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Mali: la camp IBK confiant, UE et l’ONU appellent au calme
Publié le mardi 14 aout 2018  |  AFP
Meeting
© aBamako.com par Androuicha
Meeting de lancement de campagne du candidat IBK
Bamako, le 08 juillet 2018 au stade du 26 mars. Au lendemain de l`ouverture de la campagne électorale de la présidentielle du 29 juillet, le président sortant en la personne du candidat Ibrahim Boubacar Keita et toute sa direction de campagne ont officiellement lancé la leur devant des milliers de militants et sympathisants de leur parti RPM.
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Bamako - Le parti du président malien sortant a estimé mardi qu’il "serait réélu" à la tête du Mali, avant même l’annonce officielle des résultats et malgré les appels des Nations unies et de l’UE à garder le calme, après un deuxième tour marqué par les soupçons de fraude électorale et par une amélioration de la sécurité.

Les résultats provisoires du duel entre le président sortant et favori Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et l’opposant Soumaïla Cissé doivent être annoncés mercredi, selon une source officielle. Ils seront ensuite entérinés par la cour constitutionnelle.

Selon le camp d’IBK, il "serait réélu de manière large et confortable", selon "les résultats issus du système de centralisation". "Toutefois, nous attendons avec sérénité les résultats officiels qui vont être communiqués prochainement par les autorités compétentes", a relevé Boukary Treta, son directeur de campagne.

La veille, son opposant avait appelé les Maliens à se "lever" face à des résultats qu’il rejetait d’emblée car entachés de fraude, selon lui. Son entourage a précisé mardi à l’AFP que l’ancien ministre des Finances ne reconnaissait pas les résultats qui sont frauduleux, et non l’ensemble de ce scrutin déterminant pour l’avenir du Sahel.

Le vainqueur entrera en fonctions le 4 septembre avec la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont l’application accumule les retards, dans ce vaste pays du Sahel toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq ans d’interventions militaires internationales.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Malgré l’accord de paix, les violences ont persisté et ont progressé.

Accusant le camp d’IBK d’avoir profité de l’insécurité pour truquer le scrutin, M. Cissé a appelé lundi les Maliens à "se lever" face à ce qu’il qualifie de "dictature de la fraude". Cet ancien ministre a accusé le pouvoir d’avoir "attaqué" et mis hors d’usage le système de comptabilisation électorale de l’opposition alors qu’il était en tête, selon lui.

"La responsabilité de ce qui va arriver dans le pays est dans le camp du président de la république", a averti M. Cissé.

A New York, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé "toutes les parties à conserver le calme jusqu’à la conclusion du processus électoral, (tout) en évitant les rhétoriques incendiaires". A Bamako, la mission d’observation électorale de l’UE a exhorté "les candidats à faire preuve de mesure" dans l’attente des résultats. ONU et UE ont insisté pour que les deux candidats évitent d’annoncer leurs propres résultats, en vain.

- Transparence ’indispensable’ -

Alors que la tension montait à Bamako, l’UE a exhorté lundi le gouvernement à publier "dès que possible et avant proclamation des résultats définitifs, l’intégralité des résultats provisoires bureau de vote par bureau de vote".

"Il s’agit là de mesures indispensables afin de garantir l’intégrité du vote", a insisté la cheffe de la mission d’observation électorale de l’UE, Cécile Kyenge, réitérant "ses appels à la transparence" dans la compilation des résultats.

Ni les observateurs de l’Union africaine, ni ceux de l’UE, n’ont constaté les "fraudes électorales" alléguées par l’opposition et rejetées en bloc par IBK qui accuse le camp adverse de "mise en scène".

"Nos observateurs n’ont pas observé de fraudes mais des problèmes d’irrégularités procédurales", comme "deux cas de procès- verbaux présignés et préremplis" avant la fin du scrutin, a relevé Mme Kyenge.

Des journalistes de l’AFP ont constaté dimanche que dans au moins six bureaux de vote de Bamako, les PV électoraux avaient été préremplis et signés avant même la fin du vote.

"Il n’appartient pas à la mission d’observation électorale de juger si les élections sont crédibles", a observé Mme Kyenge, alors que l’UE est le premier bailleur international du Mali, avec 400 millions d’euros versés par an.

- Désintérêt -

Le second tour s’était déroulé dimanche dans un climat plus apaisé. Seuls 490 bureaux de vote - sur 23.000 - n’ont pu ouvrir, soit moitié moins que le 29 juillet. Ce succès est dû selon lui à la "montée en puissance" de l’armée qui avait déployé 36.000 hommes, 6.000 de plus qu’au premier tour.

Le gouvernement a indiqué que la grande majorité des bureaux fermés (440 sur 490) étaient dans la région de Mopti (centre), en proie à des violences ethniques attisées par les jihadistes. Les autres se trouvent dans le Nord où l’Etat est peu ou pas présent et où un président de bureau de vote a été tué par six jihadistes présumés.

Le scrutin s’est déroulé dans une relative indifférence de la population et l’appel lancé lundi par M. Cissé ne semble pas avoir été suivi. "Les gens sont désormais à la préparation de la tabaski", comme on appelle en Afrique de
l’Ouest l’Aïd el-Kebir, relève l’analyste politique Souleymane Drabo. "Il faut acheter un mouton, l’élection est déjà en train de passer au second plan".

sab/jh
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