Il a suffi que la Cour Constitutionnelle proclame les résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet, mercredi dernier pour que les pôles politiques qui s’étaient constitués au lendemain de ladite élection volent en éclats. Le président sortant est le seul qui tire les dividendes de cet émiettement. Il a vu son rang grossir par l’arrivée des candidats malheureux qui ont bénéficié, dit-on, de l’attribution des notes du ministère de l’Administration territoriale.
A l’issue des résultats définitifs communiqués par la Cour constitutionnelle du Mali, trois (03) regroupements politiques se sont clairement dégagés. Le premier autour du président sortant, IBK, le deuxième dirigé par Soumaïla Cissé et le troisième à la recherche d’un leader charismatique.
Le camp présidentiel, dont la coalition Ensemble pour le Mali (60 partis) soutient la candidature d’IBK (41,70%), a été renforcé par le ralliement des candidats malheureux: Housseiny Amion Guindo, arrivé 5ème sur vingt-quatre (24) candidats en lice, Mamadou Oumar Sidibé (1,70%), Modibo Koné (2,29%), Harouna Sankaré (1,80%), Mme Kanté Djénèbou N’Diaye (0,38%), Niankoro Yéah Samaké (0,52).
Le challenger d’IBK, Soumaïla Cissé (17,17%), qui comptait probablement sur le report des voix des dix-sept (17) autres candidats qui s’étaient retrouvés deux (02) fois (conférence de presse, meeting) pour dénoncer la fraude électorale, a vu ses chances s’amenuiser. Il n’obtient que le soutien de Choguel Kokala Maïga (2%), du général Moussa Sinko Coulibaly (0,95%), de Dramane Dembélé (0,59%) et de celui de l’ancien ministre Konimba Sidibé de la coalition CMD 2018.
Le troisième regroupement est constitué par les candidats malheureux qui n’ont donné aucune consigne de vote. Il s’agit de Aliou Diallo (8%), Cheick Modibo Diarra (7%), Oumar Mariko (2,33%), Mamadou Igor Diarra (1%), Kalfa Sanogo (1%), Adama Kané (0,82%), Mountaga Tall (0,64%), Hamadoun Touré (0,54%), Modibo Sidibé (1,42%).
Ces hommes qui ont décidé ainsi ne partagent aucun programme politique encore moins un projet de société. Ce qui les lie, c’est la condamnation de la fraude qu’ils ont tous constatée lors de la présidentielle du 29 juillet. Selon eux, ils ne veulent pas être complices de la mort de notre démocratie chèrement acquise dans le sang.
Si dans l’opinion publique malienne, certains ont salué les déclarations de ces candidats qui ont été fidèles à leur engagement de ne participer à un processus entaché de fraude, la position des candidats a laissé des plaies béantes dans les états-majors de certains partis politiques où des militants ont claqué la porte avec fracas.
Aux Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE), nous avons vu Cissé atterrir avec armes et bagages dans le camp présidentiel comme si ce n’était pas lui qui tirait à boulets rouges sur le régime IBK. Du côté de l’ADP- Mali, des élus ont appelé à voter IBK au second tour. Au niveau du Mouvement Mali Kanu (MMK) de Modibo Koné, son directeur de campagne Ismaël Boro a choisi le camp de Soumaïla Cissé.
Seul l’Arrêt de la Cour constitutionnelle pouvait éviter que la chienlit s’installe dans les états-majors politiques et épargner à notre pays une crise postélectorale. Mais en choisissant une autre voie, la Cour cautionne la fraude. D’ailleurs, pour un réconfort, elle a annulé toutes les requêtes introduites auprès d’elle par certains candidats qui contestaient les résultats provisoires du ministère de l’Administration territoriale.
L’après élection présidentielle laissera la place à ces regroupements politiques qui vont s’affronter entre marches, contre-marches, meeting, conférences de presse pour se faire entendre.