Notre pays, à l’instar des autres pays du continent, a célébré, vendredi dernier 31 août, la Journée africaine de la médecine traditionnelle. L’événement a été marqué au Mali par une conférence-débat autour de deux thèmes majeurs : le rôle des tradipraticiens dans la prévention des maladies émergentes » et le « Code de déontologie et d’éthique des tradipraticiens de santé au Mali ».
L’ouverture des travaux de cette rencontre, qui ont eu lieu à l’INRSP, à Sotuba, était présidée par le conseiller technique du ministre de la Santé, le Dr Adama Barridjan Diakité, en présence du directeur général de l’INRSP, le Pr Mamadou Soungalo Traoré. On y notait également la présence du Pr Rokia Sanogo, chef département Médecine traditionnelle de l’Université des sciences techniques et de technologie de Bamako (USTTB) ; du Pr Koumaré, pionnier de la médecine traditionnelle au Mali, M. Mohamed Fall, président de la FEMATH et de nombreux professionnels.
Le directeur général de l’INRSP a souhaité la bienvenue aux participants avant de saluer la mobilisation des partenaires pour la cause la médecine traditionnelle. Aussi, M. Traoré a plaidé pour la restauration des semaines africaines de la médecine traditionnelle, dont l’impact pour la valorisation et la promotion de la médecine traditionnelle, au Mali, n’est plus à démontrer. La dernière semaine de la médecine africaine célébrée au Mali remonte, selon le patron de l’INRSP, à six ans, lorsqu’il était secrétaire général du ministère de la Santé, a soutenu.
Le président de la FEMATH, Mohamed Fall, a lui aussi plaidé pour la mobilisation des partenaires afin de rehausser davantage le niveau de notre médecine traditionnelle au grand bonheur de nos populations qui cessent de montrer leur intérêt pour cette pratique. En effet, la médecine traditionnelle, au Mali est très prisée, par les populations, pour un certain nombre de facteurs, dont le coût abordable, la proximité des tradipraticiens avec elles et même son efficacité. Il a profité de l’occasion pour saluer la grande mobilisation des professionnels avant de les inviter à mettre à profit la journée pour approfondir la réflexion sur les maux qui minent le sous-secteur.
Le Pr Rokia Sanogo, le chef de département médecine traditionnelle, a soutenu que l’Afrique avait beaucoup de potentialités en matière de médecine traditionnelle. Cette Journée africaine, qui vise à valoriser et à vulgariser ces potentialités, a été décrétée par le chef d’État africain en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a-t-elle expliqué.
Au niveau du département médecine traditionnelle au Mali où des avancées significatives sont enregistrées et saluées, ‘’nous avons une vingtaine de médicaments traditionnels améliorés’’ qui ne sont pas sur le marché, mais qui sont produits sous le contrôle des spécialistes et délivrés aux patients, a expliqué le chef département. Aujourd’hui, au regard de la proximité des populations avec les tradipraticiens, le département est dans un processus de collaboration entre la médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle. Parce que dans chaque village, fraction ou hameau, il y a de tradipraticiens qui sont connus et respectés, a-t-elle expliqué. La pyramide sanitaire commence par ces praticiens et continue dans les CSCOM, selon Rokia Sanogo. C’est pour cela qu’ils ont un rôle important aujourd’hui à jouer dans la santé de nos populations.
Dans son message, le Dr Matshidiso Moeti, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée africaine de la médecine traditionnelle, a souligné que ce thème montre la nécessité de promouvoir et de renforcer la fabrication locale, afin d’améliorer l’accès à des médicaments de qualité.
Il est essentiel, dit-il, d’accroître la fabrication locale si l’on veut atteindre la couverture sanitaire universelle et les objectifs de développement durable, y compris l’accès à des médicaments essentiels sûrs, efficaces, de bonne qualité et abordables pour tous. Cela nécessite des systèmes de réglementation robustes dans les pays, afin de se prémunir des médicaments de qualité inférieure et de s’assurer que les produits fabriqués localement et les matières premières végétales répondent aux normes internationales de qualité, d’innocuité et d’efficacité. Ces médicaments seront ainsi conformes aux critères de l’OMS pour l’enregistrement et la sélection, en vue de leur inclusion dans les listes nationales de médicaments essentiels.
Le nombre de pays dotés de politiques nationales en matière de médecine traditionnelle n’a cessé d’augmenter depuis 2000 et s’élève désormais à 40 dans la Région africaine, s’est réjoui le directeur régional. Ainsi, dix-sept pays fabriquent des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle à partir de plantes médicinales cultivées localement et 14 autorisent la commercialisation de ces produits pour le traitement de maladies transmissibles et non transmissibles prioritaires. Huit pays ont inclus ces produits dans leurs listes nationales de médicaments essentiels.
Afin de soutenir l’investissement et le transfert de technologie, l’OMS et ses partenaires ont aidé les pays à évaluer les besoins pour la fabrication locale dans la cadre du traitement de certaines maladies prioritaires. L’appui de l’OMS concerne également le renforcement des compétences et des capacités pour l’enregistrement et le contrôle qualité des produits médicaux.
« Alors que nous célébrons la Journée africaine de la médecine traditionnelle 2018, j’appelle les pays à développer les partenariats public-privé, ainsi que les investissements internes, afin d’accroître la fabrication locale, tout en respectant les normes de qualité et les systèmes qui garantissent l’innocuité des médicaments », a-t-il appelé.