Les rivalités ethniques, de plus en plus meurtrières, minent l'unité d'un pays au bord du chaos.
Envoyé spécial à Bamako
Il se demande encore à quel moment la guerre a avalé sa vie. Peut-être au début de l'hiver, alors que les premiers hommes de Dana Ambassagou, une milice d'autodéfense de l'ethnie Dogon, sont apparus près de son village, Yozo Béné. Plus sûrement en avril, quand le chef communautaire l'a appelé pour lui conseiller de ne pas rentrer chez lui. Abdou Diallo, à 66 ans, n'avait jamais eu aussi peur.
Ce Peul, éleveur comme beaucoup de ses compatriotes, a hésité. «Le chef, un Dogon que je connais depuis toujours, m'a dit au téléphone que les miliciens dozos [des chasseurs traditionnels, NDLR] voulaient me tuer», raconte-t-il. Il se cache alors dans la campagne du cercle de Koro, une vaste zone administrative située au sud de Mopti, dans le centre du Mali. Trois jours plus tard, les Dozo le trouvent. «Ils m'ont menacé et ils ont pris mes 25 vaches.»
La terreur et la misère l'ont forcé à fuir, une errance de quelques jours avec sa femme et trois de ses enfants jusqu'à la ...