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Le cas de la France
Publié le vendredi 31 aout 2018  |  Le Reporter
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Alors que la crise migratoire bat son plein, la France est pointée du doigt comme étant la principale responsable de ce désastre humanitaire. En effet, son intervention de 2011 en Libye y est pour beaucoup. De nombreux jeunes subsahariens quittent leur pays exposé à la misère et à la guerre, dans l’espoir d’avoir une meilleure situation en Europe.

Le drame est que la plupart de ces jeunes ont pour premier emploi, dans les pays d’accueil, l’agriculture, pourtant, ils quittent un continent qui possède environ 60% des terres arables du monde ! La France serait-elle cette main invisible qui empêche ces pays de se développer et d’offrir des emplois à leurs jeunes ?

Force est de reconnaître que dans de nombreux pays africains surtout francophones, l’environnement social ressemble au mode de vie décrit pendant le Moyen-âge, pire, parfois en y regardant les sanitaires par endroit, on pourrait même parler de préhistoire ! La grande corruption et la décapitation méthodique du système éducatif sont passées par là.

Lorsqu’on explique à certains organismes comme l’Agence Française de Développement, qui est sans doute le plus gros contributeur dans plusieurs pays, d’agir autrement, en créant une passerelle directe vers les acteurs locaux, elle refuse catégoriquement en privilégiant toujours les gouvernements.

Autre exemple, dans le domaine écologique, malgré son soutien, elle n’est pas encore parvenue à obtenir des mesures de compensation de la part de la Compagnie Malienne pour le Développement du Textile, qui travaille dans le domaine du coton, une plante industrielle et peu avantageuse pour l’environnement. Malgré sa grande influence, l’AFD assiste à l’élargissement de la misère sociale, portée principalement par la corruption, la spéculation foncière et l’incompétence gouvernementale.

La France est la garante et le plus gros contributeur pour le développement des Etats africains francophones, à ce titre, elle se satisfait régulièrement des «avancées», comme si son objectif était atteint au détriment des populations locales, car les populations de certains pays comme le Mali, n’ont jamais été aussi pauvres, 90% des ruraux vivent sous le seuil de pauvreté. L’on peut même parler de régression.

La politique française en Afrique francophone, ces 10 dernières années, a été un grand désastre.

La promesse qui consistait à mettre fin à la célèbre politique dite de la «France-Afrique», fut systématiquement et violement non tenue. D’abord, avec le Président Sarkozy, qui en plus d’avoir démis son ministre de la coopération Jean-Marie Bockel, car ce dernier avait ouvertement critiqué la politique française en Afrique, a ensuite déclenché des interventions en Côte d’Ivoire et en Libye. Il fut aussi à l’origine du largage de milliers d’armes dans le Sahel, contribuant ainsi à réarmer les groupes terroristes de la zone.

Ensuite, ce fut le tour du Président Hollande, qui déclencha l’opération Serval ; ce fut ainsi toute la politique française dans le Sahel qui fut revue, l’extension à l’opération Barkhane, démontre une volonté de favoriser une recomposition de la zone sahélienne.

Son successeur et actuel Président Macron n’a pu encore faire mieux que ses prédécesseurs, la volonté de la préservation des intérêts et de la recomposition du Sahel à travers le Mali semble être de plus en plus flagrante. Il n’est pas gênant pour un pays de vouloir défendre ses intérêts, mais cela ne devrait plus se faire au détriment des populations locales et en faisant fi des cultures locales séculaires.

Il est très important d’agir avec précaution au sujet du Mali, la situation géopolitique de ce pays l’exige, des situations imposées, sans aucune analyse profonde pourraient conduire à un désastre pouvant provoquer la chute de plusieurs pays de la zone.

Ce seraient ainsi de milliers de jeunes africains qui se retrouveraient sans aucune perspective d’avenir pendant de très longues années. Il est vital de donner la parole aux Africains et surtout de les écouter, la prise de position prématurée et unilatérale n’est pas la meilleure solution, il faut privilégier l’impartialité constructive, en soutenant les acteurs locaux à la mise en œuvre des différents processus.

À défaut d’un changement de posture, les conflits actuels en Afrique francophone, risquent de s’amplifier. La France laisse derrière elle des colonies sans perspectives et soumises à une grande précarité. Il est grand temps pour elle de chercher à être fière de ses anciennes colonies et non de stigmatiser celles-ci pour leur sous-développement.

Boubacar Salif TRAORE
Consultant sénior Centre d’Etude, d’Analyse et de Prospective Stratégique (CEAPS) Groupe Afriglob Conseil

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