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Investiture du Président Malien : C’est maintenant que l’on verra le vrai visage d’IBK
Publié le jeudi 6 septembre 2018  |  Nouveau Réveil
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie d`Investiture du président de la république
Bamako, le 4 septembre 2018 Le président réélu du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a été investi à Bamako pour un second mandat au palais de la culture
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Et de deux pour Ibrahim Boubacar Keita (IBK) ! Enfin, c’est le mardi, 4 septembre 2018, que le nouvel ancien président du Mali a prêté serment dans un contexte où sa victoire est contestée par son rival Soumaïla Cissé.

Ainsi donc, s’ouvre pour le natif de Koutiala, un second quinquennat avec de nombreux challenges. À commencer par le défi sécuritaire qui reste entier, eu égard notamment aux violences qui ont émaillé le scrutin par endroits et à l’incident dramatique du second tour qui a vu la mort d’un président de bureau de vote ; toutes choses qui constituent autant d’éléments révélateurs de la profondeur de la crise que traverse le pays depuis maintenant cinq ans. En effet, depuis l’attaque repoussée, en 2013, des djihadistes qui avaient à cœur d’y ériger un califat, le Mali n’a jamais connu véritablement la paix.

Rappelons que cette investiture du président malien, Ibrahim Boubacar Keita c’est déroulé en présence de plusieurs invités de marque. Et ce, dans la foulée de la confirmation, la veille, des résultats du scrutin du 12 Août dernier par la Cour constitutionnelle. Avec cette dernière étape, l’on peut dire que l’élection présidentielle est désormais bouclée au Mali.

Finalement, il y a eu plus de peur que de mal, quand on se rappelle les gros nuages qui s’amoncelaient dans le ciel, sur les bords du Djoliba, peu avant le scrutin. Faisant craindre une tragédie comme celle de la Côte d’Ivoire en 2010. Au bout du compte, les Maliens ont réussi à vaincre le signe indien, et c’est tout à l’honneur de la classe politique qui aura su, malgré tout, faire preuve de patriotisme et de hauteur de vue, en privilégiant les voies légales de contestation, au recours à la rue. En témoignent les requêtes du candidat de l’URD, Soumaïla Cissé, devant la Cour constitutionnelle, même s’il n’a pas eu gain de cause.

IBK est attendu au tournant

En tout état de cause, tous ces actes témoignent de la maturité de la classe politique malienne qui a montré son attachement à la paix, à travers la disposition d’esprit des principaux acteurs à inscrire leur action dans un cadre républicain. Cela est bon pour la démocratie. Il faut maintenant espérer qu’avec ce dénouement pacifique, le Mali tourne définitivement le dos à la violence électorale. Pour cela, il faudrait que les différents protagonistes dépassent le cap de l’animosité et s’illustrent en véritables adversaires et non en ennemis politiques. Toutefois, en dépit des insuffisances de son premier mandat, IBK peut s’enorgueillir d’avoir placé son pays sur le chemin de la normalisation du processus électoral, quand on voit ce qu’il en a été avec son prédécesseur ATT. Place donc au deuxième et, en principe, dernier mandat du président IBK qui entame un autre quinquennat plein de défis, tant les aspirations du peuple Malien sont loin d’avoir été entièrement satisfaites. Et c’est maintenant que l’on devrait voir le vrai visage d’IBK. Lui qui, désormais débarrassé de tout fardeau, devrait se donner les coudées franches pour travailler à marquer à jamais de son empreinte, l’histoire du Mali. En tout cas, il est attendu au tournant, aussi bien par ses alliés que par ses adversaires. Pour ses alliés de la coalition « Ensemble pour le Mali » (EPM), notamment le PASJ, il est attendu au pied du mur par rapport à la concrétisation de sa promesse de rotation et de soutien réciproque de nomination à certains postes politiques, entre son parti le RPM et le parti de l’Abeille. Quand on sait que le soutien de ce principal allié lui a permis de s’installer au palais de Koulouba , point n’est besoin de rappeler qu’IBK a contracté là une dette morale qu’il a obligation d’honorer. Car, l’Adema- PASJ s’attend logiquement à un retour d’ascenseur, du moins si la configuration de l’échiquier politique malien devait rester en l’état. Et même en cas de fusion des deux partis, le problème n’en resterait pas moins posé, pour une question d’éthique. Le président malien se voit donc quelque peu prisonnier de ce serment. IBK va-t-il respecter la parole donnée? Ne fera-t-il pas d’autres choix ? L’histoire le dira.

Mais pour l’instant, c’est son honneur qui est en jeu, d’autant plus que son allié, le Pr Tiémoko Sangaré, a, lui, joué sa partition dans le gentlemen agreement qui les lie. IBK a donc tout intérêt à se montrer à la hauteur de la confiance de son allié. Si tant est qu’il ne veuille pas se discréditer complètement aux yeux de ses compatriotes, en donnant raison à ses détracteurs qui, en la matière, doutent de sa bonne foi. Et puis, le non- respect de sa parole pourrait être préjudiciable au RPM, s’il venait à perdre la confiance d’un allié de poids comme le PASJ. Mais l’on a la faiblesse de croire que le président IBK ne franchira pas le Rubicon, surtout dans ce contexte où la classe politique malienne s’achemine petit à petit vers la condamnation de la centralisation des pouvoirs politiques qui risquent de faire, d’ici là, la honte de tous ceux qui y auraient recours.

IBK aurait tort de ne pas tenir compte des 42% de maliens qui ne sont pas allés aux urnes

Quant à ses adversaires, ils l’attendent sur les sujets qui ont fait la faiblesse du bilan de son premier mandat, notamment les questions de justice, de paix et de réconciliation nationale.IBK aura-t-il le courage de poser les actes que l’on attend de lui, en faisant répondre devant les tribunaux ceux de ses partisans qui se sont aussi rendus coupables de pires exactions ou de détournements pendant son premier quinquennat? Si c’est le prix de la réconciliation, il ne devrait pas un seul instant hésité à le payer d’autant plus qu’il est à son dernier mandat constitutionnel.

En outre, s’il veut que son nom survive à son deuxième mandat, il devra poser des actes à même de renforcer la cohésion sociale ou de poser les jalons d’une nation forte et unie. Cela passe par des actes forts, même s’ils doivent être le fruit de choix cornéliens. De ce fait, IBK aurait tort de ne pas tenir compte des 42% de maliens qui ne sont pas allés aux urnes, même si l’on ne peut pas tous les considérer comme des anti-IBK. En tout état de cause, des décisions qu’il prendra et des actes qu’il posera, l’on saura s’il veut réellement être le président de tous les maliens ou seulement celui de ceux qui lui ont accordé leur suffrage. Quant à l’opposition, elle doit tirer toutes les conséquences de son échec électoral.

Jean Pierre James

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