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Alternance politique : Quid du Mali ?
Publié le vendredi 27 juillet 2018  |  L’aube
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie d’investiture du d’Ali BONGO ONDIMBA
Bamako, le 27 septembre 2016 Le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar KEITA a pris part à la cérémonie d’investiture du Président Ali BONGO ONDIMBA
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La revue des alternances politiques en Afrique de l’Ouest permet de faire l’inventaire des conjonctures socio-économiques, des erreurs et des fautes politiques qui ont été fatales à des Présidents et des régimes solidement installés. Le Mali de 2018 présente la particularité d’être un concentré de tous les problèmes recensés dans les huit pays de la CEDEAO qui ont chassé leurs dirigeants. Le népotisme de Wade à la puissance 1000

Le Président Wade était tellement fasciné par son fils qu’il ne comprenait pas que son implication dans la vie publique reçoive de la réprobation plutôt que des applaudissements. Le président IBK est tout aussi subjugué par son fils dont il vante à longueur de discours le mérite électoral qui lui vaut d’être à l’assemblée nationale. Coïncidence dont seul le hasard a le secret, l’un comme l’autre s’appellent Karim.

De nombreux visiteurs africains du Président élu IBK se souviennent qu’il se plaisait à leur asséner qu’il n’y aura pas un autre « Karim » au Mali, une vacherie au Président Wade en même temps qu’un gage d’éthique politique qui veut qu’on ne mêle pas famille et affaires publiques. Mais à l’épreuve du réel, Ibrahim Boubacar Keita s’est révélé un Me Wade à la puissance 1000. Là où Wade s’est contenté d’exposer son seul fils aîné sous les projecteurs, IBK a fait du banc et l’arrière banc de la famille avec enfant, beau-neveu, belle-sœur, beau-frère, beau-père du fiston et fils d’amis de la famille… des acteurs majeurs de la gestion publique.

Une première dans l’histoire de notre pays où le népotisme n’avait jamais atteint une telle ampleur. Wade se plaisait à souligner les brillantes études de Karim qui a même travaillé à la Bourse de Londres avant l’avènement de son père à la tête du Sénégal. Certains de la famille présidentielle malienne ont un parcours académique des plus honorables mais rien qui efface le sentiment que des stagiaires ont été mis dans la cabine de pilotage du pays, compte tenu du décalage entre la faible expérience professionnelle et les positions éminentes occupées. Si les Sénégalais ont sanctionné Wade pour un Karim, les Maliens ont mille raisons de fustiger par leur vote une gestion familiale aigue de l’Etat.

Insécurité : IBK-Jonathan même combat perdu

Au Nigeria, le président Goodluck Jonathan sait ce qu’il en coûte pour un chef d’État de perdre la bataille contre l’insécurité et le terrorisme. Boko Haram par ses victoires spectaculaires à scellé le destin du co-listier et successeur de Umaru Yar’Adua. Le pied de nez a été l’enlèvement des lycéennes de Chibok et de l’émotion planétaire que cela a suscité comme autant de mauvaise publicité pour le président sortant. Au Mali, IBK a fait des promesses de toutes natures. De façon ouverte et bruyante pendant sa campagne électorale sur sa capacité à éradiquer le terrorisme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Ceux qui étaient dans le secret de ses relations avec la junte de Kati auraient été témoin d’engagements encore plus spartiates contre les groupes armés et pour l’honneur du Mali que ses prédécesseurs n’auraient pas assez défendu.

A l’arrivée si Goodluck Jonathan a eu son Chibok, IBK a connu son Waterloo du 21 mai 2014 à Kidal. Moussa MARA qui a prêté son inexpérience matinée d’un peu d’arrogance à cette opération a été accablé plus que de raison. Le chef de guerre n’était autre que IBK qui, aux premières charges favorables à l’armée malienne, aurait déclaré en Conseil des ministres avec la modestie qu’on lui connaît : « J’ai repris Kidal » !

Sous les acclamations des ministres que la mise en scène théâtrale avait impressionnés. Mais en début d’après midi, la victoire en bonne traitresse avait changé de camp. Notre armée venait de subir une terrible défaite dont l’actuel Premier Ministre connaît un long bout. Conséquence : nous avons négocié en position de faiblesse un accord d’Alger inapplicable au moment où le terrorisme se propageait des régions du Nord au Centre du pays. Attaques meurtrières en série contre les soldats maliens et les forces amies, des morts par dizaine sur les mines et, catastrophe supplémentaire, le déchaînement d’une guerre intercommunautaire qui continue de faire ravage avec des centaines de morts.

Là où Goodluck Jonathan a mis un genou à terre face à l’insécurité, l’échec de IBK est si monumental que seul un miracle le sauverait d’une sanction populaire avec le bilan qui est le sien.

