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Tiébilé DRAME, la dérive pouvoiriste
Publié le lundi 6 aout 2018  |  Info Matin
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture
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Entre le notable épris de reconnaissance et le révolutionnaire en peau de lapin, on ne sait pas lequel parle quand le Directeur de campagne de Soumi champion prend la parole pour violer allègrement les dispositions légales, en matière électorale, et se montrer impertinent, autant à l’endroit de l’Autorité administrative que de la Communauté internationale.

Il n’y a plus de doute : le camp Soumi champion panique, au point de se consoler d’une hypothétique deuxième place, après le Président-candidat dont ils ne se sont pas avisés de mettre en cause le statut de premier, après le scrutin du dimanche 29 juillet dernier.

L’incartade
Le camp Soumi panique, parce qu’à l’instar de Tiébilé DRAME, Directeur de campagne du candidat, il conteste en avance les résultats du vote et demande un recomptage des voix : « Nous contestons en avance les résultats et demandons un recomptage contradictoire des voix ». Du jamais vu, de mémoire de démocrate : contester des résultats et demander un recomptage des voix, alors qu’aucune Autorité ‘’autorisée’’ n’a encore communiqué quoi que ce soit. En la matière, le jamais vu est quasi quotidien en cette année électorale de 2018. Cette incartade devrait avoir sa place dans le livre Guinness des records.
Atypique vous avez dit ? Décidément, le Mali n’arrêtera jamais de surprendre la Communauté internationale par les incongruités de ses pseudo-démocrates.
Le camp Soumi panique, parce qu’il a l’idée effarante de récuser la Cour constitutionnelle, la 5e Institution de la République, dont le fondement est la Loi fondamentale. Le comique de l’affaire, c’est l’air sérieux et solennel de ceux qui avancent de telles inepties.
Le camp Soumi panique, parce qu’il a perdu son latin. Voici un Tiébilé DRAME qui, durant les 5 ans du mandat du Président IBK, n’a eu de cesse de débiter tel un mantra : « nous sommes une opposition démocratique et républicaine » ; « nous sommes une opposition sérieuse », et tutti quanti.

L’anarchisme
Face à la vérité supposée ou réelle des urnes, le Directeur de campagne de Soumi champion s’est vite fourvoyé, oubliant les principes élémentaires de la démocratie : le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, en se fendant dans la presse. Comme si les médias avaient le pouvoir de changer les votes exprimés par les électeurs ! Comme s’il espérait un miracle !
Mais voilà, en République du Mali, il y a des Lois, comme en toute République, lesquelles lois s’appliquent à tout le monde, en toute circonstance et en tout lieu sur le territoire. Sous nos cieux, l’on découvre, sans grande stupéfaction en réalité que lorsque les rêves sont brisés ou hypothéqués et que les ambitions sont contrariées, les preux chevaliers de la République se muent en vulgaires anarchistes. Sinon les voies de recours, encore faudrait-il que la situation se présente, sont clairement codifiées. Au Mali, la Constitution du 25 Février 1992 dispose en son article 86 : ‘’La Cour constitutionnelle statue obligatoirement sur la constitutionnalité des lois organiques et des lois avant leur promulgation;
• les règlements intérieurs de l’Assemblée nationale, du Haut Conseil des Collectivités et du Conseil économique, social et culturel avant leur mise en application quant à leur conformité à la Constitution;
• les conflits d’attribution entre les institutions de l’État;
• la régularité des élections présidentielles, législatives et des opérations de référendum dont elle proclame les résultats’’.
L’article 87 dispose : ‘’La Cour constitutionnelle est saisie, en cas de contestation sur la validité d’une élection, par tout candidat, tout parti politique ou le délégué du Gouvernement, dans les conditions prévues par une loi organique’’.

Le paradoxe Tiébilé
Le paradoxe Tiébilé ? C’est faire assidûment la cour à la Communauté internationale et en même temps la dézinguer pour la contraindre et la forcer à soutenir son candidat, Soumi champion qui décidément ne doit pas avoir son salut dans les urnes.
Le paradoxe Tiébilé ? C’est ce ton impératif, va-t-en-guerre qui est aussi inapproprié qu’avilissant pour celui qui a obtenu, PAR LA VOIE DU DIALOGUE, plus qu’il n’espérait et probablement plus qu’il ne le méritait. Le Directeur de campagne de Soumi champion, dans ses propos, fait montre de goujaterie en EXIGEANT DE… Cette impertinence apparaît dans de nombreux passages de son discours : « nous exigeons des autorités qu’elles prennent toutes les mesures qui s’imposent, dans la perspective du second tour du 12 août prochain, afin d’éviter la réédition de ces graves manquements » ; « dans la perspective du second tour, nous exigeons du pouvoir une réponse à ces questions et un soutien effectif de la communauté internationale ».
Dans le dictionnaire français, EXIGER signifie demander impérativement (ce que l’on pense avoir le droit ou la force d’obtenir), ordonner, commander, imposer, astreindre, sommer.
Par analogie, d’une part, si exiger renvoie à demander impérativement ce que l’on pense avoir le DROIT d’obtenir, le Directeur de campagne de Soumi champion s’en serait tenu à la juridiction constitutionnelle. On gagne une élection dans les urnes et non par des déclarations lunaires. Tiébilé a opté, jusque-là en tout cas, cette dernière voie.

Le radicalisme
D’autre part, si exiger renvoi à demander impérativement ce que l’on pense avoir la FORCE d’obtenir, alors le camp Soumi ne se priverait pas d’engager l’épreuve de force, au risque d’une nouvelle déstabilisation du pays. En tout cas, si on le lui permet. Parce que EXIGER appelle à des mesures de rétorsion, en cas de non-satisfaction du donneur d’ordre.
Autrement, la langue de Molière est si riche en expressions plus civilisées que M. DRAME aurait pu faire l’économie du terme EXIGER. Tiébilé en donne lui-même la preuve lorsqu’il dit : « Nous invitons le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation à rendre publique la liste exhaustive des localités affectées (…) » ; « nous en appelons également à la communauté internationale afin qu’elle joue pleinement son rôle afin de garantir aux Maliens et aux Malienne un scrutin libre (…) ».
In fine, otage de son potentiel subversif unique, en République du Mali, les longues logorrhées de M. DRAME desservent son candidat et surtout sont indignes « d’une démocratie à laquelle nous aspirons toutes et tous… »

PAR BERTIN DAKOUO
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