Le peuple malien s’est exprimé le 29 juillet dernier dans les conditions que nous avons contesté en raison de graves irrégularités ayant entaché le processus électoral et qui constituent une menace pour notre système démocratique.
La Cour constitutionnelle a proclamé les résultats définitifs du 1er tour. En tant que républicain, démocrate et patriote, j'en prends acte et remercie toutes les Maliennes et tous les Maliens qui ont cru en moi, en mon projet et ont voté pour moi. Le second tour étant prévu le 12 août 2018, j’invite l’ensemble des acteurs de la vie publique à tirer les enseignements du 1er tour et de notre expérience électorale en vue d’améliorer davantage notre pratique démocratique afin qu’elle soit encore plus crédible, transparente et apaisée.
Rendre les prochaines élections, notamment législatives libres, transparentes et équitables, est non seulement une nécessité mais un impératif pour tous ceux qui veulent effectivement un avenir de paix et de stabilité pour le Mali. Dans cette perspective, le Nouveau Pôle Politique et les Forces Alternatives pour le Renouveau et l'Emergence sont déterminés à œuvrer avec d’autres partis, associations et mouvements, à la mise en place d’un cadre efficace de lutte contre la fraude électorale et l’achat des votes, en attendant une réforme profonde de notre système électoral.
Les grandes réformes que le suffrage du peuple invitait dès 2013, à conduire avec diligence et légitimité ne l’ont pas été et notre système démocratique en paie le prix aujourd’hui ! Et il est bien temps de les entreprendre. En effet, il était clair pour nous, qu’après avoir subi en 2012 une crise multidimensionnelle d’une telle gravité, il était primordial que notre peuple puisse se réunir pour parler, de la base au sommet, revisiter nos institutions et nos pratiques démocratiques et comprendre les maux dont souffre le pays. Il nous paraissait indispensable, dès les lendemains des élections présidentielles de 2013, que le nouveau pouvoir, doté d’une forte légitimité démocratique puisse organiser un dialogue national refondateur.
Ce dialogue national refondateur devait arrêter les orientations majeures dont les Maliens seraient convenus quant à l’avenir du pays, sur l’infrastructure institutionnelle de notre Etat, sur notre vouloir républicain et démocratique, sur nos réponses aux exigences de l’intérêt général, aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien, sur notre vivre ensemble dans une République et une Nation apaisées et soumises au respect des principes de justice et de redevabilité.
Il devait aussi porter sur l’aménagement du territoire, dans une approche visionnaire, prévisible et partagée par l’ensemble du pays, de sorte que les rationalités économiques du développement et de l’équité prévalent sur les considérations partisanes. C’est ainsi que nous aurions donné espoir à nos concitoyens, et que nous aurions été à même de nous approprier l’Accord pour la paix ou de lui donner un souffle politique nouveau. Là résidait le sens de ma candidature. Je voulais redonner aux Maliennes et aux Maliens la chance historique de se parler, de faire le point et de dire ce qu’ils veulent construire ensemble pour leur pays.
Chères Concitoyennes et Chers Concitoyens
Je le dis, ayons confiance en nous-mêmes, faisons-nous confiance et osons entreprendre la refondation de notre Etat et de nos institutions. Osons nourrir une nouvelle ambition décentralisatrice qu’un Pacte National de Décentralisation portera, osons développer une vision globale et stratégique de l’aménagement du territoire, visant à réaliser des opportunités égales pour tous, une plus grande complémentarité entre les régions et à préparer le pays au décollage économique.
La gravité et la complexité de la crise impliquent une reprise en main par nous-mêmes, de notre destin commun, parce qu’il n’y a de solution durable que malienne. Cette reprise en main espérée par notre peuple, exige de dégager des perspectives solides, d’agir avec fermeté, rigueur, justice et compétence, de restaurer la confiance. Elle demeure une exigence de l’heure !
Or les deux projets en compétition le 12 août 2018 ne répondent ni à ces perspectives, ni à cette exigence. Cependant, je laisse à chacun de vous, la liberté de votre choix avec pour boussole la vision et les valeurs sur lesquelles repose notre engagement politique. L’élection présidentielle n’est qu’une étape. De nombreux autres rendez-vous décisifs nous attendent, à commencer par les législatives. Il nous faut rester unis, solidaires, et garder foi en notre projet. Il nous faut poursuivre l’effort et par l’exemple et par l’action, convaincre de la pertinence de la voie que nous avons choisie.
Cela nous vaudra des incompréhensions, des difficultés de tous ordres, parfois des échecs, mais ne vous méprenez pas : l’avenir est de ce côté ! Nous avons décidé de changer les choses, de changer la manière de faire de la politique, de rester fidèles à nos valeurs et à nos principes et cela est plus important encore quand rien ne va, parce que ce sont ces moments- là qui nous définissent, qui font la différence entre les mots et les actes.
Chers Concitoyens,
Certains d’entre vous m’ont demandé si Modibo n’emportait pas les élections, est-ce qu’il restera à nos côtés pour porter notre combat. Ma réponse a toujours été claire : si Dieu le veut, je serai à vos côtés et toujours disponible pour mon pays jusqu’au jour où les sillons tracés porteront les fruits d'un Mali fort, juste et Solidaire.
Cependant, j’en appelle à tous ceux qui entendent, comprennent, soutiennent une idée simple qui pourrait, qui devrait être une évidence : la politique et l’exercice du pouvoir ne sont que caricatures s’ils ne sont fondés sur une éthique, sur ces valeurs dont tous les Maliens doivent se sentir dépositaires, solidaires, et dont leurs enfants et petits-enfants seront les héritiers.
Que Dieu vous Bénisse
Que Dieu protège le Mali