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Scrutin du 29 juillet 2018: les raisons du faible taux de participation
Publié le mercredi 1 aout 2018  |  Info Matin
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Après le défi de l’organisation du scrutin du 29 juillet dernier, le taux de participation reste l’une des inconnues majeures de ce premier tour de l’élection présidentielle. Mais pour d’évidentes raisons, on s’attend à un taux à la baisse, malgré le fait que la tendance était à la hausse lors des derniers scrutins (48,98%). Parmi les raisons évoquées, on note la violence enregistrée dans certaines localités au nord et au centre du pays. A cela s’ajoute la psychose créée par la dégradation des conditions sécuritaires dans cette partie à la veille des élections et les tensions politiques autour du scrutin, relatives à la fiabilité du fichier électoral ainsi que la distribution des cartes d’électeurs biométrique.

Ce 29 juillet 2018, notre pays, le Mali a organisé la cinquième présidentielle de l’ère démocratique, après l’insurrection de mars 1991 qui a instauré le pluralisme politique. En vingt-six ans, le pays aura en effet connu deux transitions de 14 mois chacune, sept scrutins présidentiels (en 1992, 2002, 2007 où il n’y a eu qu’un seul tour, et 2013) ainsi que huit 8 tours de scrutin législatif et cinq municipales.

Les enjeux
A la veille de cette élection présidentielle, les deux premiers défis du processus était à l’évidence la sécurité et la crédibilité. Si le premier a été relevé avec plus ou moins de satisfaction, le second tient encore à certains facteurs, notamment le taux élevé de participation et ainsi que des résultats acceptés de tous.
Depuis l’avènement de la démocratie, le taux de participation a toujours été un défi majeur lors des différents scrutins. En 1992, le taux de participation était de 21,09% ; en 1997, il y a eu un léger mieux avec 29,20%. En 2002, le taux est passé à 38,31%. Par contre, en 2007, le taux a chuté à 36,24%. C’est l’année 2013 qui détient le record du taux de participation avec 48,98%.

Contexte préoccupant
Cette année, au-delà de la polémique, la sécurité était le principal enjeu du scrutin, le centre et le nord du pays étant le théâtre de nombreuses attaques depuis quelques années, malgré l’accord de paix conclu en 2015 entre le gouvernement et plusieurs groupes rebelles.
Le grand risque avec l’insécurité résiduelle au nord, grandissante au centre, était de voir les djihadistes s’opposer au scrutin comme ce fut le cas lors des municipales de 2016 qui n’avaient pas pu se dérouler dans 59 communes sur les 703. C’était essentiellement dans les régions de Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, Taoudénit, Mopti et Ségou. Dans ces différentes régions, les djihadistes avaient annoncé qu’il n’y aurait pas d’élection lors des communales de 2016. Depuis ces élections, le périmètre de l’insécurité s’est élargi, voire s’est aggravé, caractérisé par le recul de l’Etat (administration et forces de sécurité) dans le nord et dans le centre.
Dans le centre du pays, les activités djihadistes de la Katibat du Macina, dirigée par le prédicateur peul Hamadoun KOUFFA, ainsi que les revendications identitaires ou politiques issues des frustrations contre l’administration ou l’armée d’une part, et d’autre part, les conflits intercommunautaires, les attaques à mains armée, les assassinat ciblés, les enlèvement et exécutions extra-judiciaires ont fini par faire comprendre aux observateurs qu’il était impossible pour le gouvernement d’organiser cette élection à la date indiquée. Cette situation demeure toujours une source de préoccupation majeure à la fois pour les Maliens, la sous-région et au-delà.
Ainsi, dimanche dernier, des milliers d’électeurs ont été privé de leur droit dans plusieurs localités au nord et au centre. Au total, on estime à plus de 700, le nombre de bureaux de vote où les opérations de vote ont été empêchées par les attaques armées et les violences en tous genres.

La tension politique
Depuis 1992, la classe politique malienne remet en cause le fichier électoral. Cette année, cette contestation a été au rendez-vous avec des suspicions de fraude organisée, dénoncée par l’opposition à la veiller du scrutin mettant, du coup, en doute la transparence et la crédibilité de ces élections.
Cette tension, cristallisant les relations entre le gouvernement et l’opposition autour du fichier électoral et du processus de distribution des cartes d’électeurs, a fini par faire monter la tension entre les deux camps faisant craindre des risques de violences pendant et après le scrutin.
C’est pourquoi, le taux de participation était sans nul doute l’un des enjeux du scrutin du 29 juillet dernier, mêmes si le dernier du taux d’enlèvement des cartes d’électeur était estimé à 73%, selon le chiffre publié jeudi dernier par les autorités.

Par Abdoulaye OUATTARA

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