François Hollande s’est précipité pour féliciter Ibrahim Boubacar Keita pour, dit-il, sa réélection. L’ancien président français a de la suite dans les idées. L’avènement de Boua en 2013 est largement de son fait au nom d’un socialisme de pacotille en partage. À la faveur de l’opération Serval, le compagnon de Julie Gayet avait été intronisé “empereur du Mali”, il s’est trouvé en Boua un Proconsul pour chanter la geste poétique des avions Rafale partis de Saint-Didier pour venir libérer le Nord du Mali. Peu importe la manière pour l’ami Hollande ! Et pourtant s’il avait eu le courage de faire ce qu’IBK a fait (organiser une élection sur mesure), Macron serait aujourd’hui un “détail” de l’histoire.
À mesure que se dévoilent les scandales ayant émaillé l’élection présidentielle malienne, il y a un soupçon de racisme de la part de nos anciens tuteurs à penser que les Maliens devraient se contenter d’un scrutin au rabais voire d’une auto-proclamation. Comme il n’y a pas meilleure manière de pousser Macron à sortir du bois que de lui dire que Hollande veut lui voler la vedette, le président français a dégainé dans la foulée pour féliciter le président sortant avant même le verdict du Juge constitutionnel. Il devine sans doute qu’une Cour aux ordres ne changera rien à l’affaire, mais on peut lui rétorquer qu’une élection présidentielle a été annulée dans ce même Mali quand des hommes et femmes d’honneur siégeaient au sein de cette Cour. Cette jurisprudence commandait tout simplement prudence de la part de Manu.
L’effet de contagion est si dramatique que tous les vassaux de chefs d’Etat de la sous-région se sont lancés dans une course de félicitations qu’aucun d’entre eux n’aurait osé même dans l’hypothèse d’une victoire de Soumaïla Cissé même proclamé par le ministère de l’administration territoriale. Mais comme le Mali est devenu un pays de rigolos méprisé par ses propres gouvernants, que pourrons-nous reprocher à des amis français ou des frères africains pour non-respect des règles formelles de notre processus électoral ?
Etre citoyen d’un pays que ses dirigeants piétinent et qui ne suscite que railleries de tous les autres pour sa régression démocratique et pas que, on pourrait comprendre le geste de désespoir de Piment -Fronto du CDR qui théâtralise sa renonciation à la nationalité malienne. Son geste nous touche même s’il témoigne d’un péché de jeunesse et d’une expérience militante encore fragile. L’attitude que commande la situation est de résister à l’affaissement et à l’abaissement du Mali.