Hier, dimanche 29 juillet, ce sont plus de 8 millions de Maliens qui étaient appelés aux urnes pour élire leur futur Président de la République ou la future Présidente. Les candidas ont accompli leur devoir citoyen à Bamako et à l’intérieur du pays. L’affluence dans les centres de vote sillonnés par nos reporters n’était pas grande faisant craindre un taux de participation qui risque de décevoir.
Kalaban Coro Adeken. Dans le Cercle de Kati. Le temps est clément. Il a plu la veille. Laissée déserte depuis le début des vacances, la cour de l’école reçoit du monde ce matin. Ils sont là pour les besoins du vote. C’est dans ce centre que le plus jeune des candidats, Mamadou Traoré, doit accomplir son vote. Il était 8 heures 15 quand il fait son entrée dans la cour, escorté par des policiers. Tout de blanc vêtu, il balance des mains en guise de salutation à la foule de supporters venus le soutenir. Jovial, taquin, les visages qui lui sont familiers. Il est dans son quartier de toujours. Il taquine et sourit avant de se présenter dans son Bureau de vote. Le Bureau numéro 17. Tout de go, il lance «vous avez la chance ici ; car, le futur Président de la République va voter dans votre Bureau». Une phrase qui fait sourire, mais témoigne de la décontraction du jeune candidat qui est à sa première participation à une élection présidentielle. Sans tarder, il est identifié sur la fiche, se procure d’un bulletin et se dirige vers l’isoloir toujours avec la même repartie, il lance en s’éloignant: «et vous pensez que je vais aller voter pour un autre candidat ?». Il revient et glisse son bulletin dans l’urne. Sa femme au poignet, il accorde la photo à la presse. «Ma candidature est celle de la jeunesse malienne tout entière. Nous sommes confiants et savons que la victoire nous appartiendra à partir de ce soir. J’appelle les électeurs à sortir massivement pour aller voter pour le bonheur du Peuple », a-t-il dit avant de quitter le centre de vote.
À l’école B. de Sogoniko, en Commune VI du District de Bamako, deux candidats y ont accompli leur vote avant midi. Il s’agit d’Aliou Boubacar Diallo du parti ADP- Maliba et du Général Moussa Sinko Coulibaly, candidat indépendant.
En costume sombre, Moussa Sinko Coulibaly a été le premier à franchir la porte du centre de vote où l’attendaient déjà depuis quelques heures des sympathisants. C’est sous leur escorte qu’il se dirigera vers son Bureau de vote. En un laps de temps, il avait déjà fini de voter. Face à la presse, il dira: «Les Maliens attendent ce moment depuis longtemps pour enclencher le processus vers le changement. Nous espérons qu’à la fin de la journée tous les Maliens auront voté pour le changement. Le Mali a besoin d’un nouveau leadership. Le Mali a besoin qu’on en termine avec la corruption, la gabegie et le clientélisme. C’est ce que nous sommes venus commencer ce matin. Nous commençons à écrire un nouveau chapitre de l’Histoire du Mali et nous espérons que cela sera fait dès 18 heures ».
Moins de quinze minutes après son passage, c’était au tour d’Aliou Diallo de venir s’acquitter de son devoir de citoyen. Drapé dans une djellaba comme à son accoutumée, il a été lui aussi escorté par les dynamiques policières du 7e Arrondissement déployées à cet effet jusqu’à son Bureau de vote.
C’est un Aliou Diallo visiblement méfiant qui participe à ce scrutin en témoignent ses propos aux micros des journalistes: «Nous sommes convaincus que ces élections ne seront pas bâclées. C’est la seule condition pour que les Maliens acceptent les résultats. Aucune fraude ne sera tolérée».
Un peu avant les deux candidats, c’est le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Amadou Ba, qui, au sortir de son Bureau de vote, a appelé les Maliens à venir voter dans le calme et dans la sérénité afin que cette élection soit une fête de la démocratie.
Des cartes d’électeurs pas au rendez-vous
En principe, ceux qui n’ont pas effectué le retrait de leurs cartes d’électeurs avant le jour du vote peuvent le faire le jour même du scrutin. Mais cette option a été mise à rude épreuve dans les centres que nous avons sillonnés.
Ainsi, à l’école de Kalabancoro-Adeken, il n’y avait pas de cartes d’électeurs non retirées. D’où, ceux qui comptaient le faire pour accomplir leur devoir civique étaient dans l’impossibilité.
Du côté des Présidents de Bureaux de vote, aucune explication n’est donnée.
Selon un confrère rencontré à la Maison de la presse, c’était le même cas à l’école Santara, en Commune I du District de Bamako. «Dans plus de 50 Bureaux de vote, il n’y avait aucune carte d’électeur non retirée». Cette situation a amené des Délégués de certains partis à faire appel à des Huissiers pour venir faire le constat.
Toujours selon notre confrère, ce sont plus d’une cinquantaine de SOTRAMA qui convoyaient les électeurs dans ledit centre. Un observateur de la Cour Constitutionnelle en poste à Sénou Aviation avait relevé sur les réseaux sociaux le même manquement dans ce centre. Les cartes qui ont été amenées ensuite n’ont pas été distribuées ; car, les Présidents des Bureaux de vote ont prétexté qu’ils ne sont pas habilités à le faire. Cette absence des cartes d’électeurs dans les centres de votes risque de poser des soucis si elle n’est pas bien gérée.
Élections sous observation
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à Bamako, les observateurs de la CENI, de la Cour Constitutionnelle et les Délégués des partis politiques veillent au grain. Ils sont omniprésents dans tous les centres visités. Il est clair que la question des cartes d’électeurs non retirées qui ne sont pas dans les centres trouvera une place dans leurs différents Rapports.
Aux côtés des observateurs, les forces de l’ordre sont aussi déployées en nombre suffisant.
À l’école B. de Sogoniko, impossible de franchir la porte d’entrée si l’on n’est pas électeur ou journaliste.
S’il est vrai que les élections sont bien sécurisées à Bamako ce n’est pas le cas au Centre et au Nord du pays.
Pas d’élection partout
À la mi-journée, on a appris que des attaques dans de nombreuses zones n’ont pas permis la tenue de l’élection. Il s’agit de : Mariko à 45 Km de Niono (Ségou) ; Gargouna à 20 km d’Ansongo (Gao) ; Kikara à 30 Km de Douentza (Mopti); Manako près de Fatoma (Mopti); Douma à 13 Km de Douentza (Mopti) ; Lafia, Nana et Gourma Rharouss (Tombouctou).
Cette éventualité n’avait pas été écartée par les autorités.
À la question de l’opposition de savoir si l’État garantissait la tenue de l’élection sur toute l’étendue du territoire, Soumeylou Boubèye Maïga avait répondu en présence des observateurs internationaux que «c’est la réalité du terrain qui allait commander».