Le nord du Mali est depuis longtemps une zone de transit de stupéfiants mais, depuis quelques années, la consommation locale explose : shit, coke, crack ou Tramadol, on trouve de tout à Bamako.
A l'été 2004, une chanson fit un tabac dans le monde entier et particulièrement en France, où elle devint un temps l'incontournable tube des fêtes de village. C'était Dimanche à Bamako (c'est jour de mariage), chantée par Amadou et Mariam, un couple de musiciens aveugles et jusque-là inconnus à l'extérieur des frontières du Mali. Ils donnaient une image joyeuse et familiale de la vie dans la capitale malienne. Mais ça, c'était avant… En 2018, un dimanche à Bamako n'a plus grand-chose à voir avec la fête.
Les jeunes de Bamako, ceux qui dorment à même le sol, font la manche aux carrefours, triment dur comme petits vendeurs des rues ou « apprentis chauffeurs », n'ont d'oreilles que pour un rappeur de 22 ans brandissant une machète dans un clip vidéo qui a fait scandale en début d'année. Il s'appelle Iba Montana et le titre incriminé est Siriké Djo, en bambara (« Roules-en un, frère »). C'est bien sûr du joint d'herbe qu'il s'agit, apprécié dans de nombreux quartiers de la ville et de ses banlieues étirées sur des kilomètres où la fumette est presque aussi banale désormais qu'à Kinshasa, Lagos ou Accra. Ainsi, selon une enquête menée en 2012, et pour ne parler que d'eux, 50 % des adolescents maliens de 17 ans y ont touché au moins une fois, 15 % des garçons et 6 % des filles au minimum 10 fois par mois.
« C'est un sujet encore tabou, les autorités, les instances politiques ou religieuses n'en parlent pas volontiers. En vérité, fumer du cannabis n'a rien de traditionnel et la société malienne n'a pas de tolérance particulière à l'égard des drogues. Pourtant, la consommation comme le trafic ont explosé »,...