Le jeudi 2 août 2018 apparaissaient les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle. Avant cette proclamation, il avait été convenu, par souci de transparence que le ministre de l’Administration territoriale publie les résultats bureau de vote par bureau de vote. Mais le ministre Ag Erlaf agit autrement. Une attitude qui ne peut laisser les citoyens et observateurs indifférents.
Pourquoi le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation a-t-il refusé de publier intégralement les résultats provisoires, bureau de vote par bureau de vote, comme l’ont d’ailleurs réclamé avec insistance les observateurs de l’Union Européenne, emboîtant ainsi le pas à l’opposition qui formulait la même exigence par souci de transparence du dépouillement ? Voilà la grande interrogation.
En effet, tenant compte du climat politique dans un contexte particulier, certaines suggestions avaient été formulées à l’adresse du Ministre pour la bonne tenue de cette élection du président de la République. Parmi ces mesures, la publication des résultats du premier tour de la présidentielle, bureau de vote par bureau de vote, pour éviter toute suspicion de manipulation des résultats donc toute crise post-électorale. Mais le Ministre est passé outre en publiant les résultats comme bon lui semble, engendrant par conséquent des contestations de partout au sein de la classe politique. Chose qui pourrait déboucher sur une crise post-électorale généralisée par l’implication de la population civile, d’ailleurs appelée à un grand meeting de dénonciation desdits résultats par le collectif des candidats à l’élection présidentielle regroupant u moins 16 candidats.
Rappelons que depuis bien avant la proclamation des résultats provisoires, des politiques ont dit avoir découvert que dans certaines localités le nombre de votants inscrits pour le compte du président sortant dépasse le nombre d’habitants. Ce qui signifie qu’il y a eu bourrage d’urnes.
En plus, des cartes d’électeurs se faisaient acheter par des membres du RPM, l’achat de conscience avait atteint le summum. Jamais au cours d’une élection présidentielle, l’achat n’a autant coulé pour soutenir une vaste opération d’achat de conscience. Tous ces faits, constatés, justifient le manque de confiance des autres partis politiques envers le processus électoral et par conséquent leur refus d’accepter les résultats provisoires publiés par le ministère de l’Administration territoriale.
C’est pourquoi, la seule chose qui pouvait les rassurer et certainement infléchir leur position de rejet desdits résultats, c’était le concret, notamment qu’ils voient le nombre réel de voix obtenues par chaque candidat dans chaque bureau de vote au Mali. Ce qui d’ailleurs, représente le minimum de respect des citoyens qui ont droit à cette information pour laquelle, aucun Malien ne doit se faire la gorge chaude pour l’obtenir.
Une autre « mauvaise foi » du ministre de l’Administration territoriale consiste à ne pas tenir compte des revendications de l’Union européenne. Celle-ci se préoccupant du contexte social avait invité le gouvernement à faire l’état des zones dans lesquelles l’élection n’a pas pu avoir lieu en publiant le nombre de bureaux de vote où cette situation s’est produite. Mais jusque-là, ces bureaux sont tenus « secret défense ». Ce qui confirme davantage leur mauvaise volonté d’œuvrer en tous sens, sauf celui de la transparence de ce scrutin.
Ce qui est sûr, le Mali est sous haute surveillance de la Communauté internationale qui observe et note parce que chacun répondra de ses responsabilités au besoin car les candidats à la présidentielle qui s’engagent dans une logique de contestations sont dans leur droit et semble ne pas vouloir lâcher prise. Mieux vaut donc éviter au Mali le chaos en tenant compte des suggestions, sources de transparence, afin de sauvegarder le tissu social malien qui se lézarde avec cette présidentielle.