Alors que la réélection du Président sortant Ibrahim Boubacar Kéïta fait l’objet de vives contestations, le Conseil des Ministres du mardi dernier a procédé à la convocation du collège électoral pour le scrutin législatif 2018.
Deux mois après le scrutin présidentiel qualifié de véritable mascarade électorale sans précédent dans l’Histoire du processus démocratique malien, les électeurs maliens sont convoqués de nouveau aux urnes pour les législatives. Le Conseil des Ministres du mardi dernier, sous la présidence du Chef du Gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga, a adopté un projet de décret portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture des campagnes électorales pour les élections législatives.
En effet, le collège électoral est convoqué, le dimanche 28 octobre 2018, sur toute l’étendue du territoire national, à l’effet de «procéder à l’élection des Députés à l’Assemblée nationale », pouvait-on lire dans le communiqué du Conseil des Ministres. Ce, après l’examen du Rapport du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf. Selon toujours ledit communiqué, la campagne électorale, à l’occasion du premier tour, sera ouverte le samedi 6 octobre 2018, à zéro Heure et close le vendredi 26 octobre 2018 à minuit. Et, un second tour aura lieu le dimanche 18 novembre 2018, dans les circonscriptions où aucun candidat ou la liste de candidats n’aurait obtenu la majorité absolue des suffrages valablement exprimés au premier tour. «La campagne électorale à l’occasion du deuxième tour est ouverte le lendemain de la proclamation des résultats définitifs du premier tour et close le vendredi 16 novembre 2018 à minuit », pouvait-on lire dans le dudit communiqué.
Ces législatives seront-elles crédibles ?
Vu les conditions dans lesquelles se sont déroulés les deux tours de l’élection présidentielle, rien ne permet à s’y attendre à un scrutin libre, crédible et transparent à l’issue de ce vote. Avec l’instrumentalisation des services de l’Administration, de la Justice et l’usage abusif des biens publics d’un côté et, de l’autre, l’impartialité des structures chargées de l’organisation des opérations électorales dont le MATD, la Cour Constitutionnelle et la Délégation Générale aux Élections fortement dénoncées ces derniers jours, rien ne présage des élections normales. L’inquiétude des Maliens monte d’un cran après la convocation de ce collège électoral qui intervient à un moment où les tensions postélectorales deviennent de plus en plus vives. L’élection présidentielle émaillée des graves preuves d’insuffisance et de manque de transparence au plan organisationnel et sécuritaire ayant conduit à la contestation des résultats par les 80% des 24 candidats servira-t-elle de leçon pour ces législatives ? Le Chef de file de l’opposition a, d’ores et déjà, exposé des possibilités monstrueuses dans l’appareil électoral favorable au camp présidentiel et qui pourra favoriser encore la fraude et la manipulation des résultats lors de ces prochaines élections législatives. «Le calendrier électoral prévoit des élections locales, régionales et législatives avant la fin de l’année. Soyons tous assurés que le système actuel de fraudes, d’achat de consciences et de tricherie engendrera un monstre démocratique dans lequel le même clan, le même parti, la même famille contrôleront l’Exécutif, le Législatif et les Collectivités territoriales. Ils asservissent déjà les médias publics. Il ne lui leur reste plus qu’à continuer à instrumentaliser la justice », a alerté l’Honorable Soumaïla Cissé, Chef de file de l’opposition. Et tout porte à croire que le temps lui donnera raison ; car, déjà, la machine de fraude électorale est en branle pour imposer confortablement le RPM puis, de très loin, ses alliés ADEMA et ASMA. Juste en guise de récompense pour leur complicité et association de malfaiteurs lors de la dernière mascarade électorale présidentielle du 29 juillet et du 12 août 2018.