Corruption et chômage des jeunes : IBK bat le record de John Dramani Mahama

Au Ghana la découverte d’importants gisements de pétrole a ouvert un cycle court de croissance rapide à deux chiffres qui a culminé jusqu’à 14% en 2011. La chute brutale des cours va fausser le plan de développement du Président John Dramani Mahama. Elle porte un rude coup au rêve de prospérité des Ghanéens notamment des jeunes qui pensaient apercevoir l’horizon de la réduction drastique du chômage. Le pouvoir qui n’avait plus les moyens de son ambition à perdu le peu de crédit qui lui restait en ergotant dans la lutte contre la corruption. La coupe était pleine. John Dramani Mahama n’aura pas un second mandat.

Au Mali, on cherche toujours du pétrole même si on trouve dans notre architecture gouvernementale un ministre du… pétrole. Toujours est-il que IBK avait promis aux jeunes pendant sa campagne 200.000 emplois pour le quinquennat soit une moyenne annuelle de 40.000 emplois par an. Il faut avoir l’audace, même l’outrecuidance du ministre BEN Katra pour venir nous présenter un bilan de 194000 et des poussières d’emplois sans aucun support statistique crédible. Même en comptant le personnel domestique dans les familles, on serait loin du compte. Mais un syndicaliste dans un gouvernement ça peut servir à beaucoup de choses. Y compris à amuser la galerie.

Mais là où le bilan du régime IBK est imbattable, c’est sur le terrain de la lutte contre la corruption. L’année 2014 qui avait été décrétée à cette fin restera comme celle de toutes les malversations et cela au sommet de l’Etat entre l’avion à scandale et les équipements militaires outrageusement surfacturés, le feuilleton de la honte avec les admonestations du FMI ont tenu l’opinion en haleine. La PARENA qui a levé tous ces lièvres va mettre encore sur la place publique l’affaire des tracteurs et des engrais frelatés jusqu’à la dernière des magouilles autour de l’acquisition des avions Tucano pour l’armée.

Si le régime de IBK devait être défait dans les urnes le 29 juillet prochain, nul doute que la corruption à ciel ouvert y sera pour une très large part.

Gbagbo ou la leçon de la triche et de la violence électorale

Quand la terre se dérobe sous leurs pieds, les partisans de IBK se consolent dans le mensonge. Tout le monde est témoin de la pénible et laborieuse opération de positionnement de la candidature du président sortant à sa propre succession. Le RPM à force de réprimande, de traitement méprisant et d’humiliation de ses dirigeants a perdu de sa superbe et est aujourd’hui le dernier informé des intentions de son fondateur. La danse du ventre autour de Houseinou Amion Guindo pour empêcher sa candidature n’a pas porté ses fruits. La CODEM s’aligne sous ses propres couleurs. L’OPA (offre publique d’accaparement) sur l’ADEMA à tourné au fiasco. Les ministres ont sauvé leurs strapontins mais pas sûr qu’ils apportent à IBK les voix escomptées. L’impopularité record de Boua n’arrange rien à l’affaire. Dans une telle conjoncture de sinistrose, il y a quelque chose d’hallucinant à entendre des slogans du genre « faire élire IBK dès le premier tour ».

Il y a un peu du Gbagbo dans cette façon de faire, lui qui proclamait : «on gagne ou on gagne » ! Si telle est la volonté des tenants du pouvoir, ils doivent savoir ce qu’il en coûte de tricher une élection aujourd’hui en Afrique. Le même Laurent Gbagbo a détourné l’expression du suffrage des Ivoiriens. Devant leur refus de cautionner le hold-up électoral, il a donné de la troupe contre les manifestants. Au Mali, nous ne sommes plus en 1991. On ne cherche plus seulement le donneur d’ordre. Les portes de la CPI sont ouvertes à celui qui a donné l’ordre et à celui a tiré. En même temps n’est pas mieux ?

Il se peut aussi que l’assurance des partisans du régime se fonde sur la cagnotte électorale. IBK ne mettra pas plus d’argent dans sa campagne que Abdoulaye Wade, Laurent Gbagbo ou Goodluck Jonathan qui n’ont pourtant pu éviter la défaite. Sauf à penser que les Maliens sont plus portés sur l’argent de la corruption électorale que les Sénégalais, Ivoiriens ou Nigerians.

Le Mali n’est pas un pays hors sol. Les mêmes causes ici comme dans le reste de la région Afrique de l’Ouest produisent les mêmes effets. La méthode Coué doit très vite trouver sa limite.

Réalisé par

C H Sylla, Sambou Diarra et Cheickh Thiam
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