Au milieu de la semaine dernière, je suis tombé très fortuitement sur un article de l’AFP repris par le sitefrenchweb.fr, au titre particulièrement accrocheur : « Bientôt des voitures volantes? Le Japon y croit ». L’article en question était d’ailleurs publié en bonne place dans l’édition numérique de plusieurs grands quotidiens du monde. Un indice, à coup sûr, qui trahit l’intérêt des géants de l’innovation technologique pour ce genre de « volatiles » « hybrides » à décollage et atterrissage verticaux « capables de rouler dans le trafic et de s’en extraire par la voie des airs ». Me suis-je alors dit, ai-je donc raté un épisode capital de cette question centrale qui hante depuis de nombreuses années les jours et les nuits des managers des mégapoles et des constructeurs ? Et pour ne pas mourir bête, j’ai interrogé les moteurs de recherche et ce que je découvre sur le sujet est ahurissant.
Le prétexte de cette chronique est l’invitation faite par le gouvernement japonais le mercredi dernier à plusieurs grandes compagnies (Uber, Boeing, Airbus, ANA, Japan Airlines, Subaru, NEC …) « pour plancher sur le développement des voitures volantes ». A l’occasion de cette rencontre High-Tech, de nombreuses initiatives sont sorties des cartons, les unes plus audacieuses que les autres. Mais une chose est apparue clairement aux yeux de tous les participants, ce n’est pas demain la veille que les projets et prototypes présentés pourront être fabriqués en série et commercialisés. Nonobstant cette limite objective, l’initiative du gouvernement nippon « vise à dessiner une feuille de route d’ici la fin de l’année ». Au Pays du Soleil Levant, les autorités sont convaincues que les voitures volantes « peuvent résoudre des problèmes de transport dans les régions isolées ou montagneuses, ou lors d’opérations de secours au moment de catastrophes naturelles ». Pour qui s’intéresse un tant soit peu à l’histoire, la géographie et l’économie de l’archipel nippon, il y a là suffisamment de raisons pour que ses autorités soientfortement enclines à « … faire prospérer une nouvelle industrie et la rendre profitable ».
Et en cette matière futuriste, le Japon tient la corde avec une entreprise, Cartivator, dont le projet baptisé « SkyDrive », avec un pilote à bord, vise un vol d’essai dès 2019. L’horizon de cette entreprise regroupant de jeunes ingénieurs et financièrement soutenue par le constructeur Toyota est d’allumer la flamme des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Quant à la production en série de ce « SkyDrive », il faudra patienter encore jusqu’en 2027.
Quid de la concurrence ? Elle sera rude voire impitoyable car tous les grands noms de la construction et des nouvelles technologies ont des initiatives plus ou moins connues et affûtent, dans l’ombre, leurs armes pour attaquer un secteur dont ils pensent tous qu’il sera porteur. Les plus connus sont Uber, avec son initiative « Elevate », dont le premier vol d'essai est attendu pour 2021 à Dallas (Texas).
Airbus, le géant européen de l’aéronautique est aussi dans les starting blocks avec son projet Vahana. Son véhicule volant autonome à décollage vertical surnommé Air One, a effectué son vol d’essai dans l'Oregon, aux Etats-Unis, dans la matinée du 31 janvier 2018. Ce premier vol à une hauteur de 5 mètres du sol a duré 53 secondes. Quant à l’engin lui-même, il s’agit d’un aéronef autonome à décollage et atterrissage vertical (Adav) ou VTOL (vertical take-off and landing, en anglais), avec trois caractéristiques majeurs : il fonctionne à l’électricité, il s’agit d’un monoplace et, enfin, il est équipé de rotors basculants. La filiale d'Airbus implantée dans la Silicon Valley (Californie) a mis moins de deux ans pour développer ce prototype dont Zach Lovering, le responsable du projet Vahana, dira : « Nous célébrons une grande réussite dans l'innovation aérospatiale ».
Autre concurrent de taille, le groupe industriel britannique Rolls-Royce Motors. Il a dévoilé son projet au Salon aéronautique de Farnborough, tenu du 16 au 22 juillet 2018 au Royaume-Uni. L’EVTOL, c’est son nom, est le concept d’un futur véhicule électrique capable de décoller et d’atterrir à la verticale, doté d’un moteur puissant qui lui assurerait son autonomie. Les premiers spécimens de cette voiture volante sont attendus pour le début de la décennie 2020.
Enfin, L’appareil « Flyer » conçu par la start-up Kitty Hawk, financée par le cofondateur de Google, Larry Page, est lui déjà disponible depuis juin en pré-commande. Selon son descriptif, «Flyer» est une sorte de voiture volante croisée avec un mini hélicoptère, aussi facile à piloter que de jouer à un jeu vidéo. Enfin, la start-up Kitty Hawk précise qu'il n'y a pas besoin de brevet de pilote pour conduire « Flyer » et, mieux, qu'il s'agit d'un engin «de loisirs».
Et comme je l’écrivais dans une précédente chronique, on n’arrête pas le progrès. Il faut bien s’en réjouir et espérer que la base des acteurs de ce progrès soit élargie et que ce ne soit pas toujours les mêmes qui caracolent en tête de l’innovation technologique. Les Africains devraient prendre toute leur part à ce bouillonnement technologique qui trace les sillons du futur de l’Humanité. Pour finir, je me permets une petite réflexion impertinente sur la durabilité de certaines innovations technologiques. Au rythme auquel nous envisageons la conquête de l’espace, n’est-ce pas que nous procédons à une simple et vaine délocalisation de nos problèmes ?
Serge de MERIDIO