Un président sortant (c’est mon cousin) qui peine à avoir l’adhésion d’un million cinq cent mille Maliens (au 1er tour de l’élection présidentielle), alors qu’il présentait un bilan supposé «élogieux», devrait s’offusquer du mépris de son peuple à son égard. Sur plus de dix-huit millions de Maliens, dont huit millions d’électeurs et plus de trois millions de votants, le président sortant n’a pu obtenir la majorité absolue ; son bilan fait mal !
Quand des partisans émoustillés et galvanisés par l’argent trouvent que c’est un large score, ils devraient apprendre à déchiffrer. Petite analyse. D’abord, le peuple malien dédaigne la chose politique. Ensuite, rien de tout ce qui a été fait ces cinq dernières années ne suscite son intérêt pour le président sortant. Lequel devrait en apprendre une seule leçon : il est impopulaire-son score n’exprime rien d’autre «que» cela. Or, selon Henri-Frédéric-Amiel, «La dignité nous défend de forcer la porte qui se referme, et la main qui se retire».
Qui plus est, de son score, il devrait soustraire la puissance de l’argent, le verrouillage et le contrôle de l’appareil d’Etat, l’asservissement de l’Administration, la candeur d’un peuple maintenu dans les liens d’un obscurantisme prescrit. Même avec tous ces avantages sur ses adversaires, il (mon cousin) n’a pu les écraser. Ça fend le cœur !
Alors, sachons raison garder. Si le président sortant (mon cousin parbleu !) est vraiment satisfait de son score du 1er tour, il lui manquerait la «jugeote». Or, «quand la raison ne peut plus nous défendre, nous demandons à l’orgueil de nous soutenir ; l’orgueil est la dignité de ceux qui n’en ont point», selon Alfred Auguste Pilavoine.
Issiaka SISSOKO