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Mali: l’opposition rejette les résultats de la présidentielle et appelle à se "lever"
Publié le lundi 13 aout 2018  |  AFP
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse du Candidat Soumaïla Cissé
Bamako, le 3 Aout 2018 le Candidat Soumaïla Cissé a fait une déclaration sur les résultats du Premier Tour
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Bamako, 13 août 2018 (AFP) - Le candidat de l'opposition au Mali, Soumaïla
Cissé, a rejeté lundi à l'avance les résultats du second tour de la
présidentielle, appelant le pays à se lever face à "la dictature de la fraude"
après un scrutin qui s'était pourtant déroulé dans de meilleures conditions
sécuritaires qu'au premier tour.
Les résultats du duel entre le président sortant et favori Ibrahim Boubacar
Keïta (IBK) et l'opposant Soumaïla Cissé doivent être prononcés en milieu de
semaine par la cour constitutionnelle, mais "d'ores et déjà, nous (les)
rejetons", a lancé à ses partisans M. Cissé du balcon de son siège de campagne.
Le vainqueur entrera en fonction début septembre avec la lourde tâche de
relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante
touareg, dont l'application accumule les retards, dans ce vaste pays du Sahel
toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq années d'interventions
militaires internationales.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une
intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui
se poursuit actuellement. Malgré l'accord de paix, les violences ont persisté
et se sont propagées depuis vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina
Faso et au Niger voisins.
Interrogé début juin par l'AFP, M. Cissé avait estimé qu'il faudrait
"absolument éviter une crise électorale". Mais alors qu'en 2013, il avait
reconnu sa défaite, déjà face M. Keïta, avant même l'annonce des résultats, il
n'a cessé cette fois d'accuser le camp d'"IBK" de profiter de l'insécurité
dans le centre le Nord pour truquer le scrutin.
"J'en appelle à tous les Maliens à se lever (...) Nous n'accepterons pas la
dictature de la fraude", a lancé lundi à ses militants M. Cissé, ancien
ministre des Finances de 68 ans, accusant le pouvoir d'avoir "attaqué" et mis
hors d'usage le système de comptabilisation de l'opposition dans la nuit de
dimanche à lundi, alors qu'il était crédité selon lui de 51,93% des suffrages
contre 47,53% pour le président sortant.
"La responsabilité de ce qui va arriver dans le pays est dans le camp du
président de la république", a averti M. Cissé lors d'un bref entretien à des
médias, dont l'AFP.
Il a en outre déploré la brève arrestation dimanche de six membres de son
équipe de communication, dont quatre Français, par les services de
renseignement maliens, qui ont saisi leurs ordinateurs et téléphones.
"Pourquoi, si ce n'est pour cacher quelque chose ?", a demandé M. Cissé.
Cinq hommes ont été libérés sans charge au bout de deux heures, mais
l'opposition est toujours, 24 heures plus tard, "sans nouvelles" du sixième,
un Ivoirien.
"Ca n'a rien à voir avec le candidat Cissé, absolument rien à voir.
L'élection se fait, mais le travail de sécurité se fait aussi", a fait valoir
le ministre de la Sécurité publique, le général Salif Traoré. Une enquête a
été "ouverte".

- Baisse des incidents -

Le deuxième tour s'était pourtant déroulé dans un climat plus apaisé que le
premier. Seuls 490 bureaux de vote - sur 23.000 - n'ont pu ouvrir, soit moitié
moins que le 29 juillet, a indiqué le général Traoré.
"Nous avions un peu plus de 3,7% des bureaux qui n'avaient pas fonctionné
normalement" lors du premier tour, dont M. Keïta était sorti largement en tête
avec près de 42% des voix pour 17,78% à son concurrent, a rappelé le général
Traoré.
Il a estimé à 2,1% le nombre de bureaux restés fermés dimanche. Tout en se
disant "pas tout à fait satisfait", il a attribué ce succès à la "montée en
puissance" des forces armées, qui avaient déployé 36.000 hommes, soit 6.000 de
plus qu'au premier tour.
La grande majorité des bureaux restés fermés (440 sur 490) étaient à
nouveau situés dans la région de Mopti (centre), en proie à des violences
ethniques attisées par des groupes jihadistes. Les autres bureaux se trouvent
dans le Nord, dont 23 dans la région de Tombouctou, où l'Etat est peu ou pas
présent et où un président de bureau de vote a été tué par six jihadistes
présumés venus "interdire le vote" lors du plus grave incident de la journée.
Le scrutin, jugé déterminant pour l'avenir du Sahel, s'est déroulé dans la
relative indifférence de la population en raison d'une météo pluvieuse, des
risques de violences et du manque de suspense.
L'Union européenne a appelé à la "transparence" dans chaque étape de la
compilation des résultats.
Selon le camp de M. Cissé, des bulletins de vote "circulaient" ces derniers
jours, preuve que des bourrages d'urnes étaient en préparation.
Des journalistes de l'AFP ont constaté que dans au moins six bureaux de
vote de Bamako, les procès-verbaux électoraux avaient été préremplis et signés
avant même la fin du vote. Ibrahim Boubacar Keïta a répliqué aux accusations
en dénonçant des "manoeuvres" de l'opposition.
sab/siu/jh

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