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Front social: le Sylima en grève illimitée à parti d’aujourd’hui !
Publié le mardi 28 aout 2018  |  Info Matin
Ouverture
© aBamako.com par FS
Ouverture de la 2è session de la cour d`assises
Bamako, le 6 Décembre 2017, la deuxième session de la cour d`assises s`est ouverte à la cour d`appel de Bamako.
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À l’issue de l’assemblée générale extraordinaire conjointe, hier lundi, du Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) et une tendance du Syndicat autonome de la magistrature (SAM), les bureaux exécutifs de ces deux syndicats ont décrété une grève illimitée, à compter d’aujourd’hui mardi, jusqu’à la satisfaction de leurs deux principales revendications : la sécurisation des juridictions et des magistrats et l’adoption du Statut particulier et la revalorisation de la grille salariale.

Joint au téléphone, hier, le président du SYLIMA, Hady Macky SALL, nous a expliqué les motifs de cette grève, consécutive à la non-satisfaction de certaines de leurs doléances. Il s’agit, selon lui, de la sécurisation des juridictions et des magistrats, et l’adoption du statut particulier ainsi que la revalorisation de la grille salariale des magistrats.

La thèse
Selon M. SALL, au moment où les ravisseurs enlevaient le président du tribunal de Niono, leur collègue Soungalo KONE, il y avait trois gardes qui assuraient sa sécurité et celle du tribunal. Et depuis, les syndicats des magistrats ont demandé le renforcement de la sécurité des magistrats et de leurs juridictions, ce à quoi le gouvernement s’était engagé à satisfaire au plus tard le 30 juin 2018.
« À défaut de s’exécuter, nous avons constaté un dégarnissement des effectifs sécuritaires. La preuve, actuellement, il n’y a qu’un seul garde qui assure la sécurité du tribunal de Niono. Les magistrats passent quotidiennement les nuits à Ségou pour revenir le lendemain y travailler », a déploré le président du SYLIMA. Aussi, a-t-il rappelé, l’État a l’obligation de protéger tous ses citoyens, particulièrement les magistrats qui sont sous la menace des terroristes.
Sur le deuxième point, il estime que le magistrat malien est le plus mal payé de la sous-région. En guise d’exemple, il rappelle qu’un magistrat malien de classe exceptionnelle, après 30 ans de beaux et loyaux services, ne perçoit que 200 000 FCFA comme pension de retraite.
Selon le président du SYLIMA, les négociations portant sur le statut et la revalorisation de la grille salariale ont commencé depuis 2015.
En 2016, dira M. SALL, un accord devant être effectif à compter du 30 mai 2017 a été convenu avec la partie gouvernementale qui, non seulement, ne s’est toujours pas exécuté, mais tente de nier ses propres engagements. D’où, la prise de la décision d’aller en grève illimitée jusqu’à nouvel ordre.
Sur le respect du service minimum, le président de la SYLIMA estime qu’il sera observé sans pour autant enfreindre à la liberté de la grève, un droit reconnu par la Constitution auquel une loi (sans contenu) ne saurait déroger. Ainsi, il n’y aura pas d’audiences, ni de mandats de dépôt, etc.

Antithèse
De son côté, Cheick Mohamed Chérif KONE, président du SAM, que nous avons pu joindre au téléphone, s’est désolidarisé de ce mouvement de grève, qu’il qualifie d’« illicite » avec pour objectif « de prendre en otage les justiciables maliens ».
Selon Chérif KONE, le moment est très mal choisi, par les grévistes pour des motifs qui n’en valaient pas la peine à un stade avancé dans la mise en œuvre de l’accord de conciliation avec le gouvernement.
Aussi, a-t-il expliqué, certes la grève est prévue et reconnue par la Constitution, mais elle est réglementée par la même loi.
« Lorsqu’on ne respecte pas les dispositions qui régissent ce droit, l’on n’est plus en grève en république du Mali », a déclaré Chérif KONE qui nous expliqué qu’il ne saurait parler au nom d’une entité SAM-SYLIMA qui n’a aucune existence juridique et laquelle serait à l’origine de cette grève.
« Je suis le Président du SAM jusqu’à preuve du contraire et reconnu comme tel à l’échelle internationale », a-t-il martelé.
Sur le respect du service minimum en matière de grève, M. KONE a fait savoir que c’est la loi qui l’impose de façon péremptoire, sans faire de dérogation.
« Je ne vois pas en quoi le service minimum pourrait être la cause de l’échec d’une grève. Une grève sans service minimum n’est rien d’autre qu’une grève sauvage que je ne peux envisager ou soutenir », a-t-il souligné.
Par rapport à la situation du juge Soungalo KONE, ses adversaires syndicaux font comme si la solution était toute faite, entre les mains du gouvernement.
« Certes, nous déplorons qu’il ne soit pas toujours parmi nous. Toutefois, une telle façon de voir les choses relèverait d’un manque d’objectivité et de reconnaissance des efforts entrepris et ceux en cours. Tout en restant positifs et confiants, nous devons reconnaitre et saluer les efforts du gouvernement en vue de le retrouver sain et sauf, ainsi que le soutien multiforme apporté à sa famille.

La synthèse
Une source proche du dossier confirme l’échec des négociations, le vendredi dernier, entre la partie gouvernementale et les syndicats des magistrats, en présence des conciliateurs.
Pour notre interlocuteur, le point de discorde porte sur l’adoption du statut particulier avec une grille salariale.
Selon notre interlocuteur, au regard du contexte actuel (gouvernement en fin de mandat), la partie gouvernementale et les conciliateurs ont demandé aux syndicalistes de surseoir à leur mouvement de grève jusqu’à la nomination d’une nouvelle équipe qui pourrait s’engager.
«Leur refus a été catégorique. Ils exigent du gouvernement l’adoption immédiate du statut et de la grille salariale, à défaut, ils se réservent le droit d’aller en grève».
En tout cas, notre interlocuteur n’exclut pas une main invisible qui manipule les frondeurs. À son avis, certes l’Etat est une continuité, mais un gouvernement sérieux en fin de mission ne saurait prendre des engagements qu’il ne sait s’il va les mettre en application.

Par Sékou CAMARA
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