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Mali: l’aide internationale, un moyen de pression limité sur le processus électoral
Publié le samedi 11 aout 2018  |  AFP
Présidentielle:
© aBamako.com par Momo et A S
Présidentielle: La population malienne et les candidats ont fait leur devoir citoyen
Bamako, le 29 Juillet 2018. La population malienne et les candidats se sont rendue ce matin dans les bureaux de vote pour élire leur président
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Bamako, 11 août 2018 (AFP) - Au chevet du Mali depuis plusieurs années, la
communauté internationale suivra avec intérêt le second tour de l’élection
présidentielle de dimanche, mais le déroulement du vote pèsera au final peu
sur l’avenir des milliards de dollars d’aide que perçoit Bamako, selon des
diplomates.
Bruxelles, Paris ou encore Washington refusent de dire quelles sont les
lignes rouges à ne pas franchir par ce pays, toujours confronté à la menace
jihadiste et dont l’évolution pèsera sur l’ensemble du Sahel, et même au-delà.
L’opposant Soumaïla Cissé, qui affronte le président sortant Ibrahim
Boubacar Keïta, a dénoncé un "hold-up électoral" lors du premier tour le 29
juillet et appelé les bailleurs étrangers à "prendre leurs responsabilités",
jugeant leurs critiques timorées.
L’opposition accuse le pouvoir d’avoir profité de l’insécurité, née des
violences jihadistes et ethniques, pour gonfler le résultat du
président-candidat, qui nie fermement.
Tout juste le gouvernement a-t-il reconnu que "pour diverses raisons", près
de 250.000 électeurs n’ont pas été en mesure de voter dans le Nord et le
Centre.
Mais les accusations de "bourrages d’urnes" et autres fraudes aux
procurations ont été balayées par la Cour constitutionnelle, à l’impartialité
elle aussi mise en cause par l’opposition.

- L’UE rappelée à l’ordre -

Forte d’une centaine d’observateurs sur place, l’Union européenne, premier
bailleur international du Mali, a pesé en réclamant la publication des
résultats "bureau par bureau". Et elle a aussi plaidé pour davantage de
"transparence" au second tour et un accès garanti à tous les centre de vote.
Mais elle a été rappelée à l’ordre par la diplomatie malienne qui a exhorté
l’UE à ne pas "entraver le processus électoral".
Entre les contributions directes de la Commission européenne et celles des
États membres, les 28 versent pourtant chaque année au gouvernement malien,
pour son bon fonctionnement, autour de 400 millions d’euros, pour un total de
projets en cours dépassant les 2 milliards.
"Si vous donnez autant d’argent, envoyez autant d’experts, et qu’au final
les autorités maliennes (...) bourrent les urnes pour produire une autorité
illégitime qui va encore perpétuer le même système d’insécurité, ce serait ne
pas être honnête auprès des contribuables européens", enrage l’activiste et
animateur de radio Ras Bath, particulièrement influent auprès de la jeunesse.
"Se taire, c’est se rendre complice !", affirme le virulent tribun, soutien
déclaré à M. Cissé.
Vu "le timing serré" avec l’élection, l’UE "ne désire pas s’exprimer"
actuellement sur les conditions et indicateurs qu’elle fixe à Bamako pour son
aide, a fait savoir un responsable.
Même silence de la France, puissant soutien du Mali, dont l’ambassade n’a
pas répondu aux multiples demandes de l’AFP sur le sujet.
Les États-Unis ont pour leur part indiqué avoir réduit drastiquement leur
soutien d’environ 100 millions de dollars entre 2017 et 2018, avec 81,5
millions prévus cette année, sans préciser les conditions liées à leur aide ni
les raisons de leur baisse de voilure.
Outre l’UE, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le
Canada sont les seuls organisations et États à financer directement le budget
de fonctionnement du gouvernement du Mali, l’un des pays les plus pauvres de
la planète.

- "Grosse catastrophe" -

Avec 85 millions d’euros versés chaque année, dont environ 10% directement
à l’État malien, en santé et éducation, Ottawa mène ici l’un de ses "plus
larges projets de développement au monde", relève son ambassadeur, Louis
Verret.
Mais puisque "certaines régions sont difficilement sécurisables" en raison
des violences, "on sait que ce ne sera pas des élections parfaites, mais elles
doivent être acceptables et démocratiques", résume le diplomate, rappelant que
le Canada avait suspendu son aide bilatérale en 2012 après le coup d’Etat
militaire.
"Il faut une grosse catastrophe comme un coup d’État pour stopper les
versements", confirme un diplomate occidental souhaitant garder l’anonymat.
Cette source admet tout de même que "des indicateurs de bonne gouvernance
ne sont pas atteints" et que certaines sommes ont été suspendues car "il reste
des progrès à faire pour le Mali".
Acteur incontournable, l’ONU dépense chaque année un milliard de dollars
dans sa mission de maintien de la paix (Minusma), sa plus importante sur la
planète.
Aux côtés de cette force policière et militaire, l’agence des Nations unies
pour le développement (PNUD) débourse annuellement 40 millions de dollars pour
notamment aider à la "restauration de l’autorité de l’État".
Mais cette année, à la demande de Bamako, elle n’a joué qu’un rôle mineur
dans l’organisation de la présidentielle, contrairement à 2013, dit son
directeur au Mali, Aboubacar Koulibaly.
L’aide du PNUD, explique-t-il, ne requiert "pas de contrepartie spécifique"
du Mali. "Car c’est ce que les Etats membres veulent."
sab/sd
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