Un séminaire national sur la protection renforcée des biens du patrimoine mondial du Mali a commencé samedi au Centre international de conférences de Bamako sous la présidence du ministre de la Culture Bruno Maïga. Il s’agit au cours de cette rencontre de définir une stratégie conjointe, gouvernement malien-UNESCO, de mise en œuvre d’un plan d’actions pour une protection renforcée des biens culturels, déterminer les actions prioritaires pertinentes à mettre en œuvre à court et moyen termes et définir des axes d’intervention en fonction des premiers diagnostics faits notamment à Tombouctou dans différents secteurs du patrimoine culturel les plus affectés par l’occupation du nord par les djihadistes et narco trafiquants.
Pour cela, a promis Bruno Maïga, des moyens humains, matériels et financiers seront mobilisés.
Dans le souci d’assurer une exécution cohérente du Plan d’action, le gouvernement a déjà pris des dispositions réglementaires par la création d’un Comité national pour la réhabilitation du patrimoine détruit des régions du nord. Ce comité œuvrera en parfaite intelligence avec les professionnels et experts venant d’autres horizons pour l’implémentation efficiente des actions ciblées. Quant à l’UNESCO, elle est engagée dans une opération d’envergure de sauvegarde d’urgence comparable aux grands projets de sauvegarde des Monuments de Nubie d’Abou Simbel en Egypte, et du site d’Angkor au Cambodge où se tiendra très la 37è session du Comité du patrimoine mondial du 16 au 27 juin 2013.
Pour le ministre de la Culture les terroristes qui occupaient le nord de notre pays se sont attaqués aux valeurs culturelles précieuses, ils cherchaient à détruire notre identité culturelle et par ricochet entraver le développement global harmonieux du pays. Les conséquences des malheureux évènements survenus sont multiples : crise sans précédent du tourisme culturel, avec ses corollaires de manque de revenus pour les communautés et les acteurs du tourisme, diminution drastique d’activités culturelles et de fréquentation des sites patrimoniaux (Tombouctou, Djenné, Mopti, Pays Dogon, etc.) ; recrudescence du phénomène du vol et du trafic illicite d’objets d’art, destruction de manuscrits anciens. A cela s’ajoutent l’interdiction d’événements culturels et de spectacles à caractère festif ou de réjouissance, et la baisse de la production artisanale. L’économie de la culture est en forte baisse ; les artistes et autres opérateurs culturels sont durement frappés et sevrés de ressources financières générées par la culture, l’artisanat d’art et le tourisme culturel.
Pour Juma Shabani, le directeur du Bureau multi-pays de l’UNESCO de Bamako, son institution sera toujours aux côtés du Mali dans le cadre de la protection et de la sauvegarde du patrimoine culturel. Il a rappelé que la mission conjointe qui vient de s’achever nous a permis d’évaluer les dégâts subis par le patrimoine culturel et les manuscrits à Tombouctou.
Pour la commission du patrimoine bâti, la restauration des mausolées détruits, la réhabilitation des cimetières et de toutes les autres sont envisagées, tout comme le crépissage de la mosquée de Djingareyber. Il faudra dès à présent faire l’état des lieux des bibliothèques des manuscrits dans les régions du nord, créer les conditions de conservation des manuscrits, créer les conditions de conservation électronique (numérisation) des manuscrits, et préparer le retour des manuscrits à Tombouctou.
La Commission Musées estime qu’il faut réhabiliter et équiper les musées ; recruter former du personnel pour les musées ; acquérir des collections pour les musées ; collecter et documenter les artéfacts et traces de la crise en vue de montrer la mémoire de l’occupation des régions par les djihadiste; doter les musées d’un statut juridique ; confectionner et implanter des signalétiques pour rendre les musées plus visibles. Enfin elle estime qu’il faut mettre la dimension musée dans le plan d’action de la commission dialogue et réconciliation.
Enfin, la Commission patrimoine immatériel propose : de procéder à la relance des activités d’expression culturelle, de faire des campagnes de sensibilisation sur les médias avec l’aide des leaders d’opinion, les leaders communautaires, les praticiens et détenteurs de savoir-faire ; entreprendre des mesures de sauvegarde et de revitalisation des éléments du patrimoine culturel immatériel par la création d’espace d’expression : festival et autres rencontres d’expression culturelle, utilisation des espaces des musées et autres institutions, etc.