Au début de la semaine, des informations indiquaient que l’armée algérienne a fait échec à une d’une tentative d’organisation d’un congrès de la nébuleuse djihadiste « Al-Qaïda au Maghreb Islamique » (AQMI) en l’empêchant de le tenir à la frontière algéro-tunisienne. Selon une source sécuritaire, ce rassemblement était consacré au renouvellement des structures de l’organisation djihadiste. C’est grâce à l’interception d’une communication que l’information a filtré.
Pour autant, même si ce n’est pas dans la même zone, des informations précisent que ce rassemblement a bien eu lieu en présence de plusieurs chefs de l’organisation dirigée par l’Algérien Abdelmalek Droukdel alias Abou Mosaâb Abdel Woudoud.
Parmi les points abordés au cours de ce rassemblement, il y aurait le changement de leader au niveau de la principale branche de cette organisation au Sahel à savoir le « Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans » ou encore le « Jamaât Nosrat al-Islam wal-Mouslimin » (JNIM). Une coalition de groupes djihadistes opérant au Sahel sous la coupe d’AQMI, dirigée par Iyad Ag Ghali alias Abou al-Fadel.
S’agissant des reproches faits à ce dernier, on l’accuse de privilégier son mouvement « Ansar Dine » au détriment des autres. Aussi, la direction de l’organisation estime qu’il concentre plus ses efforts au Mali alors que celle-ci veut avoir une vocation régionale, voire mondiale. Raison pour laquelle certains cadres de l’organisation n’hésitent pas à douter de la capacité d’Iyad Ag Ghali de diriger le JNIM.
Trop de victimes civiles
Par ailleurs, il serait également reproché à ce groupe d’avoir tué de nombreux civils au cours des attaques menées dans les pays de la zone, notamment au Mali. Il faut dire que ce groupe cherche plutôt à gagner la confiance des populations. De ce fait, à chaque fois qu’il planifie une attaque entraînant la mort de civils, il les revendique rarement, sinon jamais. Comme c’était le cas lors de l’attaque menée contre le café-restaurant Cappuccino de Ouagadougou (Burkina Faso), il y a environ un an, qui n’a toujours pas été revendiquée. On se souvient que parmi les 18 victimes figuraient même des guides religieux venus en conférence.
Rivalités internes
Autre raison évoquée pour ce changement à la tête du JNIM, on apprend aussi qu’il pourrait être en lien avec la mort d’une douzaine de ses combattants dont des cadres comme Abou Mohamed Ag Sidi Moula, le Marocain Saïd Dagdag dit Abdourahmane Al Maghrebi, le Mauritanien Ayman Al-Chiunguti, tués entre 2017 et 2018. D’aucuns vont même jusqu’à évoquer un effort interne d’élimination des rivaux ou des remplaçants potentiels. Si cette information de changement de tête au niveau du JNIM se confirme, cela pourrait être un véritable coup de tonnerre.
L’Algérien Yahya Abu al-Hammam bénéficie du soutien d’AQMI
D’autant qu’un rebondissement est survenu hier à travers une déclaration en date du mardi 7 juillet attribuée à l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel. Ce dernier n’a pas hésité à faire l’éloge de l’émir adjoint de la Jama’a Nusrat al-Islam et chef de la région du Sahara d’AQMI, l’Algérien Yahya Abu al-Hammam (Djamel Okacha). Ce dernier avait d’ailleurs été visé par une frappe aérienne – dont les commanditaires sont toujours connus – qui a pris pour cible un véhicule devant une maison dans le quartier d’Al-Sharib, à Oubari, ville située dans le grand désert libyen. Une zone principalement habitée par les Touareg libyens et maliens. Ce raid n’avait fait qu’une seule victime à savoir le commandant d’AQMI, Ramzi Mansour, un Tunisien du nom de guerre Ramzi al-Tunisi, aide du défunt Moussa Bourahla, tué précédemment. Mais une source proche d’AQMI avait reconnu dans une communication (publiée sur Twitter par le chercheur français Romain Caillet) qu’Abou al-Hammam était bien l’une des cibles de frappes. Aussi, il faut dire que récemment Abou al-Hammam a été très présent multipliant les sorties sonores pour critiquer la lutte antidjihadiste menée par la France au Mali. Ainsi, il n’est donc pas exclu qu’au regard de toutes ces raisons qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique décide de remplacer Iyad Ag Ghali par Abou al-Hammam à la tête du JNIM. Sans compter d’autres sources qui affirment que ce changement de leader « pourrait permettre de corriger les erreurs et se recentrer sur la cause initiale ». Reste à savoir si cette nouvelle donne va permettre à Iyad de négocier sa sortie honorable en réintégrant la République. Surtout que des voix appellent à négocier avec lui pour freiner la propagation du djihadisme armé au Mali.
En tout cas, les prochains jours nous permettront sûrement d’être mieux édifiés sur la situation. D’autant qu’on attend toujours l’avis d’experts de cette question qui ne se sont pas encore prononcés jusqu’ici, sans doute par prudence.