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Adresse du Président Dioncounda TRAORE à l’UNESCO
Publié le vendredi 7 juin 2013  |  Primature


© aBamako.com par DR
Réunion de haut niveau international à Bamako pour discuter d`une stratégie de reconquête du nord du Mali des islamistes armés liés à Al-Qaïda.
Vendredi 19 Octobre 2012. Bamako. CICB. Les dirigeants se sont réunis à Bamako pour travailler sur la logistique de reconquérir le nord du Mali des islamistes armés, qui ont pris le contrôle de cette vaste région désertique dans le chaos qui a suivi un coup de Mars 2012. Dioncounda Traore, President par interim de la Republique du Mali.


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…en hommage à François HOLLANDE, récipiendaire du Prix Félix Houphouet-Boigny pour la recherche de la Paix (Paris, le 05 juin 2013).


Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Madame la Directrice générale de l’UNESCO,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les membres du jury,

Distingués participants,


Ce jour du 5 juin 2013 n’est pas un jour ordinaire.


Vous me permettrez donc de déroger à la routine en commençant cette allocution par la citation suivante :

« En entrant dans cette cité mystérieuse, objet des recherches des nations civilisées de l’Europe, je fus saisi d’un sentiment inexprimable de satisfaction: je n’avais jamais éprouvé une sensation pareille et ma joie était extrême.

Mais il fallut en comprimer les élans: ce fut au sein de Dieu que je confiai mes transports. Avec quelle ardeur je le remerciai de l’heureux succès dont il avait couronné mon entreprise!

Que d’actions de grâces j’avais à lui rendre pour la protection éclatante qu’il m’avait accordée au milieu de tant d’obstacles et de périls qui paraissaient insurmontables! » Fin de citation.


Ces propos ont été tenus à Tombouctou.

Ils ne l’ont pas été le 2 février 2013 mais le 20 avril 1828.

Ce n’est pas François Hollande qui les a tenus mais René Caillié, un autre Français, un autre citoyen du monde, et deux cents ans plus tôt.


C’est dire que Tombouctou a avec la France une longue histoire.

Cette histoire, François Hollande l’a reprise là où René Caillié l’a laissée, selon une formule en usage chez nos conteurs, le plus souvent à la lueur du feu de bois, dans la savane comme sur les dunes, car l’enfance transcende les méridiens et partout, elle aime les contes de fée.

Sauf que Tombouctou n’était pas un conte de fée. Ni en 1828 ni en 2013.

Mais une histoire, une histoire réelle, avec ses ombres et ses lumières, sa part de douleurs et d’espérances, sa trame faite d’exploits et d’angoisses, ses dénouements différents.


Car René Caillié est entré à Tombouctou en explorateur séduit par la culture ambiante mais déjà inquiet du fanatisme qui prenait corps dans la théocratie du Macina, au cœur de Mopti, région voisine de Tombouctou.

Deux cents ans plus tard, François Hollande, lui, est sorti de Tombouctou en libérateur acclamé par les cris et les larmes de joie des foules. Ces foules que personne n’avait appelées et qui sont venues spontanément signifier leur gratitude et dire qu’aux 333 saints de la mythique cité s’ajoutait un sauveur venu de la Corrèze.


Excellences Mesdames et Messieurs,


Oui, François Hollande était le 02 février 2013 à Tombouctou, debout dans le vent sec du désert.

Oui, il était ému. Mais il a gardé le triomphe modeste et vu à travers tant de témoignages de gratitude, un hommage rendu surtout à l’armée française et à la France.

Il a eu le détachement de ceux qui savent semer l’Histoire.

Et parce qu’il était conscient du poids de chaque mot devant l’accueil majestueux qu’il reçut, il aura eu la grandeur que nous n’oublierons jamais, d’associer, pour une part décisive, l’armée malienne à la victoire contre l’internationale de la terreur et de l’humiliation, devenue en seulement dix mois interminables d’occupation, le calvaire de Tombouctou, Gao, Kidal, Douentza, Konna.


Et depuis, l’armée de mon pays, s’est relevée. Elle a pris une plus nette conscience de ses missions mais aussi de ses lacunes. Lesquelles sont en train d’être comblées par une mission internationale destinée à renforcer la capacité de nos soldats et à promouvoir une armée républicaine.

Pour notre paix, pour la paix du Mali, l’action de François Hollande ne s’est pas limitée à porter un coup sévère au narco-terrorisme et à se retirer furtivement.


Il est resté. La France est restée. Elle reste encore avec nous. Et elle a fait en sorte que les autres viennent : nos voisins, nos frères africains et la communauté internationale, tous dans un élan fraternel dont le Mali sera longtemps redevable.

Et comme il sait que c’es la précarité qui engendre la violence première et l’alliance avec le crime organisé, sous son impulsion, la France a piloté le plan baptisé « Ensemble pour le Renouveau du Mali » qui, pour la renaissance de mon pays, a reçu le plébiscite de la communauté internationale, ce 15 mai, à Bruxelles.


Comment ne pas nous sentir, tous décorés, reconnus et salués aujourd’hui avec lui ?

Tous : c’est à dire mes frères ici, chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad, institutions dédiées à l’intégration africaine, les représentants du peuple du Mali.


