A quelques heures du 1er tour de la présidentielle, les maliens retiennent leur souffle. Ils font face à une élection très ouverte que le pays n’a jamais connue depuis l’avènement de la démocratie multipartite. Avec un président sortant très contesté qui affronte, à la fois, 23 autres candidats mais presque tous ceux qui l’avaient soutenus pour sa première élection.
C’est ce dimanche 29 juillet 2018 que plus de 8 millions de maliens sont appelés à élire un nouveau président pour les cinq prochaines années. Au nombre de 24 prétendants dont le sortant pour un fauteuil, il se dégage, à notre entendement des favoris, des favoris cachés, des outsiders et les autres.
DEUX GRANDS FAVORIS
Nul n’a besoin de se faire des illusions, IBK et Soumi sont les plus grands favoris de cette joute électorale.
Le premier cité est le président sortant. Il a en sa possession l’appareil d’état et tous les privilèges qui l’entourent. C’est pourquoi d’ailleurs, à défaut d’un bilan reluisant, il n’a mené campagne que dans les régions et quelques grandes agglomérations. Le reste du travail incombe aux ministres, députés, directeurs, etc., qui depuis l’ouverture des campagnes sont sur le terrain avec les moyens de l’Etat. Il s’agit pour eux de tout mettre en œuvre pour permettre à IBK de rempiler.
Le second cité, Soumaïla Cissé alias Soumi champion est un vieux routier. Après deux tentatives (2002 et 2013) en arrivant toujours 2ème, il doit pouvoir corriger ses handicaps. Chef de file de l’opposition, il a un parti assez bien implanté et compact, l’URD. En plus, Soumi a bénéficié du soutien de nombreux hauts cadres, des partis politiques, des associations dont le CDR de l’activiste Ras Bath entre autres.
Par ces quelques faits très significatifs parmi tant d’autres, ils peuvent être considérés comme les grands favoris de l’élection de cette année.
TROIS FAVORIS CACHES
Modibo Sidibé, Cheick Modibo Diarra et Aliou Boubacar Diallo peuvent bousculer la hiérarchie.
Ancien Premier ministre d’ATT, ministre d’Alpha Oumar Konaré, Modibo est trop rattaché à nos vertus ancestrales. Discret et gros travailleur, pendant les 5 ans d’IBK, il n’a pas chômé. Il a sillonné le pays pour échanger avec les populations. Du coup, malgré un parti moins implanté, il a tissé sa propre toile qui peut lui être profitable. Surtout qu’il a un programme assez fouiné.
Premier ministre de plein pouvoir pendant la transition de 2012, l’enfant de Ségou est accrédité d’un passage remarquable dans l’administration malienne. Par ce fait, il bénéficie aujourd’hui de la sympathie de nombreux maliens. Soutenu par un autre PM Moussa Mara et un ancien ministre Konimba Sidibé, il peut créer la surprise.
Opérateur économique, minier, le milliardaire et philanthrope Aliou Boubacar Diallo bénéficie d’un soutien de taille. Il s’agit de celui de Cheick HamaoullaHaïdara dit Bouillé de Nioro qui a des adeptes partout dans le monde notamment au Mali et en Afrique. Allié du régime, le parti dont il est candidat ADP-Maliba, a claqué les portes de la majorité présidentielle. Une première dans les annales politiques de notre jeune démocratie. Soutenu par de nombreuses associations comme Kokoura, Aliou est crédité de créer la sensation. Son programme et sa pureté de n’avoir jamais participé à une quelconque administration au Mali sont aussi des atouts à ne pas négliger.
SIX OUTSIDERS
Housseyni Amion Guindo dit Poulo, Me MountagaTall, Modibo Koné, Dramane Dembélé, Oumar Mariko et Choguel Kokalla Maïga peuvent être classés comme les outsiders de cette présidentielle. Chacun de ces candidats aura son mot à dire. Les uns et les autres possèdent des atouts de proximité. Poulo au centre, au nord et à Sikasso ; Me Tall à Ségou, Bamako, Koulikoro ; Modibo Koné à Ségou, Bamako et à l’extérieur ; Dramane Dembélé à Ségou, Kayes, Sikasso, Bandiagara, Bankass et Bamako ; Oumar Mariko à Kolondiéba, Koutiala, Niono, Ségou, Kayes, Kidal et Bamako. Et enfin Dr Choguel à Bamako, Kayes et dans le grand nord.
En effet, il faut dire que les autres candidats ne se sont pas présentés pour être des figurants. Ils auront leur mot à dire.
Quoi qu’il en soit, cette élection présidentielle reste très ouverte et l’on risque d’être surpris avec l’élimination d’un des prétendants considérés comme sérieux.