C’est le jeudi 2 aout 2018 que le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a proclamé les résultats du premier tour de la présidentielle, plaçant le candidat Ibrahim Boubacar Keita largement en tête avec 41, 42 % tandis que le deuxième, en l’occurrence Soumaila Cissé est à 17,80 %. Le troisième et le quatrième sont respectivement Aliou Diallo avec 7,95 % et Cheick Modibo Diarra à 7,46 %. Ces résultats ont donné lieu à des contestations et à la saisine de la Cour Constitutionnelle. Les candidats contestataires auront-ils satisfaction ? Que se passerait-il s’ils venaient à être déboutés ?
Les neufs sages de la Cour Constitutionnelle sont les plus sollicités par les candidats après la proclamation des résultats provisoires du premier tour de la présidentielle. Ils semblent avoir la clé de la stabilité, de l’équilibre, de la satisfaction. Mme Manassa Dagnoko et les huit autres membres de l’auguste Cour ont entre leurs mains l’avenir de la démocratie malienne. Ils sont désormais saisis par plusieurs candidats pour dire le droit et leur décision serait cruciale et déterminerait la suite à donner au combat des candidats plaignants, qui avaient d’ores et déjà rejeté les résultats avant leur proclamation. Après l’annonce des résultats, beaucoup de candidats ont dit ne pas les reconnaitre, parce qu’entachés d’irrégularités. C’est le cas du chef de file de l’Opposition, Soumaila Cissé qui, dans une déclaration lue devant la presse, affirme que : ces résultats ne reflètent pas le vote des maliennes et des maliens, qu’ils ne sont ni sincères ni crédibles. Pour lui, ce sont des résultats de la fraude, d’un bourrage honteux des urnes en faveur du président de la république sortant. Le chef de file de l’Opposition pense que ces résultats sont les fruits de grosses irrégularités et de violations délibérées de la loi électorale. Ils sont des résultats manipulés, a-t-il conclu. Comme Soumaila Cissé, Aliou Diallo, arrivé troisième, a la même appréciation et manifeste le même rejet. D’autres candidats semblent être dans la même logique de rejeter les résultats proclamés par le Ministère de l’Administration Territoriale et ont saisi la Cour Constitutionnelle, l’institution habilitée à vider les contentieux électoraux. Si certains candidats font encore confiance en la Cour Constitutionnelle, d’autres doutent de sa sincérité, de son impartialité et de sa volonté de dire le droit, rien que le droit. Tout semble indiquer qu’en cas de non satisfaction, ils envisageraient le rapport de force.
En somme, l’heure est au questionnement et les sentiments qui se dégagent sont ceux d’une incompréhension des citoyens qui se demandent comment le président sortant, avec le soutien de toutes les catégories socioprofessionnelles en 2013 n’a pas franchi le cap des 40 % au premier tour, et c’est au plus bas de sa côte de popularité en 2018 qu’il a pu engranger de tels résultats, 41,42 % . Le mercure est en train de monter et le risque des troubles est désormais visible.