François Hollande, nul mieux que toi ne mérite ce prix : le prix Félix Houphouet-Boigny décerné aux seuls soldats de la paix, ce prix prestigieux portant le nom d’un Africain parmi les plus vénérés de notre continent, un apôtre universel de l’amour, de la tolérance et de la paix.

François Hollande, ce prix, tu le mérites.

Tu le mérites pour cette fille tombée en syncope à Tombouctou en voulant t’approcher, et tombée en syncope sans doute quand ont reflué en elle les souvenirs des viols en série auxquelles s’est livrée la horde sanguinaire venue pour tuer l’islam, notre islam à nous, fait de modération et de pondération.

Ce prix, tu le mérites également, François Hollande pour ce jeune homme qui, encore une fois à Tombouctou, t’aurait salué volontiers s’il n’avait été amputé de la main droite, au nom d’une justice illégitime et illégale, adossée à la seule puissance du fusil et aux mannes de la cocaïne.

Tu le mérites ce prix, au nom des larmes versées par les imams des mosquées millénaires de cette ville sainte dont les érudits ont résisté du mieux qu’ils pouvaient aux envahisseurs et à leur doctrine de haine et de brutalité.

Tu mérites ce prix enfin au nom de la France des grands idéaux, la France de la Liberté, la France de l’Egalité, la France de la fraternité, la France généreuse, la France entière.

Mais ce prix, ce ne sont pas que le Mali, le Sahel ou l’Afrique qui te l’offrent.

Car ce 11 janvier où l’armée française a contrecarré à Konna le plan machiavélique du narco-terrorisme, c’est la sécurité du monde et la paix globale qui ont été préservées.

Le Mali, nul ne doit s’y tromper, n’était que le portail par lequel le danger entrait.

C’est la civilisation, notre civilisation humaine, la démocratie, notre démocratie universelle, qui en étaient la destination et la cible finales.

Mais désormais c’est une nouvelle page de l’histoire de la solidarité humaine qui est écrite avec l’humanisme de François Hollande et de la France.


Elle est écrite aussi et hélas avec le sang du Chef de bataillon Damien Boiteux, de l’adjudant Harold Vormezeele, du brigadier chef Wilfried Pingaud, du Caporal Alexandre Van Dooren, du Caporal Cedric Charenton et du Caporal Stephan Duval, le sang des Africains, Maliens et Tchadiens en majorité.

Parce que tu as su être là, François Hollande, le sourire renaît sur le visage de femmes qui n’ont plus à craindre d’être des objets sexuels. C’est cela l’humanité.

L’islam récupère son socle d’amour et de tolérance, à la place des flagellations et des amputations. C’est cela l’humanité.

Chrétiens et musulmans, monothéistes et polythéistes peuvent revivre ensemble dans l’espace consacré de la laïcité et du droit. C’est cela l’humanité.


De jeunes mamans partout au Mali donnent à leurs nouveaux nés le nom des héros et martyrs tombés sur le sol malien.

Elles le font parce qu’elles savent que Boiteux et ses camarades sont morts pour qu’aucune autre femme ne soit violée, qu’ils sont morts pour qu’aucun ballon d’enfant ne soit désormais confisqué.

Elles le font parce qu’elles savent que Boiteux et les autres sont morts pour qu’au nom de la liberté, il n’y ait plus de représailles à écouter Abdel Basset ou Jacques Brel, lire la Thora ou le Coran, débattre de Marx ou de Jésus.

Et c’est cela l’humanité diverse et libre que le 11 janvier 2013 a défendue.


Excellences, Mesdames et Messieurs,


Témoigner pour la France et François Hollande est le moindre devoir du président d’un pays, siège d’empires et de civilisations dont l’existence était menacée, il y a seulement quatre mois.


Mais parce qu’à la civilisation, nous avons contribué, par Tombouctou et par d’autres ensembles historiques illustres, parce que nous sommes la terre du savoir-être et du savoir-faire, nous savons dire merci où et quand il le faut et c’est merci que mon peuple m’envoie vous dire aujourd’hui.


Merci alors François Hollande, le grand François derrière laquelle se cache la grande Valérie.

Merci à la grande France,

Merci du fond du cœur à l’UNESCO qui abrite ce Prix prestigieux,

Merci à la Directrice de l’UNESCO qui est venue à Tombouctou le 2 février sous le soleil et sous les vents et qui a pris à cœur l’œuvre de réhabilitation du patrimoine universel détruit par la barbarie.

Merci au jury du Prix pour la belle réputation forgée au fil des ans et qui confère à chacune des distinctions décernée une crédibilité qui a résisté au temps.

Mais merci ne suffit pas à la portée de cette cérémonie, encore moins ni à la portée de l’acte historique de votre lauréat du jour.


Pour rendre justice à l’une et l’autre, il m’incombe de réitérer ici mon serment de tout faire pour remettre le Mali sur le chemin dont il n’aurait jamais dû s’écarter.

Il m’incombe de redire ici que notre camp, le camp du Mali reste la fierté, la démocratie, le bien-être de ses populations, la quiétude de ses voisins.


Merci donc pour votre aimable attention. Merci d’avoir donné au Mali la place et l’opportunité de dire encore une fois merci, à vous tous, à vous toutes, et à François Hollande.

Vive la solidarité entre les peuples !

Vive la solidarité entre les nations !

Vive l’UNESCO !

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