale du Mali (FESYSAM) et le Syndicat des médecins du Mali (SY¬MEMA) a animé, hier lundi, au siège de la CSTM, une conférence de presse. À l’ordre du jour, son préavis de grève de 15 jours déposé sur la table du ministère du Travail et de la fonction publique, le 10 juillet dernier, et qui entre en vigueur à partir du 26 juillet prochain.
Les principaux conférenciers étaient le secrétaire général par intérim de la Fé¬dération des syndicats de la santé et de l’action sociale du Mali (FESYSAM), le Dr Seydou CISSE, et le secrétaire géné¬ral adjoint du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA), le Dr Boubacar NIARE. On notait également la présence de plu¬sieurs membres des deux organisations syndicales.
Le Dr CISSE a commencé par un rappel des différentes négociations avec les au¬torités qui se sont soldées par un échec.
«C’est l’indifférence des autorités à satis¬faire nos revendications qui nous a conduit à aller en grève de 38 jours en mai 2017 ; observer une grève de 9 jours séquen¬cés en juin 2018 et à déposer le présent préavis de grève de 15 jours allant du 26 juillet au 9 août 2018. A défaut d’accord, à l’issue des négociations, qui démarrent aujourd’hui mardi, nous nous réservons le droit d’enclencher cette grève illimitée», a déclaré le principal conférencier, le Dr CISSE.
Faisant le bilan de la derrière grève de 9 jours séquencés, Dr CISSE a fustigé le comportement peu responsable de Mme la ministre du Travail et de la Fonction publique, qui a manifesté sa volonté de ne pas rencontrer les responsables syn¬dicaux qu’elle dénigre sur les médias d’Etat.
«Une petite dose de bonne volonté des autorités aurait suffi pour résoudre cer¬taines de ces doléances », a-t-il souligné.
Dans la même dynamique, le conféren¬cier a déploré « l’indifférence du gouver¬nement » dans le dépôt du cahier de do¬léances du SYMEMA, depuis le 12 juillet 2017.
Ainsi, la Plateforme des syndicats de la santé du Mali exige, sans délai, l’adoption d’un statut particulier des fonctionnaires de la santé et de l’hygiène publique. Ce point comporte 5 sous-points, relatifs au statut particulier avec une grille, le recru¬tement sur titre des pharmaciens, chirur¬giens et dentistes, la mise en place d’un fonds pour les médecins privés, l’aligne¬ment des agents de santé B2 sur le même niveau de salaire que ceux du Système LMD, de même que les assistants-mé¬dicaux (Bac+3= Maîtrise) avec ceux du Master ; la création d’une passerelle entre la Fonction publique des collectivités ter¬ritoriales et l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique. Sur ce point, le conférencier estime que l’enseignement et la recherche étant le socle du dévelop¬pement d’un pays, il ne doit pas y avoir de restriction à ce niveau.
«Actuellement, les médecins sont les seuls dans le Statut général des fonc¬tionnaires de la Fonction publique. Pour preuve : les magistrats, les enseignants, les policiers, à la suite des mouvements de grève, ont obtenu un Statut particu¬lier. Les derniers à sortir du Statut géné¬ral des fonctionnaires de la Fonction pu¬blique sont les Administrateurs civils qui viennent d’avoir un Statut particulier », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, ont révélé les syndicalistes, pour l’année 2017, le Mali a engagé 25 milliards FCFA dans les évacuations sa¬nitaires vers l’extérieur. Cette importante manne financière, pour eux, peut amé¬liorer le plateau technique de toutes nos structures de santé.
Pis, soutiennent-ils, contrairement aux autres pays de la sous-région, où le re¬crutement des médecins est systéma¬tique par ordre d’arrivée, au Mali, ils sont soumis au concours du Numerus clausus à la Faculté de médecine et au concours d’entrée à la Fonction publique.
Autre contraste, l’OMS recommande 23 médecins pour 100 000 habitants. Au Mali, on est à moins de 5 médecins pour 100 000 habitants. Et pourtant, il y a des milliers de médecins qui chôment.
En tout cas, préviennent les conféren¬ciers, en cas de non-satisfaction de ces doléances, la Plateforme décidera d’ob¬server une grève de 15 jours: du 26 juillet au 9 août 2018.
Après cet arrêt de travail, si un accord n’est pas obtenu à l’issue des négocia¬tions prévues pour aujourd’hui mardi avec le gouvernement, la Plateforme se réserve le droit d’engager une grève illi-mitée.
Selon les conférenciers «le mouvement de grève n’est plus au niveau des leaders syndicaux, mais des agents de santé qui ont décidé de prendre en main leur des¬tin».
De même, soutiennent-ils, ils ne voient pas l’élection présidentielle du 29 juillet en termes d’opportunité, ou le déclen¬chement de la grève comme une prise de position politique, leur seul but est l’amé¬lioration des conditions de vie et de travail des agents de santé, gage d’une meil¬leure qualité des soins médicaux.
En tout cas, rien ne semble entamer leur détermination à aller jusqu’au bout de leur lutte, à moins que le gouverne¬ment s’engage concrètement à satisfaire leurs doléances, au regard de la crise de confiance entre les deux parties, et sur¬tout de la sensibilité du secteur qu’est la santé.