Le personnel politique, la société civile ou tout simplement le citoyen lambda, tout le monde craint une crise postélectorale aux conséquences incalculables. Mais force est de constater que le régime IBK, organisateur de l’élection présidentielle, maintient la crise postélectorale comme une épée de Damoclès par-dessus la tête du peuple malien, avec une tentative de fraude pour passer au premier tour du scrutin présidentiel.
En effet, avec cette histoire de fichier parallèle déjà décriée par l’opposition avec un riche argumentaire à l’appui, en plus de multiples manipulations intervenues au cours du processus électoral, il y a de quoi craindre le pire, de la part d’un régime aux abois car largement décrié dans tous les coins du pays.
C’est donc une lapalissade que des doutes planent déjà sur la sincérité de l’élection présidentielle car les organisateurs de ce scrutin, en l’occurrence le Premier ministre SoumeylouBoubeyeMaïga et son équipe veulent tricher à qui mieux mieux au profit du président de la République sortant, IBK, candidat à sa propre succession. Pour preuve, de nombreuses incohérences entre le fichier électoral audité et la version électronique mise en ligne à partir du 4 juillet 2018 par la Délégation Générale aux Élections (DGE). Le nombre définitif d’électeurs avait été arrêté à 8 000 462 inscrits sur le fichier audité alors que celui mis en ligne contient en fait 8 105 654 électeurs. En plus de cela, on constate le retour des doublons (le fichier électoral contient de nombreux électeurs dont le numéro NINA apparaît à plusieurs reprises dans la liste électorale). Sur l’ensemble du fichier électoral, cette anomalie laisse supposer un potentiel de 275 761 voix fictives.
Par ailleurs, le nombre d’électeurs indiqués dans les statistiques du fichier électoral ne correspond pas au nombre d’électeurs réellement inscrits. Sur l’ensemble du fichier électoral, cette anomalie laisse supposer un potentiel de 488 813 voix fictives. Dans certaines communes, le nombre de centres et de bureaux de vote ventilés par village, fraction ou quartier (VFQ) ne correspond pas avec le chiffre consolidé. Sur l’ensemble du fichier électoral, cette anomalie laisse supposer un potentiel de 477 000 voix fictives.
À l’étude de ces différents éléments documentés, analysés et vérifiables, il en ressort un potentiel de fraude que l’on peut estimer à un million deux cent quarante et un mille cinq cent soixante-quatorze (1.241.574) voix, sans compter le vote des Maliens de l’étranger. Sans apporter de démenti à ces chiffres communiqués par le Directoire de campagne du candidat SoumailaCissé, le Délégué général aux élections, le Général Siaka Sangaré, parle d’erreur technique. Quelle erreur technique ? Une erreur technique venant de la part d’une personnalité jugée par beaucoup d’observateurs comme un spécialiste en fraude électorale ? Les Maliens n’ont pas oublié que c’est ce même Siaka Sangaré, présenté comme un expert en élections, qui est intervenu entre les deux tours de la présidentielle guinéenne qui a vu CellouDalein Diallo, arrivé en tête au 1er tour avec 48% des voix, se retrouver au second tour avec moins de 30%, comme si la plupart de ses électeurs étaient tous morts d’un seul coup. Pendant que son rival, Alpha Condé, passait quasiment du simple au triple de ses voix. L’histoire a retenu cela !
Eu égard aux manquements relevés sur le fichier électoral, des informations crédibles nous parviennent que dans certaines localités, les cartes d’électeurs ont été retirées par des personnes autres que les propriétaires. Cette pratique illégale peut expliquer les taux importants engrangés en si peu de temps pour l’enlèvement des cartes. Mais ces cartes enlevées de cette manière seront-elles restituées à leurs propriétaires ?
Où bien seront elles utilisées pour voter frauduleusement en faveur du candidat-président sortant, IBK alias Boua ? Cette dernière pratique est probable puisqu’on sait que, par le passé, des bourrages d’urnes en faveur du parti présidentiel – le Rassemblement pour le Mali – ont eu lieu lors des élections précédentes (présidentielles, communales et législatives). Dans les localités non contrôlées par l’Etat, ceci est fort probable et il faut craindre justement qu’on ait laissé pourrir la situation sécuritaire dans certaines localités où le représentant de l’Etat se retrouvera seul avec le délégué du pouvoir bien escorté, pour bourrer les urnes et émarger les listes électorales, alors que ce sont en réalité des localités fantômes parce que désertées par les populations ayant fui la terreur.
Ce bourrage des urnes est à craindre si nous constatons que le taux de distribution des cartes d’électeurs à Mopti, Tombouctou et Kidal est extrêmement élevé pour des zones où l’administration n’est pas suffisamment présente et dans un contexte où les populations ont des préoccupations éloignées des élections.
Il existe également de nombreux obstacles à la bonne distribution des cartes d’électeurs à Bamako et dans les grandes villes du pays qui présentent des taux de distribution inferieurs à 50%, alors qu’ailleurs ces mêmes taux dépassent 80%. C’est comme si tout était fait pour organiser une rétention subtile des cartes d’électeurs dans des zones où l’on sait que le mécontentement et la déception des populations sont tels que le vote sanction contre Boua reste le leitmotiv.
Aussi, persistent des incertitudes sur la bonne tenue des élections dans de nombreuses zones des régions de Mopti, Tombouctou, Ménaka et Kidal sans pour autant que des assurances crédibles et précises puissent être données par les autorités. Du coup, la responsabilité du gouvernement du Mali est entièrement et gravement engagée dans ce qui s’apparente à une vaste tentative de fraude tendant à prendre en otage le vote des Maliennes et des Maliens.
Dans ces conditions, si rien n’est fait pour apporter des corrections appropriées, il est fort probable que des contestations des résultats puissent conduire à des conflits post électoraux. Pour éviter une telle crise aux conséquences drastiques, il faut que le gouvernement SoumeylouBoubeyeMaiga mette fin immédiatement aux ambitions périlleuses de voler les suffrages des Maliens qui ont trop souffert et qui aspirent au changement. Il sera donc très sage de la part du gouvernement malien d’éviter donc à notre pays une crise postélectorale, en organisant une élection présidentielle transparente et crédible, seul gage de la paix et de la stabilité.
Nous n’avons pas encore eu connaissance de l’appréciation des observateurs nationaux et internationaux, ainsi que celle de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sur le processus de retrait des cartes d’électeurs. Nous espérons que ses démembrements ont pu couvrir le territoire national pour donner leurs avis en toute indépendance. Cette étape est pourtant l’une des plus importantes dans le processus électoral car la fraude se prépare bien en amont. Mais faut-il être complaisant au point de laisser faire et entrainer ainsi le Mali dans un abîme par la boulimie du pouvoir de prédateurs de nos biens publics ?