La décision a été prise le jeudi 9 août dernier par le Comité du Conseil de sécurité de l’ONU faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’EIIL (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés.
Cette structure a approuvé l’entrée du chef de l’Etat Islamique au Grand Sahara, Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, sur la Liste des individus et entités faisant l’objet de sanctions. Lesquelles vont du gel des avoirs à l’interdiction de voyager en passant par un embargo sur les armes. Ce, conformément au paragraphe 1 de la résolution 2368 (2017) du Conseil de sécurité et adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
Selon ce document, le chef de la branche de l’Etat Islamique dans le Grand Sahara serait né le 16 février 1973, à Laayoune, dans le territoire sahraoui. C’est un personnage aux multiples pseudonymes dont les plus fiables sont : Lahbib Idrissi Ould Sidi Abdi Ould Said Ould El Bachir, Adnan Abu Walid al-Sahrawi, Abu Walid al Sahrawi, Adnan Abu Walid al-Sahraoui, Adnan Abu Waleed al-Sahrawi, Lehbib Ould Ali Ould Said Ould Joumani. Toutefois, l’on ignore sa nationalité actuelle. S’agissant de sa zone d’intervention, l’on parle de Ménaka et de Gao. Il serait également signaler dans certaines localités du Niger.
Toujours dans sa fiche de description, il a été l’ancien porte-parole du Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) puis Émir du groupe Al Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar. Avant de prêter allégeance à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), puis d’être désigné chef de la branche de ce groupe dans le Grand Sahara, en 2016. Il faut reconnaitre qu’aussi bien le mouvement dans lequel il est issu, le MUJAO a été ajouté à la liste noire du Comité des sanctions de l’ONU en tant que groupe lié à Al-Qaïda, depuis 2012. Des restrictions qui touchent également des mouvements comme Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali, AQMI… Il y a lieu de signaler que dans cette liste figurent 694 personnes ainsi que 399 entités.
Rappelons que l’Etat Islamique au Grand Sahara a été récemment placé par le Département d’Etat américain sur la liste noire des organisations terroristes étrangères conformément à l’article 219 de la Loi sur l’immigration et la nationalité. Le Ministère a également inclus Daesh dans le Sahara et son chef, Adnan Abu Walid Sahraoui sur la liste des terroristes mondiaux identifiés notamment en vertu du paragraphe 1 (b) du décret 13224.
A travers cette annonce, il est interdit aux Américains d’engager généralement toute transaction ou faire des affaires avec Daesh dans le Grand Sahara et Adnan Abu Walid Sahraoui. Cela, en plus du gel de leurs avoirs et intérêts des différentes juridictions relevant de la compétence spéciale des États-Unis. En outre, la fourniture de soutien matériel ou de ressources à l’organisation ou la tentative de lui fournir sciemment est considérée comme un crime.
Il faut, par ailleurs, indiquer qu’une récente étude a démontré que le nombre d’éléments armés dont disposent l’État Islamique dans le Grand Sahara dispose est de 450 à 500. On attribue à cette entité environ une quinzaine d’attaque dont les plus en vue sont celle ayant visé la prison de Koutoukale, en octobre 2016, à Niamey et l’embuscade de Tongo Tongo, près de la frontière malienne, en octobre 2017, qui a entraîné la mort de quatre militaires américains et de cinq Nigériens.
Parmi les éléments armés dont dispose cette entité une bonne centaine serait issue de Fulani Toleebe – un groupe composé d’éléments ayant fait défection à la Katiba d’Ançar Dine du Macina d’Amadou Koufa, en 2017 pour rejoindre l’EIGS – et plus de 125 combattants de Katiba Salaheddine, une filiale de l’EIGS dirigée par Sultan Ould Badi, un transfuge du MUJAO qui a également combattu dans les rangs de d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique en 2009. A rappeler que Ould Badi est d’ascendance mixte arabe et touareg, à savoir les sous-fractions Ahel Taleb (Tilemsi Arab) et Taghat Mellet (confédération Ifoghas Touareg).