Il est d’un coté félicité par les partisans du pouvoir et mis en cause de l’autre côté par ceux de l’opposition politique pour avoir joué un rôle ‘‘très éminent’’ pour la réélection du président sortant Ibrahim Boubacar Kéita du Mali. Mais pour quel intérêt le président Mauritanien Mohamed Abdel Aziz se donnerait du plaisir à venir au secours du même homme qu’il a regardé échouer ces cinq dernières années. Il y a anguille sous roche
Flash-back, il y a six ans, en août 2012, au moment où la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) annonçait l’envoi sur le sol malien de quelques 3. 300 militaires pour aider le pays, alors occupé dans le septentrion à recouvrer son intégrité territoriale, le voisin mauritanien restait sur sa position de ne pas intervenir militairement au Mali. Une position que la Mauritanie a toujours gardée et qui a été tristement d’un grand apport dans la détérioration de la situation au nord du pays jusqu’à l’évasion islamiste en 2012. Beaucoup de Maliens voient la main cachée de ce pays voisin derrière les groupes armés qui ont été à l’origine de la chute du nord du Mali. Autrement dit la Mauritanie est accusée d’être à l’origine de la création du MLNA en complicité avec l’ancien président Nicolas Sarkozy.
Pour motif de son refus d’intervenir militairement au Mali , toujours pour la petite histoire, le président Mauritanien Mohamed Ould Adel Aziz, avait à l’époque mis en cause la légitimité du Gouvernement de transition au Mali : ‘‘La solution doit d’abord passer par la mise en place d’un Gouvernement fort et représentatif de toutes ses forces politiques avant d’engager une action contre le risque terroriste…’’ ( Source le matindz.net).
Ironie du sort, c’est sous la même transition dirigée par le Pr Dioncounda Traoré que la Mauritanie annonça en avril 2013 son intention d’envoyer 1. 800 soldats au Mali. D’août 2012 à avril 2013, quelque chose s’est passé sans la Mauritanie. Les forces étrangères africaines et l’opération Serval avaient mis en déroute les groupes terroristes. Par-là, nombreux sont les observateurs qui se sont dit que la Mauritanie voudrait laver l’humiliation. Mais, hélas, l’acte est resté non concrétisé. Les 1. 800 soldats Mauritaniens sont toujours attendus sur le sol malien dans les rangs de la Minusma tel que toujours souhaité par les Nations Unies pour la stabilité au Mali.
Tout sur le G 5 Sahel
C’est bien au pays de Mohamed Ould Abdel Aziz en février 2014 lors du sommet dit celui de Nouakchott que le G 5 Sahel est né. Ce cercle regroupant la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et le Mali, se dit être ‘‘cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale’’. Perçu comme un ‘‘espace de solidarité’’ entre les 5 pays, le G 5 Sahel aura vécu ses trois premières années sans actes concrets jusqu’à la création en juillet 2017 d’une force militaire en son nom sous le leadership du président Malien Ibrahim Boubacar Keita.
En novembre 2017, la Force G5 Sahel, fut-elle baptisée, effectuait ces premières opérations avec l’absence du Tchad et de la Mauritanie. Et c’est l’absence de la Mauritanie qui a été la plus remarquée, ce pays qui a vu naitre sous ses cieux le G 5 Sahel. Après cette première ‘’opération test’’ menée par les éléments du Mali, du Niger et du Burkina Faso appuyés par ma force Barkhane au long des frontières des trois pays, les choses continuèrent à la traine jusqu’à l‘attaque terroriste au QG du G 5 à Sévaré. Cette attaque intervint quelques jours avant le sommet du G 5 en Mauritanie le 02 juillet 2018 et c’est à la suite des mêmes évènements que le Mali a perdu ‘‘pour négligence’’ le commandement de la Force G5 Sahel qui sera attribué à la Mauritanie dans les jours qui ont suivi ! Drôles de coïncidences ! Par ailleurs, d’aucuns soutiennent que le Mali a été tout simplement victime de complot dans cette histoire. Complot de la part de qui ? Devinez !
Et vinrent les élections ?
Il parait que Mohamed Ould Abdel Aziz a été d’un grand soutien pour IBK pour sa réélection. Mais pour quelle fin ? C’est le même Mauritanien qui, sur France24 lors du sommet du 02 juillet dernier à Nouakchott, mettait en doute la possibilité de tenir des élections pour cause de la situation sécuritaire : ‘‘Organiser des élections au Mali dans ces conditions me paraît utopique’’, a-t-il dit. Que s’est-il donc passé pour que le président mauritanien change aussitôt d’avis ?
En réponse, il faut tout simplement retenir que Mohamed Ould Abdel Aziz voulait tout simplement atteindre l’objectif par lui cherché depuis des années : régner en maitre du sahel au plan sécuritaire. Et, pour ce faire, il fallait toujours affaiblir le Mali et faire semblant de l’aider après.
Un vrai faux ami !
C’est la seule expression pour le décrire. S’il y a unanimité sur un point dans l’opinion publique, c’est la complicité entre les séparatistes au nord du Mali et le voisin mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz en personne et qui semble la seule personnalité au monde les groupes au nord du Mali obéissent. Illustration : En mai 2014, les derniers soldats maliens ont eu la vie sauve à Kidal grâce à l’intervention Mohamed Ould Abdel Aziz qui est parvenu à ‘‘arracher’’ un cessez-le-feu aux groupes armés et en faire un trophée.
Et toujours parlant de la mauvaise foi de la Mauritanie dans la résolution de la situation sécuritaire au Mali, il faut aussi rappeler que c’est le même Mohamed Ould Abdel Aziz qui a refusé d’assister à la cérémonie d’intronisation le 19 septembre 2013 d’Ibrahim Boubacar Keita, cérémonie à laquelle tous les Chefs d’Etat de la sous-région ont honoré de leur présence. Il s’était fait représenter par son premier ministre, et dernière cette absence, un climat de méfiance. Ibrahim Boubacar Keita alors en campagne présidentielle (en 2013) avait annoncé sa volonté de ne pas négocier avec des hommes armés. Donc il ne pouvait en aucun être apprécié par Mohamed Ould Abdel Aziz.
IBK s’est-il moqué en retour ?
On est tenté de le croire au regard de la délégation qui a accompagné Ibrahim Boubacar Kéita pour sa visite dite celle de reconnaissance sur le sol mauritanien courant semaine dernière. Des artistes chanteurs et comédiens, et toutes ces célébrités de très mauvais goût ont accompagné la délégation présidentielle lors de ce déplacement semant l’indignation dans l’opinion publique malienne.
En conclusion, et s’agissant de la visite d’IBK en Mauritanie, il faut tout simplement dire que les visiteurs étaient tout simplement à la hauteur de celui qui les a accueillis. Une reconnaissance de façade pour un soutien de façade! Sinon, l’on se rappelle bien, ce n’est pas la même délégation folklorique qui a accompagné le même IBK pour sa visite de reconnaissance au tchadien Idriss Deby en 2013 après sa prise de fonction. Et pourtant il avait été aussi aidé lors de sa campagne en 2013 par des artistes de talent !