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Mali: une élection "importante" mais sans doute pas décisive (expert)
Publié le mardi 31 juillet 2018  |  AFP
Les
© aBamako.com par Momo et A S
Les maliens et les Candidats aux urnes pour élire le président de la république
Les maliens sont allés aux urnes le Dimanche 29 Juillet 2018 pour élire le président de la république
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Dakar, 31 juil 2018 (AFP) - La tenue du premier tour de l'élection
présidentielle au Mali, malgré des violences qui ont perturbé le vote, est une
étape "importante" au plan démocratique, mais le scrutin risque de ne pas
apporter de "changements profonds", explique à l'AFP le chercheur Aurélien
Tobie.
Chercheur principal sur le Mali à l'Institut international de recherche sur
la paix de Stockholm (Sipri), Aurélien Tobie a participé à des études sur les
élections locales de 2016 et la présidentielle de 2018 et a publié en décembre
un rapport sur les violences dans le centre du pays.
Q - Au lendemain du vote de dimanche, faut-il plutôt en retenir les
attaques qui l'ont perturbé, surtout dans le centre du pays, ou l'ampleur
limitée des violences?
R- "Je vois vraiment le verre à moitié plein. Je m'attendais à beaucoup
plus de perturbations".
"Ca reste un point très noir de l'action du gouvernement depuis l'élection
d'IBK (le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, NDLR), cette montée en
puissance de la violence au centre du pays. Par contre, ça montre quand même
qu'un processus électoral peut se tenir dans un pays très fortement troublé".

Q - Quels changements faut-il attendre de cette élection?
R- "Quand on regarde le profil de tous les candidats, dans l'opposition
comme dans la majorité, ce sont quand même tous des candidats du sérail qui ne
proposent pas vraiment des changements profonds.
Et donc ces élections sont importantes parce qu'elles redonnent une
certaine légitimité aux gouvernants, mais est-ce que sur le fond ça va changer
quelque chose, là c'est une autre question et je pense que la plupart des
Maliens répondront par la négative".
"Il y a assez peu d'espoir que ça change quelque chose en profondeur sur
les facteurs structurels du conflit au Mali".
"Il va être assez difficile de convaincre les Maliens d'un renouveau".

Q - Comment le prochain président pourra-t-il relever le défi de la
réconciliation, non seulement dans le nord comme en 2013, mais aussi dans le
centre du pays?
"L'opposition au vote dans le centre du pays est vraiment liée à des enjeux
locaux plus qu'à des consignes du +JNIM+" (acronyme anglais du "Groupe de
soutien à l'islam et aux musulmans", principale alliance jihadiste du Sahel,
liée à Al-Qaïda).
"La réconciliation nationale passe d'abord par la réconciliation locale".
"Pour résoudre la situation de l'insécurité au centre du Mali, il ne faut
pas une conférence d'entente nationale, il faut aller à Douentza, il faut
aller à Bandiagara, etc. pour résoudre des conflits qui sont extrêmement
locaux.
La relation entre le pouvoir traditionnel et le pouvoir étatique, la
relation entre le pouvoir religieux et le pouvoir étatique, sont des questions
qu'il va falloir traiter".
"Il va falloir essayer de donner une nouvelle impulsion à ce processus de
réconciliation régionale en prenant les choses à la base. Après, ce sera très
compliqué de convaincre tous les acteurs de la crédibilité du gouvernement et
de l'Etat alors que ça a déjà été fait et que ça n'a pas été suivi d'effet".
sst/mrb/jpc
Propos recueillis par Selim SAHEB ETTABA

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