Le pays reçoit plus de 1 milliard de dollars d’aide internationale par an pour un bilan peu perceptible sur le terrain.
Le président Ibrahim Boubacar Keita, qui se présentera devant les électeurs maliens le 29 juillet pour briguer un second mandat face à vingt-trois autres candidats, a bénéficié d’un soutien de plus de 1 milliard de dollars (855 millions d’euros) par an en moyenne, selon les statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Même s’il a été atteint bien avant son arrivée au pouvoir en 2013, ce niveau d’aide marque un degré d’engagement historiquement élevé des donateurs internationaux. Cependant, l’efficacité de cette aide n’a rien d’évident.
Sollicité, le ministre de l’économie et des finances, Boubou Cissé, n’a pas jugé bon de clarifier l’utilisation de cette manne financière qui assure la moitié des dépenses d’investissement du budget de l’Etat, et davantage encore lorsqu’il s’agit de l’éducation ou de la santé.
Au lendemain de l’éphémère coup d’Etat de mars 2012 puis de l’intervention des troupes françaises pour repousser les groupes djihadistes en marche vers la capitale, Bamako, l’aide internationale visait à participer au rétablissement de la paix et à la stabilisation du pays. En particulier dans les régions du Nord, grandes délaissées des politiques publiques et foyer des rébellions touareg et de l’offensive djihadiste. Lors de la conférence de Paris pour la relance économique et le développement du Mali, en octobre 2015, 3,2 milliards de dollars furent promis, dont 20 % pour les régions du Nord, où vit 10 % de la population.
La situation est pourtant loin de s’être améliorée. Les attaques des groupes djihadistes ne se limitent plus au nord, autour de Kidal, Gao ou Tombouctou. Elles ont gagné la région de Mopti, dans le centre du pays. La situation humanitaire s’est aggravée : 4,3 millions de personnes – soit un quart de la population – ont besoin d’assistance, dont 1,5 million de façon « urgente », selon l’ONU. Les besoins, évalués à 263 millions de dollars, ne sont couverts...