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Situation des Talibes au Mali : Quel avenir pour ces petits mendiants ?
Publié le mercredi 29 aout 2018  |  Le Pays
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La mendicité pourtant est proscrite sous toutes ses formes par la loi, surtout celle des enfants talibés qui quittent le bercail pour apprendre le coran chez leur maître, mais se retrouvent dans les rues pour mendier. S’enquérir de ce sujet préoccupant, pour qui connait l’avenir des enfants, est l’objectif de l’équipe du journal Le Pays qui s’est rendue hier, mardi 28 août 2018, dans certains endroits pour mieux éclairer l’opinion publique sur cette pratique.

La mendicité est une pratique interdite par le code pénal que nul n’est censé ignorer. Certes, jadis, les parents confiaient leurs enfants aux maîtres connaisseurs du coran. Quasiment tous les grands prêcheurs et marabouts qui font présentement la fierté des Maliens, sont passés par ce chemin traditionnel, avant d’atteindre leur objectif. Cette pratique, considérée auparavant comme moyen d’éducation et d’apprentissage du coran des enfants talibés, remonte à plusieurs années avant l’avènement de la démocratie au Mali.

De nos jours, cette forme d’éducation des enfants, par la façon dont elle est pratiquée, est jugée contraire à ce que faisaient nos ancêtres, mus uniquement par la réussite des enfants talibés qui cultivaient les champs pour les maîtres, cherchaient du bois pour leurs femmes et pilaient le mil pour elles. C’est pour dire que cette pratique qui alliait ainsi l’éducation coranique à l’apprentissage de la vie, a actuellement perdu tout son sens.

Les talibés interrogés lors de cette mission d’enquête de notre équipe, disent être contraints d’aller quémander et surtout mendier de l’argent aux usagers de la route pour de diverses raisons. Ceux rencontrés à Torokorobougou, que l’équipe de reportage a pris le soin d’interviewer, disent qu’ils mendient pour la satisfaction de certains des besoins financiers de leur maître, disons leur « karamoko ». Ces talibés, loin de leur famille, soulignent aussi être dans l’obligation d’agir de cette manière par le fait qu’ils sont logés et sustentés par le maître qui aurait certainement besoin de concours financier pour l’atteinte d’objectif de la réussite des enfants talibés placés sous sa tutelle. D’autres sont, par appréhension, obligés de voler ou faire de n’importe quoi pour ne pas rentrer les mains vides.

Poursuivant toujours les enquêtes sur cette question de la mendicité actuelle des enfants talibés, nous avons découvert que certains de ces enfants sont, au cours de cette pratique, heurtés par des véhicules au bord des voies publiques comme c’était le cas d’un des talibés sur l’axe Kabala-Tiebani dont l’équipe a été témoin.

Il y en a aussi qui se livrent à cette attitude pour qu’en fin d’étude coranique, comme le cautionnent les talibés du Quartier-Mali, ils puissent, au-delà des frais de transport pour rentrer au bercail, s’acheter des habits et d’autres choses dont ils auraient besoin.

En dépit de la proscription de la mendicité, les autorités maliennes sont passives devant une pratique néfaste à l’avenir et le talent de ces enfants, ainsi déjà mis en marge de l’éducation nationale. En effet, aucun des « marabouts » auteurs de ces actes maitrisables n’est interpellé. Pourquoi donc les autorités ne peuvent-elles pas prendre des dispositions nécessaires à la modernisation de ce secteur, canalisant ces enfants laissés à eux-mêmes dans des rues où ils sont exposés à toute sorte de dangers ?

Notons que nous avons aperçu certains d’entre-eux en train de fouiller des poubelles lors de nos enquêtes. Et la question qu’on peut se pose est de savoir : quel sera l’avenir des enfants vivant dans ce contexte, lesquels n’apprendront d’autres métiers que ces pratiques pendant toute leur enfance ?

C’est pourquoi, il serait vraiment séant que les autorités actuelles se saisissent de cette situation frustrante si elles veulent honnêtement honorer leurs engagements de faire en sorte que tous les citoyens puissent être égaux en droit et en devoir sans discrimination aucune entre les enfants du Mali.

Mamadou Diarra, stagiaire
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